Montréal, le 14 mars 2022. – Pour la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), beaucoup de questions sont soulevées à la suite des annonces faites aujourd’hui par le ministre de l’Éducation concernant la recherche et le développement de l’intelligence numérique en éducation.
« Évidemment, tout le monde sait bien que d’obtenir des informations du ministère de l’Éducation, c’est un véritable parcours du combattant! Nous sommes pleinement conscients de la nécessité de prendre le virage qui a été présenté. L’idée n’est pas de s’y opposer, mais bien de s’assurer que ce soit fait correctement. Et à la lumière des différents éléments déployés aujourd’hui, nous avons plusieurs questionnements et certaines craintes », de réagir, à chaud, le président de la CSQ, Éric Gingras.
Pour la Centrale, le développement d’outils d’aide à la décision soulève des interrogations importantes, notamment quant au respect du jugement professionnel du personnel du réseau. « Soyons clairs ici : un modèle, aussi efficace soit-il, demeurera toujours simplement un modèle. Il faudra toujours quelqu’un, en bout de ligne, pour poser un jugement professionnel. Ces guides ne pourront rendre compte de l’ensemble du parcours d’un élève, de ses forces et de ses faiblesses, de son évolution comme seul peut le faire le personnel de l’éducation », d’insister Éric Gingras.
Par ailleurs, la Centrale soutient que le personnel, comme d’autres acteurs de la société civile, devrait être impliqué dans la conceptualisation de ces logiciels de valorisation des données, notamment pour éviter les biais. Quelles données seront incluses et utilisées, pour mesurer quoi exactement? Le développement en vase clos de ces logiciels devant appuyer le travail du personnel serait une aberration.
La CSQ insiste aussi sur le fait que l’utilisation des données ne doit pas servir à nourrir la compétition entre les établissements, mais plutôt constituer un outil collectif pour guider le personnel dans le soutien à la réussite des élèves.
La Centrale émet aussi des réserves quant à la sécurité des données. Quelles données, précisément, seront recueillies sur les élèves et sur les membres du personnel? Dans quels contextes? Avec quels objectifs? Ces données seront-elles rendues publiques et accessibles via des portails de données ouverts? Un membre du personnel pourra-t-il avoir accès aux données recueillies sur lui? Quels seront les mécanismes de surveillance? Même si le ministre s’est voulu rassurant sur les questions de cybersécurité, il faudra tout de même plus de détails que ce qui a été présenté en conférence de presse.
« Il a beaucoup été question de l’utilisation des données en vue de la réussite des élèves, mais peu de choses ont été dites sur la nature des données qui seront recueillies sur le personnel et sur les intentions quant à leur utilisation. On parle d’efficacité du réseau… Qu’est-ce que ça veut dire exactement? Parce qu’en matière de gestion des ressources humaines, il y a évidemment des inquiétudes à avoir, et c’est notre rôle, comme organisation syndicale, d’y voir. Plus le ministre sera clair, précis et transparent sur ses intentions, plus facile sera le dialogue social », souligne le dirigeant syndical.
L’expérience démontre que la clé pour que de tels projets réussissent, c’est la transparence quant à la nature des données recueillies, aux objectifs poursuivis, à la sécurité et aux modalités de conservation, mais, surtout, à l’implication des acteurs sociaux et des représentants des individus concernés.
Finalement, en ce qui concerne le volet de l’utilisation et de la valorisation des données sur les infrastructures du réseau, cela signifie-t-il que des données en temps réel seront disponibles? Et, si oui, sera-t-il désormais possible d’avoir accès, en temps réel, aux données quant à la qualité de l’air dans l’ensemble des établissements du réseau?