Éducatrice de la première heure, Gitane Lemay1 constate une évolution dans sa pratique. Travaillant dans un CPE (centre de la petite enfance) depuis 1988, elle est bien placée pour témoigner.
Depuis cinq ans, la philosophie du jeu libre prend plus de place. « Mon rôle est d’enrichir les activités des enfants et non pas de leur imposer un cadre strict. C’est un changement important par rapport à ce qu’on faisait il y a une dizaine d’années », explique-t-elle.
Un des éléments déclencheurs pour elle a été une journée où les enfants ont sorti tous les jouets. Ils riaient aux éclats et s’inventaient des jeux. Sur le coup, Gitane Lemay est intervenue et a mis fin à l’activité.
« En arrivant le soir chez moi, je me suis profondément remise en question. Pourquoi arrêter l’activité si tous avaient du plaisir? Le lendemain, je leur ai permis de recommencer, à condition de tout ramasser par la suite », raconte-t-elle.
Malgré les avancées technologiques, les appareils électroniques se font rares au CPE Ribambelle. « Des fois, pour les sciences, mais c’est tout. Ils en ont assez à la maison. Le CPE, c’est fait pour jouer. »
Au fil des ans, des outils technologiques de rétroaction avec les parents ont été développés. Cependant, ce n’est jamais aussi efficace que le contact direct, selon elle.
Des défis pour l’avenir
La profession d’éducatrice en petite enfance est extrêmement exigeante, tant physiquement que mentalement. Pour Gitane Lemay, c’est véritablement une vocation.
« C’est important que les filles qui sortent de l’école sachent dans quoi elles s’embarquent. La règlementation est très importante, et on nous a coupé plusieurs ressources pédagogiques dans les dernières années. »
Gitane Lemay prendra sa retraite en juin. Elle se rappelle une certaine époque où les éducatrices prenaient en charge le service éducatif.
« À ce moment-là, on s’assoyait ensemble et on regardait les profits. À partir de ça, on analysait la possibilité d’augmenter nos salaires. On a bâti le CPE à bout de bras, en effectuant de multiples tâches. Aujourd’hui, notre profession bénéficie d’un cadre conventionné. C’est très différent », conclut-elle.
1 Gitane Lemay est membre du Syndicat des intervenantes en petite enfance de l’Abitibi-Témiscamingue (CSQ).