Techniciennes en éducation spécialisée (TES), les deux intervenantes font partie de l’équipe des Services adaptés du cégep de Sherbrooke, qui accueille des étudiantes et étudiants atteints d’un handicap, d’un trouble de l’apprentissage ou ayant reçu un autre diagnostic se répercutant sur leurs études.

Dans l’équipe, des conseillères et conseillers évaluent la situation des jeunes adultes et leur proposent des moyens qui leur permettront d’avoir les mêmes chances de réussite que les autres étudiants. Par exemple, certaines personnes peuvent avoir besoin de s’isoler pour faire un examen, d’utiliser un ordinateur muni d’Antidote, de recevoir de l’aide pour la prise de notes ou d’être accompagnées d’une ou un interprète en langue des signes. Dans d’autres cas, un suivi personnalisé avec une ou un spécialiste en éducation spécialisée est suggéré.

C’est là qu’entrent en jeu les quatre TES des Services adaptés, dont font partie Catherine Goulet et Stéphanie Deschambault, qui interviennent auprès de 160 étudiantes et étudiants. « Environ 70 % de nos interventions tournent autour de l’organisation scolaire, estime Catherine Goulet. On regarde avec les étudiants comment vont leurs cours et leurs relations avec leurs profs, s’ils ont acheté leur matériel scolaire ou s’ils ont besoin d’une aide financière pour le faire. On s’assure qu’ils ont informé les profs des mesures auxquelles ils ont droit en lien avec les services adaptés. On peut aussi décortiquer avec eux leurs devoirs et leurs travaux. »

Un plan d’intervention plus global

La majorité des étudiantes et étudiants qui bénéficient d’un suivi régulier avec les TES des Services adaptés sont atteints d’un trouble du spectre de l’autisme. Leur plan d’intervention, établi de concert avec eux, va souvent au-delà des questions se rapportant à leurs études. « Le simple fait d’oser poser une question aux enseignants peut être très difficile pour ces personnes, illustre Catherine Goulet. On travaille beaucoup à les aider à y arriver. »

Les personnes intervenantes font aussi le pont entre les étudiants et le personnel enseignant. Elle cite en exemple le cas de quelqu’un qui a de la difficulté à regarder les gens dans les yeux, ce qui peut déplaire à certains profs. « Quand on leur explique que l’étudiant a le choix entre regarder la personne ou l’écouter, ils réagissent différemment. »

Le cégep est une période charnière pour ces jeunes, alors que plusieurs d’entre eux volent de leurs propres ailes pour la première fois. Selon Stéphanie Deschambault, « au primaire et au secondaire, les élèves sont très bien encadrés. Du jour au lendemain, ils doivent apprendre cette vie d’adulte : renouveler leur carte d’assurance maladie, prendre un rendez-vous chez le dentiste, s’occuper de leurs impôts, planifier leur temps, prendre en charge leurs études... Notre objectif, c’est qu’ils soient autonomes. »

Suivi personnalisé

Chaque étudiante et étudiant bénéficie d’un suivi personnalisé et participe à des rencontres régulières ou ponctuelles avec une personne TES. « Il n’y a rien de plus complexe qu’un être humain, et chaque personne est différente. Même si deux étudiants ont le même diagnostic, les moyens pour les aider seront différents », plaide Catherine Goulet. Ainsi, la personne TES peut autant s’occuper d’une étudiante en crise de panique qu’en aider une autre à réserver une salle sans distraction pour un examen.

« Dans notre local, nous avons des boules antistress et plein d’autres objets de manipulation que les étudiants peuvent venir emprunter, au besoin. Nous avons même une console Nintendo Switch, un outil parfait pour favoriser les interactions entre les jeunes! »

Les TES offrent aussi aux gens auprès de qui ils interviennent un coup de main pour qu’ils apprennent à mieux se connaitre et à comprendre leur diagnostic. Ils peuvent aussi diriger les personnes vers d’autres ressources, au cégep ou ailleurs, si le besoin s’en fait sentir.

Service essentiel

Les TES ont été une aide précieuse, entre autres, pendant la pandémie, alors que les services ont été maintenus en personne. « On avait le sentiment d’être un service essentiel, se rappelle Stéphanie Deschambault. Les étudiants tenaient encore plus à nos rencontres alors qu’on était parfois la seule personne qu’ils voyaient dans la semaine. » Les personnes éducatrices ont pu les aider à traverser la crise, par exemple en orientant celles et ceux qui avaient perdu leur emploi à la Fondation du cégep.

La plupart des jeunes ayant recours à des services adaptés au cégep de Sherbrooke ont bien réagi à la situation sanitaire. Celles et ceux pour qui les relations sociales sont particulièrement difficiles ont toutefois eu du mal avec l’isolement, constate Catherine Goulet. Certains ont eu besoin d’aide pour se concentrer pendant les cours en ligne ou pour se démêler en ce qui concerne les différents outils virtuels utilisés par les enseignantes et enseignants.

Bref, le travail des TES n’a rien de routinier, en plus d’être très stimulant. « Les jeunes adultes ont l’avenir devant eux. C’est vraiment inspirant de travailler à leurs côtés, de les amener à croire en leur capacité et de les aider à faire des choix », témoigne Stéphanie Deschambault. Mais surtout, elle et sa collègue Catherine Goulet ont l’occasion de faire une réelle différence dans le parcours de ces jeunes. De quoi nourrir leur motivation!