On dit que la pandémie a mis beaucoup de choses en lumière, que ce soit la fragilité de nos services publics en raison d’un sous-financement chronique, les inégalités dans l’accès aux outils numériques (et les inégalités en général!), les réseaux de distribution d’aliments, etc. Cependant, il ne faudrait pas oublier que cette crise aura aussi contribué à remettre certaines tragédies dans l’ombre. C’est le cas pour les violences faites aux femmes.
Pandémie et charge mentale
La pandémie vient, en outre, rajouter un poids de plus à la charge mentale déjà lourde des femmes. On constate un certain retour en arrière. N’oublions jamais que rien n’est acquis. Il suffit d’une crise économique, politique ou autre pour que nos droits soient remis en question. Responsables principales du foyer encore aujourd’hui, ce sont les femmes qui vivent le plus durement les contrecoups de cette crise.
Malheureusement pour elles, en termes d’accès aux soins de santé mentale, le Québec est loin d’être un modèle à suivre. Cette nouvelle détresse ne pourra que faire du tort. Il est urgent d’investir pour la peine dans les ressources en santé mentale; la ligne 211 ne suffira pas! Il faut redonner au système de santé et aux services sociaux les moyens de répondre à la demande. Il faut également garantir un financement adéquat aux organismes communautaires qui se trouvent bien souvent aux intersections entre cette détresse et d’autres problèmes vécus par les femmes.
Reprise économique, discrimination systémique
Il faudra aussi faire bien attention à la reprise économique qu’on nous prépare dans les officines gouvernementales. Une reprise toute masculine qui fait la part belle aux infrastructures physiques en ignorant complètement les infrastructures sociales que sont les services publics et où une grande majorité de la main-d’œuvre est féminine!
Rappelons que les travailleuses et travailleurs des services publics accusent un retard salarial de 16,5 % avec le reste des personnes salariées québécoises (9,2 % lorsqu’on prend en compte les avantages sociaux). Rappelons aussi que les femmes sont touchées de façon disproportionnée par les pertes d’emplois découlant de cette crise sanitaire. Rappelons que plus de 20 000 ont quitté le marché du travail depuis février dernier. Faire l’autruche face à cette réalité, c’est permettre la perpétuation d’un cycle d’appauvrissement des femmes.
Violence physique, psychologique et systémique
Le confinement et les mesures sanitaires actuelles ont intensifié certaines formes de violence. La violence domestique pèse encore plus lourdement sur les victimes qui ne peuvent plus échapper à leurs agresseurs, conjoints ou membres de la famille. La situation est exacerbée par des difficultés, voire une incapacité, à accéder aux ressources qui sont mises à mal par les mesures sanitaires, mais également par un financement inadéquat depuis fort longtemps.
La violence est aussi systémique, ce mot honni de notre premier ministre, mais qui est plus que réel pour les femmes racisées, autochtones, immigrantes, les personnes LGBTQ+, et tant d’autres. Pensons à la tragique histoire de Joyce Echaquan qui est venue nous rappeler que la discrimination existe encore bel et bien dans nos institutions, malgré les rapports, les commissions, les reportages et les scandales. Fermer les yeux n’arrangera rien.
À mi-chemin de la campagne 2020 des 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes, on se rend compte plus que jamais que la lutte est loin d’être finie. Heureusement, on peut y faire quelque chose. Comment agir concrètement? En vous rendant sur https://12joursdaction.com/fr/, en participant aux campagnes et en les partageant. Aussi simple que ça!