Le référendum national visait à proposer à la population du Chili une nouvelle Constitution à l’issue des travaux de l’Assemblée constituante élue en mai 2021. Dès l’annonce du résultat, le président chilien, Gabriel Boric, a aussitôt signifié sa volonté de relancer le processus constitutionnel entamé en octobre 2020 par un plébiscite appuyé à 80 %.

La CSQ était présente lors de l’évènement afin de souligner la solidarité des organisations syndicales québécoises avec le peuple chilien. Elle s’est jointe aux délégations de nombreux pays, dont l’Uruguay, le Pérou, le Brésil, l’Argentine, le Mexique, la France, les États-Unis, la Colombie et l’Espagne.

Pour un Chili plus juste

Le 1er septembre dernier, quelques jours avant la tenue du référendum, un grand rassemblement en faveur de l’Apruebo (J’approuve) a réuni plus de 500 000 personnes à Santiago. De nombreux témoignages ont relaté les principaux évènements qui ont mené au référendum : la victoire de Gabriel Boric comme

président, le référendum sur le changement de la Constitution adopté à 80 % et l’élection d’une assemblée constituante paritaire et représentative des peuples autochtones, qui a proposé un projet de Constitution en faveur d’un Chili plus juste, digne, solidaire, écologique, communautaire, paritaire et plurinational.

Le chemin vers un Chili plus démocratique et plus juste a connu de nombreux obstacles au cours de l’histoire, impliquant parfois les armes, comme lors du coup d’État du 11 septembre 1973, et le mensonge et la désinformation, comme ce fut le cas cette fois. Avec la manipulation médiatique de la droite, l’oligarchie et les secteurs qui se sont mis au service des intérêts de celles et ceux qui figurent parmi le 1 % des personnes les plus riches du Chili ont réussi à maintenir provisoirement la Constitution imposée sous la dictature.

Malgré tout, en tant que démocrates, les progressistes chiliens ont accepté la décision de la majorité.

Campagne mensongère

La tâche des démocrates consiste maintenant à poursuivre le dialogue avec les secteurs citoyens qui ont voté pour le rejet du projet de Constitution. Parmi ceux-ci, certains ont voté sans avoir lu la proposition constitutionnelle tandis que d’autres ont succombé à la campagne médiatique de la droite basée sur le mensonge et l’intimidation.

Dans sa campagne de propagande, la droite a utilisé plusieurs articles du projet de Constitution pour faire craindre le pire aux citoyennes et citoyens. Elle s’est notamment servie de l’article prévoyant fournir un logement digne à l’ensemble de la population pour souligner le fait qu’il n’était pas mentionné le droit au logement privé. Cette situation a fait craindre à bon nombre de citoyens de perdre leur maison.

À la campagne, la droite a aussi utilisé un article sur le respect des animaux pour affirmer que les paysannes et paysans ne pourraient plus monter à cheval. Elle a aussi martelé que la reconnaissance des peuples autochtones pourrait entrainer une partition du territoire chilien. Dans un pays où le droit à l’avortement n’est reconnu qu’en cas de viol ou de risque pour la santé de la mère ou du fœtus, la droite a dénoncé la reconnaissance de ce droit.

Comme tous les médias chiliens sont contrôlés par la droite et que les partis de droite disposaient de budgets énormes pour la publicité, ils ont réussi à convaincre une majorité de la population de voter Rechazo (Je rejette). Même dans les régions les plus désertiques du Chili, où l’eau est privatisée et où la population n’en a pas suffisamment pour se laver, les gens ont voté contre le renouvèlement de la Constitution, qui prévoyait que l’accès à l’eau est un droit humain fondamental.

L’objectif de la droite était clair : maintenir la conception de l’État subsidiaire inscrite dans la Constitution imposée par Pinochet. Selon cette conception, l’État ne peut intervenir que si le secteur privé ne peut pas le faire. C’est ainsi que l’éducation, la santé, l’eau, les régimes de retraite, tout est privé. L’État ne peut offrir des services publics que si le secteur privé ne trouve pas cela rentable.

Juan-José Fernandez, président de la Fédération des syndicats de l’action collective (FSAC-CSQ), Luc Allaire, conseiller responsable des relations internationales à la CSQ et président de la Fondation Salvador-Allende de Montréal, et Anne Dionne, vice-présidente de la CSQ, étaient présents au Chili lors du référendum. Ces personnes posent en compagnie de Isabel Allende, la fille de l’ex-président Salvador Allende (3e à partir de la gauche).

Regarder vers l’avant

L’objectif des forces progressistes consiste maintenant à reprendre le processus constitutionnel adopté lors du plébiscite d’entrée le 25 octobre 2020. Alors que la rédaction d’une nouvelle Constitution a été adoptée à 80 %, il est nécessaire de poursuivre le processus pour remplacer définitivement la Constitution de la dictature.

L’espoir suscité par l’assemblée constituante en faveur d’un Chili plus juste, digne, solidaire, écologique, communautaire, paritaire et plurinational ne peut être arrêté à cause de l’instrumentalisation du mensonge et de la déformation de la vérité.

Les progressistes chiliens partagent la conviction d’être du bon côté de l’histoire et que le Chili, dans un avenir rapproché, parviendra à construire une société différente, où le néolibéralisme, qui en fait actuellement une des sociétés les plus inégalitaires de la planète, n’aura plus cette importance.