Travail
Une large coalition réclame un changement de cap
24 octobre 2012
Montréal, 24 octobre 2012. – Les changements apportés par les conservateurs au régime d’assurance-emploi affaibliront les régions du Québec et appauvriront davantage les travailleuses et les travailleurs les plus précaires. Une coalition réunissant des organismes de défense des droits des chômeuses et des chômeurs et des organisations syndicales se mobilise depuis plusieurs mois contre cette réforme et prépare une importante manifestation qui se tiendra, ce samedi 27 octobre, à Thetford Mines, dans la circonscription du ministre de l’Industrie et lieutenant politique du Premier ministre pour le Québec, Christian Paradis.
« Les conservateurs procèdent, par idéologie, à une réforme qui non seulement ne répond pas aux besoins des chômeuses et des chômeurs, mais en plus nuira fortement aux économies régionales », explique la coordonnatrice du Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE), Marie-Hélène Arruda. Les changements apportés par les conservateurs auront pour conséquence de limiter l’accès à l’assurance-emploi pour plusieurs. Par exemple, ils forceront des travailleuses et des travailleurs à accepter un travail à des conditions bien inférieures à celles qu’ils avaient avant la perte de leur emploi. « Cet automne, le gouvernement doit définir, par règlement, ce qu’est un emploi convenable, c’est-à-dire un poste qu’une personne sans-emploi ne peut pas refuser sous peine de perdre ses prestations. Nous serons extrêmement vigilants sur ce point, car les enjeux sont majeurs. »
Les organisations rappellent que le gouvernement fédéral est d’autant plus mal avisé de procéder à de tels changements qu’il ne verse pas un sou au programme financé exclusivement par les travailleuses, les travailleurs et leurs employeurs. De plus, cette décision unilatérale d’Ottawa aura des répercussions pour le Québec, ne serait-ce que parce que davantage de chômeuses et de chômeurs devront avoir recours à l’aide sociale.
Une réforme qui génère pauvreté et exclusion
Pour le secrétaire général de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Daniel Boyer, les conservateurs ratent complètement la cible s’ils croient vraiment que leurs changements diminueront le nombre de chômeuses et de chômeurs. « Pour diminuer le chômage, il faut adopter des politiques qui vont dans le sens d’un renforcement des économies régionales, d’une bonification du pouvoir d’achat des salarié-es et de la redistribution des richesses. La réforme fait tout le contraire : elle créera plus de pauvreté et d’exclusion. L’esprit du programme d’assurance-emploi, c’est d’amoindrir pour les salarié-es les impacts négatifs des cycles économiques, des situations sur lesquelles ils n’ont aucune emprise. Les conservateurs bafouent ce principe ».
Du côté de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), on recueille depuis plusieurs mois des lettres d’appui pour faire reculer les conservateurs. « Dans toutes les régions, les municipalités, les MRC et les organismes de développement économique signent actuellement des déclarations demandant au gouvernement conservateur de revenir sur ces mesures unilatérales et de consulter les provinces sur de tels changements, explique le vice-président de la CSN, Jean Lacharité. La réforme conservatrice touche de plein fouet les économies régionales en tirant les salaires vers le bas de façon générale et elle encourage l’exode de la main-d’œuvre ».
Perte d’expertise
La crainte de perdre des employé-es expérimentés forcés de trouver de l’emploi dans d’autres domaines ou dans d’autres régions est bien réelle pour plusieurs entreprises, par exemple dans les secteurs du tourisme ou de la foresterie.
Même dans certains services gouvernementaux de nature plus saisonnière on craint que ces changements accentuent des problèmes de main-d’œuvre. « Il y a, dans certains ministères, au Québec, des gens qui se retrouvent au chômage chaque année, à une période donnée parce qu’il n’y a pas de travail. C’est le cas par exemple à la SEPAQ, rappelle le vice-président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), André Godbout. Il y a un risque réel d’une perte d’expertise, parce que si ces personnes qualifiées ne peuvent plus compter sur l’assurance-emploi, plusieurs n’auront d’autre choix que de quitter leur région pour trouver un travail plus stable. »
Le même genre de phénomène a de fortes chances de se produire aussi dans des secteurs où l’entrée des jeunes sur le marché du travail commence souvent par quelques années de précarité. « En éducation, par exemple, de jeunes diplômé-es n’ayant pas encore d’emploi stable pourraient être forcés d’accepter des emplois se trouvant dans des domaines totalement étrangers à leur formation, enchaîne le secrétaire-trésorier de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Daniel.B. Lafrenière. Cette main-d’œuvre qualifiée risque donc avec le temps de déserter complètement la profession pour laquelle elle a été formée. »
Une étape dans la mobilisation
« La manifestation du 27 octobre ne sera pas l’aboutissement de notre mobilisation : elle en marque une étape importante, mais nous entendons prendre tous les moyens nécessaires pour obtenir un changement de cap de la part du gouvernement, assure le vice-président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), Claude Faucher. C’est un vaste mouvement social qui est en marche partout au Canada. Il est inacceptable que ce gouvernement s’entête dans cette réforme, à l’encontre de l’avis des experts, des syndicats, des organismes économiques et même de plusieurs provinces comme le Québec et celles des Maritimes qui réclament une véritable consultation à ce sujet. »
À propos
Le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE) regroupe différentes associations de personnes sans-emploi, partout au Québec. Ensemble, la FTQ, la CSN, la CSQ, la CSD et le SFPQ représentent plus de 1,2 millions de travailleuses et de travailleurs, principalement au Québec.