Présidente du Syndicat des intervenantes en petite enfance des Laurentides, Vicky Goyette constate que les gens voient parfois son rôle de leadeuse syndicale négativement. « On me dit que je dois être une chialeuse, alors que ce n’est pas du tout le cas! C’est encore mal vu de dire qu’on s’implique dans un syndicat. »

Vicky Goyette

Elle croit d’ailleurs que cette réalité peut décourager certaines personnes de s’impliquer. Elle-même avoue qu’elle s’intéressait peu aux actions de son syndicat jusqu’à tout récemment. Ce n’est que l’an dernier, lorsque les salariées ont fait des démarches pour adhérer à la CSQ, qu’elle s’y est réellement intéressée. La présentation faite en assemblée générale l’a convaincue de se présenter au sein du comité exécutif. « J’ai eu la piqure, spontanément, et j’ai levé la main. Ce n’était pas planifié du tout! », raconte en riant l’éducatrice en poste depuis 19 ans au CPE Les petits trésors de Boisbriand.

De son côté, Josée Robichaud a reçu un accueil favorable de la part de ses proches lorsqu’elle leur a annoncé vouloir s’engager en tant que déléguée syndicale. « Avec les avancées que nous avons obtenues dans les dernières négociations, je n’ai eu que du positif », souligne la responsable d’un service éducatif en milieu familial régi et subventionné. La médiatisation de la grande solidarité des éducatrices, de leurs revendications et de leurs gains a mis en lumière l’importance du syndicalisme dans le milieu de la petite enfance.

Faire partie du changement

La possibilité de faire avancer sa profession est l’une des raisons qui motivent Vicky Goyette à s’impliquer. Au cours de sa carrière, elle a trop souvent vu le syndicat miser uniquement sur la représentation individuelle des membres. « Ce qu’on entendait, c’était que le syndicat nous représenterait jusqu’au bout, peu importe les raisons », dit-elle. Ce que les membres souhaitaient, toutefois, c’était une plus grande valorisation de la profession et de la vie professionnelle qui entoure le métier d’éducatrice.

La situation et le discours ont beaucoup changé depuis que son syndicat est affilié à la CSQ, remarque-t-elle. Le ton est plus positif, on parle davantage de valorisation de la profession que de droits individuels. « Et ça, ça attire les membres! », fait-elle valoir.

La force de la solidarité

De son côté, Josée Robichaud avoue qu’il y a quelques années, elle se décrivait davantage comme une personne propatronale. Avec le temps, elle a toutefois découvert tous les bénéfices que peut offrir un syndicat.

Josée Robichaud

Son engagement syndical a débuté un peu par hasard alors qu’elle venait de faire reconnaitre le milieu familial privé, qu’elle exploitait depuis 2008, par un bureau coordonnateur. Elle éprouvait des difficultés avec certains formulaires, et son syndicat lui a offert un service d’accompagnement, ce qui l’a motivée à s’impliquer par la suite. « Je me suis dit que si ça m’arrivait à moi, ça arrivait surement à d’autres personnes! », explique-t-elle.

Rapidement, Josée Robichaud a participé à de nombreuses activités de son syndicat local, où elle s’est sentie bien accueillie. « Ça a vraiment été super facile », dit l’intervenante en petite enfance. Quelques semaines plus tard, elle était invitée à prendre part au Camp de la relève syndicale de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ), et elle a été épatée par la force du groupe. Toute la mécanique derrière une prise de position et le souci que celle-ci soit décidée de façon démocratique ne font que l’inciter à s’engager.

Lors des prochaines rencontres organisées par son syndicat local, Josée Robichaud compte bien lever la main pour s’impliquer davantage. Les mesures de soutien pour les enfants ayant des besoins particuliers l’intéressent énormément, et elle estime que le syndicat est un excellent véhicule pour faire progresser la qualité des services offerts à ces petits.

Du travail de promotion et de communication

Vicky Goyette et Josée Robichaud s’accordent pour dire que du travail de communication reste à faire pour attirer la relève au sein des syndicats. Chaque personne peut trouver ce qui la motive à participer, par exemple la possibilité d’offrir un service personnalisé ou le fait de participer à la valorisation de la profession.

Les deux éducatrices conviennent que l’implication syndicale leur a permis de découvrir un mouvement démocratique et solidaire, dont elles font maintenant activement la promotion. « C’est un défi d’attirer de nouvelles personnes, principalement des femmes qui ont des enfants, et de les convaincre de s’impliquer alors qu’on manque de personnel, affirme Vicky Goyette. Ce qui est encourageant, cependant, c’est qu’une fois que nos membres commencent à s’impliquer, elles demeurent longtemps dans la structure syndicale. »