Les travailleuses et travailleurs de la Société des alcools du Québec (SAQ) exercent aujourd’hui leur quatrième journée de grève en réponse à l’intransigeance de leurs patrons à la table de négociation. Déjà, on entend les commentateurs s’époumoner contre ce mouvement de grève : « enfants gâtés », « prise d’otage », et j’en passe!

Pourtant, les demandes des travailleuses et travailleurs de la SAQ sont loin d’être exagérées. En fait, c’est plutôt la SAQ qui provoque ce conflit. Pourquoi? Tout simplement parce qu’elle oublie, dans ses demandes, que ses travailleuses et travailleurs[1] sont aussi des êtres humains et non pas de simples rouages sur une chaîne de montage.

Des demandes patronales familières

Les demandes des patrons de la SAQ seront familières pour les travailleuses et travailleurs du secteur public, surtout celles et ceux qui travaillent dans le secteur de la santé et des services sociaux et de l’éducation. On y retrouve la « flexibilité » dans l’attribution des horaires, le travail obligatoire les fins de semaine, des mesures qui accroîtront la précarité des travailleuses et travailleurs à temps partiel, etc.

À quoi bon gagner 18 $ l’heure quand on ne peut travailler que 10 ou 12 heures par semaine, voire moins? Si on ajoute à cela l’impossibilité d’avoir un horaire stable, avoir un deuxième emploi devient tout simplement irréaliste. Dans ces conditions, il est plus que normal que le syndicat se braque contre cette demande!

Rappelons aussi que l’obtention d’un poste régulier à la SAQ prend environ 15 ans, période pendant laquelle les travailleuses et travailleurs ne bénéficient pas d’avantages sociaux. Une situation bien trop familière pour le personnel de l’éducation au Québec et une tendance qui devrait s’inverser, pas se perpétuer!

«N’est-il pas normal pour des travailleuses et travailleurs permanents à temps plein de vouloir passer du temps avec leur famille la fin de semaine?»

Conciliation famille-travail

N’est-il pas normal pour des travailleuses et travailleurs permanents à temps plein de vouloir passer du temps avec leur famille la fin de semaine? À voir les demandes des dirigeants de la SAQ[2], leurs travailleuses et travailleurs devraient pouvoir être déplacés sur le calendrier comme de vulgaires pions sur le plateau d’un jeu de société. La conciliation famille-travail est vue par ces patrons comme un obstacle à la rentabilité.

Une situation qui n’est pas sans rappeler les demandes auxquelles fait face le personnel infirmier dans les centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS). On dirait que les patrons du Québec ont tous assisté au même séminaire de gestion!

Lutte de classe

En ce sens, le combat des travailleuses et travailleurs de la SAQ est le combat de l’ensemble des travailleuses et travailleurs du Québec. Les patrons de la SAQ doivent impérativement mettre de l’eau dans leur vin et les autres gestionnaires du secteur public devraient prendre des notes.

Les travailleuses et travailleurs de la SAQ, comme celles et ceux de l’ensemble du secteur public ont droit à la stabilité, au respect et, surtout, de ne plus vivre dans la précarité d’emploi. C’est une simple question de bonne gestion.

 

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[1]     Les travailleuses et travailleurs de la SAQ ont permis à la société d’État de faire des ventes de 3,3 milliards de dollars l’an dernier, une hausse de 4 % par rapport à l’année précédente.
[2]     Le PDG de la SAQ, Alain Brunet, gagnait 448 159 $ en 2017, une hausse de près de 100 000 $ par rapport à ce que gagnait son prédécesseur en 2012!