Les syndicats doivent se placer du côté de la population! ; Les syndicats doivent faire un appel à la vaccination auprès de leurs membres! ; Les syndicats doivent revenir à la table de négociation! ; Les syndicats ne négocient pas l’intérêt des membres! ; alouette!

Si ces phrases sonnent à nos oreilles comme de vieux slogans usés, elles n’en demeurent pas moins pratiques et efficaces pour faire porter le bonnet d’âne à d’autres. En l’occurrence, les organisations syndicales.

Les évènements de cet automne nous auront fourni quelques exemples auxquels réfléchir.

Pensons notamment à la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, qui a décrété unilatéralement de nouvelles conditions salariales pour les éducatrices des centres de la petite enfance, en marge des grèves et de la négo pourtant alors toujours en cours. Si les négociations n’avançaient pas, c’était la faute des syndicats. En attendant, pénurie oblige, il y avait urgence de bonifier les salaires des éducatrices, mais seulement des éducatrices.

Éric Gingras

Pensons aussi au report d’un mois de la date butoir pour la vaccination obligatoire du personnel de la santé, pour lequel on n’a pas manqué de mettre une partie du blâme sur le dos des organisations syndicales.

Certains sont même allés jusqu’à dire que nous étions responsables de la « victoire » des antivaccins et donc, que les organisations syndicales s’érigent contre l’intérêt général de la population.

Est-ce frustrant d’entendre les mêmes fatras de commentaires simplistes à propos des syndicats? Évidemment! Et croyez-moi, je suis le premier à avoir envie de répondre!

Mais comme le dit l’adage, mieux vaut tourner sa langue sept fois avant de parler… Se fâcher, riposter ou s’offenser, si légitime que cela soit, c’est aussi se placer en mode réaction. La plupart du temps, c’est aussi nous placer dans une situation où nous ne contrôlons pas le message. Surtout quand la réponse vient avec des nuances, comme c’était le cas avec la vaccination obligatoire.

Bref, être en réaction, ce n’est pas une stratégie. C’est jouer le jeu du gouvernement, qui cherche à tout prix à cantonner les syndicats dans un rôle d’antagonistes. Avec moi ou contre moi, mais pas question de partager la solution!

Alors comment faire du syndicalisme autrement avec un gouvernement qui fait de la vieille politique?

Je suis un syndicaliste et j’en suis fier. Et je suis loin de me reconnaitre dans l’archétype du « syndicaleux » dans lequel on tente de classer les gens qui s’impliquent dans le mouvement syndical. Je sais aussi, pour vous côtoyer tous les jours, que je suis loin d’être le seul!

Notre crédibilité et notre leadeurship comme organisations syndicales tiennent à notre capacité de promouvoir nos idées, qui sont dans l’intérêt commun justement, aux solutions et aux propositions que nous mettons de l’avant. Elles tiennent aussi à notre capacité de mobilisation. Des idées et des solutions, nous en avons. Et de très bonnes en plus! Il faut juste s’atteler à les mettre davantage de l’avant, à en parler plus et mieux.

Voilà qui doit nous servir de base de réflexion pour la prochaine négociation nationale du secteur public, qui, rappelons-le, arrivera dans moins d’un an.

L’imposition de nouvelles conditions de travail aux éducatrices en marge de la négociation du personnel des CPE, c’était une réponse aux grèves et une stratégie du gouvernement pour freiner la mobilisation. Et c’est une leçon qu’il faut retenir.

Pour faire du syndicalisme autrement, il faut sortir des sentiers battus. Être continuellement en réaction est un piège. Il faut en sortir et plutôt placer nos pions autrement. C’est une simple question de stratégie.

Ça demandera beaucoup de travail, d’introspection et surtout, de revoir nos habitudes et nos pratiques. Mais comme pour tout le reste, c’est ensemble que nous y arriverons.

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