« On ne peut pas passer sous silence l’importance du réseau collégial pour contrer la pénurie de personnel puisque c’est là qu’on forme les futurs travailleurs et travailleuses dans des domaines où la main-d’œuvre est en forte demande », affirme le président de la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ), Youri Blanchet.
« Alors qu’on parle de pénurie un peu partout, on ne veut pas que le réseau collégial soit mis de côté », renchérit le président de la CSQ, Éric Gingras. Il rappelle d’ailleurs au gouvernement que la réalisation de ses propres plans d’action sur la réussite étudiante et la santé mentale des jeunes ne peut se concrétiser sans le personnel.
Des ressources pour maintenir la qualité des services
Au collégial, lorsqu’une personne vit une situation problématique, c’est souvent avec l’aide d’un membre du personnel enseignant, de soutien ou professionnel qu’elle persévère et décroche son diplôme. C’est donc en maintenant la qualité des services offerts dans les cégeps qu’on accroitra le taux de diplomation au collégial, selon le président de la Centrale.
Youri Blanchet abonde dans le même sens. Il croit que « ça prend plus de ressources pour favoriser la réussite des étudiantes et étudiants. S’il n’y a pas assez de personnel dans le réseau, les cégeps ne peuvent fonctionner adéquatement et fournir les services auxquels la communauté étudiante est en droit de s’attendre ».
Le président de la FEC-CSQ précise qu’il est important de pouvoir compter sur suffisamment de personnel enseignant, car plusieurs étudiantes et étudiants seront affectés encore longtemps par les effets de la pandémie. « Dans plusieurs programmes, la charge de travail du personnel en place doit être revue pour rendre les classes propices à la réussite. Cela nécessite l’embauche de nouvelles personnes. »
Offrir des conditions compétitives et attrayantes
Pour attirer la relève et retenir le personnel, « l’amélioration des conditions de travail et des conditions salariales est le premier pas à franchir », affirme la présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ), Valérie Fontaine.
Les fédérations du réseau collégial réclament d’ailleurs que le gouvernement s’attaque rapidement au problème en proposant à ses travailleuses et travailleurs des conditions attrayantes et concurrentielles.
« Chez les professionnelles et professionnels des cégeps, les conditions de travail ne sont pas avantageuses quand on les compare avec ce qui est offert chez d’autres employeurs. Selon nous, ça explique en partie la pénurie de personnel vécue dans nos milieux. Nous souhaitons des engagements qui permettraient de changer les choses pour nous donner les moyens de nos ambitions sur le plan des services professionnels au collégial », assure le président de la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ), Éric Cyr.
Favoriser une véritable culture collaborative
Assurer un environnement de travail plus valorisant constitue un autre moyen d’attirer et de retenir le personnel des cégeps, d’après Valérie Fontaine. « Les personnes qui occupent les emplois du réseau collégial sont celles qui, dans le quotidien, contribuent au bon fonctionnement de nos établissements et à la réussite des étudiantes et étudiants », souligne-t-elle. Il faut donc, selon elle, favoriser des modes de gestion plus participative, où l’on reconnait leur expertise et leur autonomie. Le personnel enseignant, de soutien et professionnel doit être consulté afin de pouvoir continuer à contribuer à la bonne marche des établissements.
Éric Cyr affirme que les méthodes de gestion actuelles dans les cégeps offrent souvent peu de flexibilité et ont un effet plutôt négatif sur la rétention de personnel. « Nos membres veulent des conditions modernes et compétitives. Ils veulent qu’on reconnaisse la valeur de leurs compétences et de leur travail, mais ils veulent aussi bénéficier de plus d’autonomie professionnelle pour avoir toute la latitude nécessaire dans la réalisation de leur mandat », dit-il.
À l’aube d’une nouvelle ronde de négociations, le contexte est propice pour améliorer le réseau collégial, affirment la leadeuse et les leadeurs syndicaux. Ils souhaitent également que la prochaine ou le prochain ministre de l’Enseignement supérieur* soit une personne plus engagée, plus présente et capable de faire avancer ses dossiers au sein du Conseil des ministres.