Négociation

420 000 travailleuses et travailleurs en grève!

21 novembre 2023

Devant les écoles, les cégeps, les hôpitaux et autres établissements scolaires et de santé, des centaines de milliers de grévistes des secteurs de la santé, de l’éducation et du collégial, de partout au Québec, se sont tenus debout sur les lignes de piquetage le 21 novembre, lors de la première des trois journées de grève prévues par le Front commun. 

Des conditions d’exercice et d’apprentissage indissociables

Cent-mille enseignantes et enseignants membres de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) et de l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ-QPAT), membres du Front commun, étaient présents sur les lignes de piquetage un peu partout à travers le Québec afin de réclamer de meilleures conditions de travail, qui sont d’ailleurs indissociables des conditions d’apprentissage des élèves, selon la FSE-CSQ.

La présidente de la FSE-CSQ, Josée Scalabrini. (Photo : Louis-Jérôme Doran)

Les enseignantes et enseignants réclament de meilleures conditions salariales, mais également un allègement de la tâche et une amélioration de la composition de la classe. « Des classes plus équilibrées, avec moins d’élèves en difficulté, ça donne de l’air autant aux profs qu’aux élèves », a dit la présidente de la FSE-CSQ, Josée Scalabrini, en point de presse. Elle a rappelé, par le fait même, que les demandes syndicales sont accompagnées d’un plan de déploiement dans le temps justement élaboré pour tenir compte de la pénurie de main-d’œuvre. 

Debout pour la survie des services aux élèves

Devant l’Assemblée nationale, à Québec, c’est près de 1 000 personnes de membres du réseau scolaire qui se sont donné rendez-vous en ce jour de grève pour lancer un message clair au gouvernement : le personnel de soutien scolaire et le personnel professionnel de l’éducation sont prêts à se tenir debout pour que leurs conditions de travail et salariales s’améliorent substantiellement. « Il en va de la survie des services offerts aux élèves partout au Québec », ont dit les présidents de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), Éric Pronovost, et de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), Jacques Landry.

Le président de la FPPE-CSQ, Jacques Landry, et le président de la FPSS-CSQ, Éric Pronovost. (Photo: Pascal Ratthé)

« On a encore sept personnes sur dix qui n’ont pas de poste à temps complet, il faut rendre les postes plus attrayants pour que les personnes décident de travailler en éducation et d’y rester », a dit Éric Pronovost. Selon lui, pour améliorer l’attraction et la rétention du personnel, « il faut des gestes concrets ainsi qu’une écoute active de la part du gouvernement ».

Pour Jacques Landry, la pénurie de personnel professionnel est déjà intenable dans les milieux scolaires. « C’est à contrecœur que nous faisons la grève, mais si les membres perturbent les services aux élèves aujourd’hui, c’est pour éviter qu’ils se détériorent dans l’avenir », a-t-il déclaré. Il a ajouté que plusieurs professionnels « attendent l’issue de la négociation pour prendre une décision à savoir s’ils restent ou s’ils quittent » le réseau public.

Solidaires pour l’avenir du réseau collégial

Réunis devant le cégep du Vieux Montréal, les porte-paroles des organisations syndicales membres du Front commun, représentant la quasi-totalité du personnel enseignant, de soutien et professionnel du réseau collégial public, ont profité de ce rassemblement pour rappeler au gouvernement Legault qu’« ils sont prêts à négocier » et qu’ils apportent des solutions à leur table respective depuis plus d’un an. « Mais nous nous trouvons devant un gouvernement plus enclin aux annonces publiques qu’à une réelle négociation », ont-ils fait savoir.

Le président de la FEC-CSQ, Youri Blanchet. (Photo: Alexandre Claude)

Au collégial, la complexification et l’alourdissement de la tâche, le développement de l’enseignement à distance, la formation continue et la précarité permanente constituent des enjeux majeurs relevés par les profs de cégep et sont bien connus par la partie patronale. « Pour assurer la pérennité du modèle unique qu’est le réseau collégial, il faut améliorer les conditions de travail du personnel qui y œuvre. Celles-ci s’avèrent garantes de la persévérance ainsi que de la réussite de la population étudiante », a dit le président de la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ), Youri Blanchet.

 

 

La présidente de la FPSES-CSQ, Valérie Fontaine. (Photo: Alexandre Claude)

Du côté du personnel de soutien, on affirme que la pénurie de main-d’œuvre touche certaines classes d’emploi plus que d’autres. « C’est pourquoi nous réclamons l’amélioration des conditions de travail spécifiques à ces classes. Le Conseil du trésor doit donner des mandats à ses représentants afin de nous permettre d’avancer et de régler les problèmes identifiés », a souligné, pour sa part, la présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ), Valérie Fontaine.

 

 

 

Le président de la FPPC-CSQ, Éric Cyr. (Photo: Alexandre Claude)

Malheureusement, rien dans les offres proposées par le gouvernement jusqu’à maintenant ne permet de régler la pénurie de main-d’œuvre ni d’attirer ou de retenir le personnel du réseau collégial. « Il faut absolument améliorer les conditions de travail du personnel professionnel afin d’atténuer l’exode, car actuellement nos membres partent vers les universités, le fédéral, le municipal et le secteur privé », a rappelé le président de la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ), Éric Cyr.

Pour mettre fin à l’exode du personnel, il y a urgence de négocier, selon les organisations syndicales, qui demandent au gouvernement de s’assoir aux tables avec la réelle volonté de faire avancer les discussions. 

« Il faut débloquer les négociations »

Les porte-paroles des organisations syndicales membres du Front commun représentant le personnel du réseau de la santé et des services sociaux se sont également adressés aux médias le 21 novembre.

La présidente de la FSQ-CSQ, Isabelle Dumaine. (Photo: Alexandre Claude)

La présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), Isabelle Dumaine, a dénoncé le fait que « les pourparlers font du surplace depuis des mois aux tables de négociation », bien que le gouvernement martèle que l’organisation du travail est sa priorité.

« C’est important de dire que, en plus de ne pas négocier, ce que le gouvernement propose présentement au personnel de la santé et des services sociaux, c’est un recul de leurs conditions de travail », a déclaré la présidente.