Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a annoncé qu’il partait en voyage dans la Grosse Pomme pour s’inspirer du modèle new-yorkais en matière d’éducation publique. Plus précisément, New York a implanté un programme de maternelle 4 ans pour toutes et tous et souhaite l’étendre aux enfants de 3 ans. Notre ministre de l’Éducation se cherche un Success Story. Ce périple exploratoire n’est pas une stratégie très innovante en matière de communications publiques.

Le dossier de l’implantation mur à mur de la maternelle 4 ans est mal barré. Outre les dépassements de coûts, le modèle actuel qui est composé des services éducatifs publics à la petite enfance en centre de la petite enfance (CPE) et en milieu familial, complété par la maternelle 4 ans en milieu défavorisé, a fait ses preuves. Difficile dans ce contexte de justifier un projet qui coûtera près d’un million de dollars par classe alors que cet argent pourrait grandement bénéficier aux réseaux actuels!

Bâtir une trame narrative

C’est là que le voyage à New York du ministre Roberge entre en jeu. Soucieux de montrer que son engagement électoral est nécessaire, le ministre a besoin de raconter une histoire. Il part donc en périple au pays de l’Oncle Sam.

On ne se le cachera pas, le modèle new-yorkais fonctionne et constitue un plus en termes d’égalité des chances pour les élèves de la métropole. Le ministre de l’Éducation nous dira que New York et le Québec peuvent être comparés. Ce n’est pas vrai. Certes, New York et le Québec ont la même population, mais au-delà de cette donnée, ce serait comparer des pommes avec des cantaloups que de prétendre que les deux endroits sont semblables.

Nous avons un réseau de services éducatifs publics à tarifs réduits qui n’existe tout simplement pas au sud de la frontière. Ce réseau qui répond aux attentes de qualité des parents et qui a permis à des milliers de femmes de réintégrer le marché du travail en toute confiance n’existe pas ailleurs en Amérique du Nord.

Le ministre en profitera aussi pour vanter le modèle du New York Department of Education qui peut imposer sa volonté sans que de « vilaines » commissions scolaires ne se mettent en travers de sa route en faisant valoir l’intérêt des élèves ou en rappelant les particularités régionales de certains secteurs ou le manque de services aux élèves ou la vétusté des établissements scolaires ou le manque de locaux, etc.

L’autre histoire

Le dépistage précoce est au cœur de l’histoire que nous raconte le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ), car il justifie son projet de maternelle 4 ans mur à mur. Or, ce dépistage précoce, nous pouvons très bien le faire au sein du réseau des services de garde éducatifs publics actuel ainsi que dans les classes de maternelle 4 ans en milieu défavorisé. En réalité, nous en faisons déjà. Est-ce que nous pourrions accélérer la prise en charge des enfants par l’ajout de personnel professionnel pour répondre rapidement à leurs besoins? Certainement! Nous pourrions en faire plus et le faire mieux, en consolidant et en améliorant le réseau actuel, un réseau unique qui a fait ses preuves! Des CPE et des services éducatifs en milieu familial publics et des classes de maternelle 4 ans en milieu défavorisé, voilà un modèle qui fonctionne bien au Québec. Donnons-nous les moyens de le renforcer!