Soigner, accompagner, enseigner, écouter : des gestes essentiels, mais un travail encore trop souvent invisible et sous-évalué. Derrière chaque métier du prendre soin et de l’accompagnement (care, en anglais) se cache une réalité profondément inégalitaire : celle d’un monde du travail marqué par une division entre les sexes, où les femmes occupent la grande majorité de ces emplois. On justifie souvent cette répartition par des aptitudes dites « naturelles » chez les femmes, une idée qui relève davantage de la naturalisation des compétences que de faits réels.
Le balado Fait avec soin vous invite à plonger au cœur de ces professions pour mieux comprendre les réalités des personnes qui les exercent (en majorité des femmes), à déconstruire les stéréotypes sociaux qui les entourent et à mettre en lumière les mécanismes qui entretiennent leur sous-valorisation.
Les métiers du prendre soin et de l’accompagnement
Un peu d’histoire
Savez-vous vraiment ce qui se cache derrière les métiers du prendre soin et de l’accompagnement (mieux connus sous le nom de métiers du care)?
Pour mieux comprendre ces métiers, que nous percevons souvent comme des vocations, et apprendre d’où ils viennent ainsi que pourquoi ils sont si peu valorisés, rien de tel qu’un regard sur l’histoire.
C’est ce que propose ce premier épisode, à travers un entretien avec Camille Robert, historienne, chargée de cours à l’Université du Québec à Montréal et chercheuse postdoctorale à l’Université Concordia.
Des spécialistes du terrain prennent aussi la parole, dont Amélie Lemay, enseignante au département d’éducation à l’enfance au Cégep de Drummondville, et Claudine Blouin, orthophoniste au Centre de services scolaire de la Capitale.
Qui prend soin de qui?
Une division inégalitaire du monde du travail
Quand on regarde de près les statistiques du marché du travail, une réalité saute aux yeux : les femmes sont majoritaires dans certains secteurs, comme la santé et l’éducation, alors que les hommes dominent dans des domaines comme la construction, le transport et l’entreposage.
On pourrait croire que cette répartition reflète simplement des choix individuels de chacun, mais plusieurs facteurs sociaux aident à comprendre ce qui façonne réellement ces décisions.
Ce deuxième épisode brosse un portrait clair du monde du travail actuel et explore l’influence des stéréotypes et de la socialisation de genre sur les choix professionnels. Pour en discuter, nous avons rencontré Isabelle Plante, professeure au Département de didactique de l’Université du Québec à Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les différences de genre à l’école.
Des spécialistes du terrain prennent aussi la parole pour parler de leur réalité : Mélanie Déziel-Proulx, technicienne en éducation spécialisée à l’école de la Colline en Outaouais, et Ginette Bibeau, conseillère en intégration sociale pour le service soutien aux familles à l’organisme Promis.
Faire l’impossible tous les jours
Le travail invisible
Chaque jour, des milliers de personnes accomplissent des tâches essentielles qui échappent aux indicateurs économiques, qu’il s’agisse de travail rémunéré ou non.
Dans le contexte où les familles québécoises font toujours face à un partage inégal des tâches liées aux soins des enfants et de la famille, des mesures de conciliation s’avèrent nécessaires pour favoriser la conciliation des divers rôles et la participation des femmes au marché du travail.
Ce troisième épisode explore ces enjeux à travers les entretiens avec Emna Braham, présidente-directrice générale à l’Institut du Québec, Dalia Gesualdi-Fecteau, professeur en droit du travail à l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal, et Mélanie Lefrançois, professeure en santé et sécurité du travail à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal.
Vous aurez également l’occasion d’entendre plusieurs spécialistes du terrain, dont Marie-Lise Favreau, aide pédagogique individuelle au Cégep de Sherbrooke, et Marina Beaudoin, enseignante en première année du primaire.
De la vocation au joug de la performance
Quand l’organisation du travail manque sa cible
Le propre des emplois du prendre soin et de l’accompagnement est de travailler avec une grande diversité d’êtres d’humains, de les soutenir et de les soigner à différentes étapes de leur vie.
Or, on cherche de plus en plus à rentabiliser les soins et l’accompagnement. On tente d’identifier ce qui est « superflu », alors que ce superflu se trouve souvent dans les liens et les relations nécessaires pour établir une réelle confiance, un élément essentiel pour bien accomplir le travail.
Ce quatrième épisode, à travers les entretiens avec Yves Hallée, professeur titulaire au Département des relations industrielles de la Faculté des sciences sociales à l’Université Laval, et Angelo Soares, professeur titulaire au Département d’organisation et de ressources humaines à l’Université du Québec à Montréal, nous permettra de mieux comprendre l’incidence de ces modèles d’organisation du travail et de reconnaître l’invisible qui est au cœur des emplois du prendre soin et de l’accompagnement.
Nous aurons également l’opportunité d’entendre des spécialistes du terrain, notamment Lisa Boudreau, responsable d’un service éducatif en milieu familial à Mont-Joli, et Manon Labrecque, enseignante d’histoire en 4e secondaire au Collège Letendre.
Reconnaître la réelle valeur de ces emplois
L’économie du care et l’équité salariale
Des écarts salariaux persistent au Québec, malgré l’adoption de la Loi sur l’équité salariale en 1996. Le travail invisible accompli au quotidien par les personnes œuvrant dans les milieux du prendre soin et de l’accompagnement contribue à ces écarts : comment rémunérer adéquatement ce que l’on ne voit pas, que l’on ne reconnaît pas?
À travers les entretiens avec Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l’Institut de recherches et d’information socioéconomique (IRIS), et Naïma Hamrouni, professeure de philosophie à l’Université du Québec à Trois-Rivières et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éthique féministe, nous tenterons d’éclairer ces enjeux.
Cet épisode donne aussi la parole à nos spécialistes du terrain : Colleen Gaspirc, technicienne en éducation spécialisée au Collège Dawson, et Peggy Savard, infirmière en santé sexuelle et planification des naissances.
Pour une société du prendre soin
Après avoir exploré les enjeux qui contribuent à la sous-valorisation des emplois du prendre soin et de l’accompagnement, une question s’impose : que fait-on maintenant?
À travers les témoignages de nos spécialistes, cet épisode propose des pistes concrètes pour bâtir une société qui donnerait aux emplois du prendre soin et de l’accompagnement la place qui leur revient, une société qui remettrait l’humain au cœur de ses actions.
Cette initiative est soutenue par le gouvernement du Québec/Secrétariat à la condition féminine.
