Santé

Une « Top Gun » du privé à la tête de Santé Québec

30 avril 2024

Celles et ceux qui s’attendaient à une vision sociale et humaine à la tête de Santé Québec ne dormiront pas tranquille ce soir puisque le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé a finalement trouvé celle qui sera sa « Top Gun ». Ce sera Geneviève Biron, anciennement à la tête de Biron Groupe Santé, une entreprise spécialisée dans les services privés d’imagerie médicale, de tests en laboratoire et de soins du sommeil, qui prendra le contrôle de la nouvelle agence créée par le gouvernement Legault.

Une nomination, de nombreuses questions

Pour Luc Beauregard, secrétaire-trésorier de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), cette nomination soulève de nombreuses interrogations : « Mme Biron sera à la tête d’un réseau qui compte plus de 330 000 travailleuses et travailleurs, on ne peut pas gérer un réseau public comme on administre une entreprise privée, avec les mêmes objectifs de rentabilité et de performance. »

Même son de cloche du côté de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), affiliée à la CSQ, qui se demande comment l’influence manifeste du privé pourra coexister avec le rôle social de l’État, qui est d’assurer un réel accès équitable aux services de santé, notamment pour les personnes les plus vulnérables. L’intention d’améliorer l’offre de services en combinant les établissements publics et les partenaires privés fait craindre une approche morcelée de la prise en charge des patients.

La confiance se bâtit par l’écoute

Point positif, Mme Biron a exprimé sa volonté d’aller à la rencontre des équipes du réseau de la santé. Cependant, pour réellement rebâtir la confiance, « considérant les atteintes importantes aux relations de travail dans la foulée de la création de Santé Québec, nous estimons que la nouvelle PDG devra aussi aller à la rencontre des partenaires du réseau pour éclaircir ces dossiers qui génèrent mécontentement, instabilité et frustrations sur le terrain. Dans le contexte actuel, être à l’écoute des acteurs du réseau nous apparait être essentiel », souligne Isabelle Dumaine, présidente de la FSQ-CSQ.

Une réforme imposée sous bâillon

La « réforme Dubé » a été imposée de façon antidémocratique par un ministre qui a fait fi des oppositions citoyennes et des cris d’alarme répétés des acteurs du milieu mettant en garde contre la place grandissante du privé, au détriment de l’équité du réseau.