« Le décrochage scolaire des Cris et Inuits atteignait 85,2 % en 2009-2010, comparativement à 17,4 % dans le reste du Québec », souligne Ida Faries, enseignante en anglais en 6e année à l'école Waapinichikush de Chisasibi.

Si les raisons d'un tel décrochage sont multiples – elle rappelle les effets de la Loi sur les Indiens, des anciens pensionnats autochtones, de l'absence ou de la désuétude des infrastructures et des logements dans les communautés –, une autre raison explique aussi ce taux alarmant.

« Plusieurs études le confirment : le système éducatif n'est pas approprié, notamment les livres, les programmes, et le calendrier scolaire qui ne permet pas vraiment de pratiquer les activités traditionnelles. Il est essentiel que les élèves puissent apprendre leur histoire, leur culture afin d'être fiers de qui ils sont et fiers de leurs ancêtres », précise-t-elle.

« Le savoir autochtone doit être la base de notre éducation. »

Une opinion partagée par Ulaayu Pilurtuut. Elle enseigne l'Inuktitute aux enfants de 3e année à l'école Pitakallak de Kuujjuaq. Ses parents ne parlaient ni l'anglais ni le français. Elle a choisi l'enseignement parce qu'elle voulait transmettre la tradition orale apprise de ses parents et rallumer chez les jeunes la fierté d'être Inuits.

« Notre langue, c'est ce que nous sommes. En préservant notre langue, nous conservons notre identité. Il y a tellement de langues sur cette planète, la nôtre en est une. Nous ne pouvons pas la perdre », dit-elle.

Ulaayu Pilurtuut caresse un rêve : « Les Inuits devraient avoir leur propre gouvernement, utiliser l'inuktitut comme langue d'enseignement ainsi qu'édicter leurs règlements et calendrier scolaires. C'est important pour la réussite des jeunes. »

Pour sa part, Ida Faries souhaite la mise en place d'une éducation biculturelle. « Les autochtones doivent pouvoir réviser le curriculum scolaire en retenant ce qui est nécessaire du curriculum québécois et en accordant une large part à l'enseignement de notre langue, de notre histoire et de nos savoirs ancestraux. C'est essentiel », conclut-elle.


1 Ida Faries et Ulaayu Pilurtuut sont membres de l’Association des employés du Nord québécois (AENQ-CSQ).