Les services publics ont beaucoup souffert des compressions majeures imposées durant des décennies d’austérité. Ces compressions ont mis à mal les réseaux de la santé, de l’éducation, de l’enseignement supérieur, mais aussi les secteurs communautaires et de la petite enfance. La pandémie n’a fait qu’accentuer les problèmes déjà présents.

La crise sanitaire a démontré l’écart béant qui existe entre les besoins de la population et les ressources accessibles. Dès la première vague, le manque de personnel s’est grandement fait sentir.

« Le fait que nos dirigeants aient imploré soudainement les travailleuses et les travailleurs retraités de la santé et de l’éducation de donner un coup de main à nos réseaux déjà surchargés et épuisés illustre l’ampleur des lacunes occasionnées par ces années d’austérité », affirme la présidente de la CSQ, Sonia Ethier.

Les pénuries de personnel et les conditions de travail déjà difficiles n’ont cessé de se dégrader depuis le début de la pandémie, affaiblissant ainsi les réseaux publics et, par le fait même, la société. « Plusieurs milliers de personnes en CHSLD ont d’ailleurs payé de leur vie ce laisser-aller », rappelle la présidente.

Repenser le modèle socioéconomique

La pandémie a démontré toute l’importance d’avoir des réseaux publics bien organisés et financés pour répondre efficacement à ce genre de crise.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé et le Fonds monétaire international, renforcer les services publics et les mécanismes de protection sociale crée des conditions favorables à une population en santé. Ils appellent d’ailleurs les gouvernements du monde entier à investir dans les services publics.

« [Le modèle économique] doit être repensé afin d’inclure l’ensemble des métiers des secteurs public et communautaire, de même que le personnel qui y travaille. La relance économique, ça ne passe pas exclusivement par le secteur privé! »

– Sonia Ethier, présidente de la CSQ

 Le modèle économique actuel est toutefois axé en très grande partie sur le secteur privé. « Il doit être repensé afin d’inclure l’ensemble des métiers des secteurs public et communautaire, de même que le personnel qui y travaille. La relance économique, ça ne passe pas exclusivement par le secteur privé! », affirme Sonia Ethier.

Au Québec, le secteur public compte plus d’un million de personnes salariées1. « Nous devons exiger que ces acteurs soient au centre de la reprise socioéconomique », poursuit la présidente.

Prévenir et mieux gérer les crises

La pandémie, causée par un virus d’origine animale, est l’électrochoc qui rappelle que la détérioration des écosystèmes et le dérèglement climatique mondial affectent de plus en plus sévèrement la santé des populations. Ces phénomènes ont des répercussions sur l’ensemble des systèmes politiques, sociaux et économiques.

Au cours des prochaines années, une proportion importante du personnel des services publics verra sa charge de travail augmenter en raison des impacts des changements climatiques (inondations, vagues de chaleur, froid extrême, etc.) qui pourraient exercer une forte pression sur les besoins, notamment en santé. C’est pourquoi « le gouvernement doit bâtir un modèle socioéconomique plus juste et viable qui respecte nos valeurs sociales et environnementales », dit Sonia Ethier.

Le gouvernement a les moyens

En réponse à la crise actuelle, et pour faire face à celles qui viendront, le gouvernement Legault doit réinvestir massivement dans les services publics. « Il en a les moyens, rappelle Sonia Ethier. Sa capacité de payer est le résultat de ses choix politiques. Tout est une question de priorité. »

Pour améliorer sa marge de manœuvre financière, le gouvernement peut :

  • Assurer une meilleure gestion des postes budgétaires plus onéreux, comme les couts des médicaments et la rémunération médicale;
  • Réviser la Loi sur l’équilibre budgétaire afin de modifier la définition du concept d’équilibre budgétaire, allonger le délai de retour à l’équilibre budgétaire, revoir les objectifs de réduction de la dette;
  • Cesser de renoncer à divers revenus fiscaux et de taxation.

Ajoutons que, pour chaque dollar supplémentaire investi dans les réseaux publics du Québec, le produit intérieur brut (PIB) augmente d’au moins 1,10 dollar2. Cet effet multiplicateur est de 1,25 dollar pour l’éducation et de 1,22 dollar pour la santé.

« Plus que jamais, les services publics sont socialement indispensables et économiquement profitables. Il faut exiger qu’ils soient au cœur de la relance postpandémie! », conclut Sonia Ethier.

Pour une transition et une relance justes

Au Québec, le Front commun pour la transition énergétique porte le projet Québec ZéN, auquel participe la CSQ. Cette initiative en est une de dialogue social visant à accélérer la transition du Québec vers une société « zéro émission nette ».

Pour en savoir plus : pourlatransitionenergetique.org.

Au Canada, des centaines d’organisations réclament le respect de six grands principes visant une transition et une relance justes vers une économie viable.

Pour en savoir plus : relancejuste.ca.


1 Fonction publique et parapublique québécoise, employés fédéraux travaillant au Québec, employés municipaux, employés des sociétés d’État et des universités.
2 Selon les données de Statistique Canada analysées par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).