Les négociations locales entre le Syndicat de l'enseignement du Haut-Richelieu et la Commission scolaire des Hautes-Rivières, en 2014, n'ont pas été de tout repos, la partie patronale ayant été particulièrement exigeante et en grande demande de récupération. Mais jamais la présidente du syndicat, Jacinthe Côté, n'aurait pensé un seul instant recevoir une lettre de l'employeur contenant des propos diffamatoires à l'égard de son travail, de sa personne et du syndicat. C'est pourtant ce qui s'est produit. Pire encore, une copie de la missive a été rendue publique.

Rappelons les faits : selon l'employeur, le calendrier scolaire et, par le fait même, le moment de la semaine de relâche, ne représentait pas un sujet de négociation. Pourtant, c'est bien ce que prévoyait – et prévoit toujours – la convention collective nationale. Voilà pourquoi Jacinthe Côté avait obtenu un mandat si clair de ses membres. Sans négociation d'autres arrangements locaux, jamais les enseignantes et enseignants n'accepteraient une entente sur le calendrier scolaire.

Une lettre qui fait réagir

En décembre 2014, elle reçoit une lettre de l'employeur mentionnant, entre autres, qu'elle outrepassait ses fonctions et qu'elle prenait ses membres en otage. De plus, une copie de la lettre a été rendue accessible aux enseignantes et enseignants dans un grand nombre d'écoles de la commission scolaire. Jacinthe Côté décida, à ce moment, de déposer un grief pour diffamation à l'endroit de l'employeur pour défendre son intégrité et celle du syndicat.

Une décision qui apaise

En 2016, le verdict est tombé. L'arbitre, Me André G. Lavoie, a jugé que, contrairement au dire de l'employeur, la lettre ne constituait pas seulement de l'information concernant l'avancement des négociations, mais bien des propos diffamatoires à l'égard de Jacinthe Côté et du syndicat. De ce fait, ils ont eu droit à des mesures de réparation. Quant à la décision de l'arbitre, la commission scolaire a dû la rendre accessible au personnel enseignant, dans toutes ses écoles.

« Lorsqu'on ose s'en prendre ainsi au syndicat et à sa présidence, ce n'est pas rien! Il était très important, pour moi, de démontrer aux enseignants que le travail a toujours été fait avec rigueur et respect. Cela a été une période éprouvante, mais j'avais la chance d'être bien connue de mes membres, après 25 ans de syndicalisme. Si j'en avais été à un premier mandat, cela aurait été encore plus difficile, je crois. Mais il faut toujours se rappeler que nous ne sommes jamais à l'abri d'attaques. Il faut être convaincus, tenaces et surtout, ne jamais abandonner. La décision de l'arbitre – qui est tombée à point nommé alors que nous étions toujours en négociation –, a non seulement confirmé la justesse de notre lutte, mais aussi solidifié encore plus le lien de confiance entre mon syndicat et mes membres », affirme Jacinthe Côté.