Éducation, Société
Violence : « La tolérance zéro doit être appliquée! »
10 octobre 2023
Les situations de violence à l’école, et plus précisément envers le personnel scolaire, sont devenues si fréquentes depuis quelques années qu’elles sont malheureusement de plus en plus banalisées par le milieu scolaire, affirme le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Éric Gingras, qui ajoute que la tolérance zéro devrait être appliquée.
À la suite de la médiatisation récente de deux cas d’agression dans des écoles de Laval et de Saint-Jean-sur-Richelieu, Éric Gingras a été interpelé par plusieurs médias au sujet de la recrudescence de la violence en milieu scolaire, un dossier prioritaire sur lequel travaille la Centrale depuis plusieurs mois déjà.
Des chiffres qui ne surprennent malheureusement pas
Interrogé par La Presse, le leadeur syndical dit ne pas être surpris devant les chiffres obtenus par ce média auprès de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) concernant le nombre de lésions professionnelles et psychologiques attribuables à la violence dans les écoles.
Les données recueillies démontrent l’existence d’une recrudescence de 64 % des lésions liées à la violence à l’égard du personnel enseignant entre 2018 et 2022, et de 104 % à l’égard des éducatrices et éducateurs spécialisés, des éducatrices et éducateurs en petite enfance et des travailleuses et travailleurs sociaux.
> Lisez l’article de La Presse
« Les réclamations à la CNESST, ce n’est que la pointe de l’iceberg », indique Éric Gingras dans une entrevue accordée au Téléjournal 18 h de Radio-Canada. Selon lui, les chiffres ne représentent que les cas les plus graves, mais « il ne faut pas négliger certains gestes posés au quotidien, comme les morsures ou les chaises lancées » qui peuvent aussi avoir des répercussions sur les plans physique et psychologique chez le personnel scolaire.
> Écoutez l’entrevue au Téléjournal 18 h à Radio-Canada
« Il faut cesser de banaliser »
Au Téléjournal 18 h, le président de la CSQ explique qu’au primaire, le personnel est davantage exposé à de la violence physique, tandis qu’au secondaire, « c’est davantage de la violence verbale ». L’une ou l’autre ne doit cependant plus être tolérée, selon lui.
Il ajoute que le personnel subit si fréquemment de la violence au quotidien, que celle-ci est bien souvent banalisée. « Si un jeune mord, par exemple, on a tendance à se dire que c’est parce qu’il est jeune, qu’il était en crise, et on n’appelle pas les parents », déplore-t-il.
« Des politiques, des codes de vie et des règlements, il y en a plein, mais ils ne sont pas suivis ni respectés. On n’arrive pas jusqu’à l’application de conséquences parce qu’on trouve des excuses », dit Éric Gingras, qui ajoute que « banaliser la violence ne fait qu’exacerber les problèmes dans nos milieux ».
Manque de personnel ou de volonté?
L’augmentation des cas de violence est-elle due à un manque de ressources ou de volonté? En entrevue à Noovo Info, le président explique qu’il « faut effectivement contrer la pénurie de personnel parce que, lorsqu’il manque de services ou d’intervenantes et d’intervenants qualifiés, c’est ce qui se produit malheureusement. Il faut aussi que ce soit tolérance zéro et que tous les acteurs de la société se mobilisent, qu’ils soient profs, intervenantes ou intervenants, membres des directions d’établissement ou de centres de services scolaires, pour dire qu’on ne tolère pas les actes de violence, quels qu’ils soient, et envoyer un message clair à travers le Québec ».
> Écoutez l’entrevue à Noovo Info
Au début de 2023, en conférence de presse, la CSQ lançait un appel à toutes les forces de la société québécoise pour faire front commun contre la violence et déployer une action collective regroupant les réseaux scolaires et communautaires, les milieux publics et privés ainsi que les intervenantes et intervenants politiques pour mettre fin à la problématique de la violence, qui touche l’ensemble de la société.
> Écoutez la conférence de presse de la CSQ
Déjà, en 2021, la CSQ réclamait une tolérance zéro en matière de violence à l’école. Dans une lettre ouverte publiée dans le Journal de Montréal, la Centrale et ses fédérations du réseau scolaire affirmaient que « nous avons collectivement la responsabilité de ne pas fermer les yeux » pour que, en aucun cas, « ces situations se répètent et perdurent en silence ».
> Lisez la lettre ouverte dans le Journal de Montréal
« Malheureusement, on parle de violence seulement quand des évènements méritent du temps d’antenne et font les manchettes », déplore Éric Gingras dans un des épisodes du balado Prendre les devants.
> Écoutez l’épisode 3 de la saison 1 de Prendre les devants