Sept-Îles, le 2 mai 2022. – « Ce qui se passe au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord est extrêmement inquiétant. La direction et les gestionnaires ont perdu le contrôle et nous mènent en droite ligne vers un mur. Ce qui se passe est dangereux, car cela pourrait entraîner des coupes de services pour la population, notamment dans les localités plus éloignées et dans les services plus spécialisés. »
La présidente du Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ-CSQ), Nathalie Savard, réagit ainsi aux articles parus en fin de semaine dernière dans le journal La Presse portant sur le recours hors de contrôle à la main-d’œuvre indépendante (MOI) au CISSS de la Côte-Nord.
« Quand c’est rendu que ce sont les membres de la direction eux-mêmes qui font rapport, dans les médias, de leur gestion déficiente, ça démontre à quel point ça va mal. Le CISSS se dirige vers un déficit de 65 millions de dollars, largement attribuable au recours à la main-d’œuvre indépendante, sous prétexte qu’on manque de personnel alors qu’en même temps, la direction a supprimé 140 postes d’infirmières et d’infirmières auxiliaires au cours des deux dernières années. On élimine les postes dans notre réseau public et on dépense des dizaines de millions de l’argent public pour engraisser les agences privées. C’est totalement absurde », dénonce Nathalie Savard.
Dépenses sans compter pour le privé au détriment du public
Cette dernière enfonce le clou de la mauvaise gestion en rappelant qu’on embauche sans aucune gêne le personnel des agences privées, qui coûte trois fois plus cher que leurs collègues du secteur public. « Et c’est sans compter qu’on ouvre si grande la porte à la MOI qu’il y a des départements où l’on se retrouve en surplus de personnel du privé et on les tolère sous prétexte qu’il faut respecter les contrats signés avec les agences. Pendant ce temps-là, on coupe les primes des dernières années et on impose des conditions de travail inhumaines aux infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de notre réseau public », explique la présidente du SIISNEQ-CSQ.
Une incompétence qui profite au privé
Nathalie Savard ajoute que, si l’on voulait faire mourir notre système public de santé pour justifier l’instauration toujours plus grande d’un système privé, on ne s’y prendrait pas autrement. « Une telle incompétence de la direction et des gestionnaires dans la région comme à Québec est si flagrante qu’on se demande s’ils ne font pas exprès de prendre autant de mauvaises décisions à la fois. »
Quand le privé mène ultimement à des pertes de services
Pour sa part, la présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), Isabelle Dumaine, réclame dès maintenant la mise sur pied, pour la région de la Côte-Nord, d’un groupe de travail paritaire pour identifier et mettre en œuvre rapidement des solutions collectives équitables.
« La vraie question que le CISSS de la Côte-Nord ne veut pas se poser est celle-ci : pourquoi on ne réussit pas à garder notre personnel? On préfère couper des services. Ce qu’il faut, c’est rebâtir des structures de postes plus humaines, comme cela existait avant la réforme Barrette; à une époque où la collaboration avec les syndicats était réelle et plus sincère. Aujourd’hui, les décisions sont prises unilatéralement par des personnes dans des bureaux qui ne connaissent pas la réalité de nos milieux de travail et imposées ensuite sans consultation du personnel. Cela ne fait que nous enfoncer plus profondément dans la désorganisation. Ces gens ne réalisent pas que le privé en santé est ultimement synonyme de pertes de services essentiels pour les régions comme la Côte-Nord », constate Isabelle Dumaine.
Équité réclamée pour le personnel du réseau public
La leader syndicale mentionne que ce n’est pas en privilégiant des solutions individuelles telles que l’autogestion des horaires, comme le propose le ministre Christian Dubé, que nous pourrons corriger de façon durable les sérieuses problématiques de notre réseau public de santé. « Nous invitons le ministre à se doter d’une vision d’ensemble équitable pour le personnel du réseau public, ce qui n’est pas le cas présentement », conclut la présidente de la FSQ-CSQ.