Il y a 10 ans, Jennyfer Layette fermait tous ses cartables d’école avant de terminer sa quatrième année du secondaire. La jeune femme de 17 ans venait d’apprendre qu’elle était enceinte. Les années suivantes, elle s’est totalement consacrée à sa famille en accueillant trois enfants en quatre ans. Puis, la vie lui a envoyé deux coups durs l’un après l’autre : une séparation et le décès subit de son fils.

Si elle a réussi à tenir le coup à l’époque, c’était pour le bien de ses filles. Et c’est exactement pour la même raison qu’elle a décidé de retourner aux études l’an dernier. « Je veux leur montrer que, peu importe l’âge, il ne faut pas lâcher, que la persévérance peut nous mener loin. Même si c’est dur, il y a des choses bien qui vont arriver avec tous les efforts qu’on met », explique-t-elle.

Être un modèle pour ses enfants

Jennyfer Layette a fait quelques incursions sur le marché du travail au cours des dernières années, notamment au service de garde d’une maison de la famille de 2014 à 2016, puis dans une usine de carton pendant 3 mois en 2019. Celle qui était retombée en amour a eu droit à un retrait préventif dès qu’elle a su qu’elle était de nouveau enceinte. L’année suivante, elle accueillait son cinquième enfant.

Après une seconde rupture en 2021, la résidente de Lanoraie a pris la décision de s’inscrire au Centre de formation de Lavaltrie afin d’obtenir son diplôme d’études secondaires. Elle souhaite ainsi acquérir son indépendance financière, mais aussi et surtout être un modèle pour ses filles, dont les deux plus grandes sont en deuxième et quatrième année du primaire. Même si elles éprouvent des difficultés scolaires, elles travaillent fort pour réussir, tout comme leur maman.

« Elles ont encore le gout d’apprendre et d’aller à l’école tous les matins, se réjouit la jeune femme. Je suis contente qu’elles aient cette énergie. Je leur répète de ne pas lâcher, qu’elles sont bonnes, qu’elles sont capables, et de donner tout ce qu’elles ont. Ça va porter fruit. »

Carburer à l’adrénaline

Celle qui a la garde exclusive de ses filles admet qu’étudier à temps plein tout en prenant soin de quatre enfants est très exigeant. Les journées sont courtes, et il y a tant de choses à faire entre les soins aux enfants, les tâches ménagères, les routines du matin et du soir, en plus de l’école pendant la journée. « Je suis toujours sur l’adrénaline, confie-t-elle. Je dois avouer que j’aime un peu ça, mais, le soir, je suis fatiguée. Quand c’est l’heure du dodo, je me dis : j’ai réussi mon défi aujourd’hui, mais il faudra recommencer demain. »

La jeune maman ne le nie pas : ça lui arrive parfois de penser à abandonner ses études. « Le chemin le plus facile serait de rester à la maison, admet-elle. Mais je sais que c’est un coup à donner. Je ne le fais pas juste pour moi. Je le fais aussi pour mes enfants, pour qu’ils aient un bel avenir. »

Une maison et des vacances à Walt Disney World

Pour persévérer, Jennyfer Layette pense au futur. « J’ai toujours rêvé d’avoir ma maison à moi », dit-elle. Après avoir décroché son diplôme d’études secondaires, elle aimerait poser sa candidature au centre de services scolaire pour devenir préposée aux élèves vivant avec un handicap. « Je veux avoir un emploi qui va me motiver, que je vais aimer et qui va me permettre de gâter mes enfants, poursuit-elle. On partira une semaine à Walt Disney World. C’est sûr que je veux les amener là-bas. On pourra passer du temps ensemble et être juste bien. »

Maman va à l’école

Selon les dernières données disponibles sur le site Web du ministère de la Famille, 22 % des familles québécoises sont monoparentales et dirigées par des femmes. Le revenu de ces mères est nettement inférieur à celui des pères qui s’occupent seuls de leurs enfants.

Dans cette optique – et parce que la scolarité de la mère représente une variable importante pour prédire le bienêtre général de l’enfant et ses résultats scolaires notamment –, l’organisme Maman va à l’école (MVE) remet chaque année des bourses à de jeunes mères de familles monoparentales afin de les encourager à poursuivre leurs études. La CSQ est l’un des principaux partenaires de cet organisme.

Au printemps 2022, 115 bourses ont été attribuées, dont une bourse de 500 $ qui a été remise à Jennyfer Layette.