Congrès, International
Un précongrès sous le signe de la solidarité internationale
4 juillet 2024
« On ne pourra jamais gagner seuls, c’est pour ça qu’on est ici! ». C’est en ces mots qu’Alexandra Bojanic, secrétaire nationale de la FSU-SNUipp, un syndicat national français d’institutrices et d’instituteurs, a conclu son commentaire à l’occasion d’un événement organisé par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) en amont de son 44e congrès et auquel ont participé de nombreux invités nationaux et internationaux.
Par Félix Cauchy-Charest, conseiller CSQ | Photos : Pascal Ratthé
Les personnes participantes au précongrès ont eu droit à un véritable cours sur l’histoire de la CSQ, qui fête cette année ses 50 ans, ainsi qu’à une conférence éclairante portant sur la perte de confiance envers les institutions et l’état de la démocratie américaine, offerte par le professeur de science politique de l’Université du Québec à Montréal, Charles-Philippe David.
Le professeur et fondateur de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques a brossé un portrait inquiétant de l’état chancelant de nos démocraties dans le monde, qui seraient, selon lui, en véritable régression. Expliquant le phénomène par une myriade de causes allant de l’hyperpolarisation au sentiment d’insécurité en passant par les fake news et la montée du populisme facilitée par un certain analphabétisme politique, le conférencier a expliqué que la confiance même en la démocratie comme système recule un peu partout dans le monde.
Pour Charles-Philippe David, « si l’extrême droite arrive au pouvoir en Europe, et si Trump l’emporte aux États-Unis, on a tout intérêt à ne pas dormir sur la switch au Canada! »
La crise américaine
Charles-Philippe David a expliqué, lors de sa conférence, que le climat politique américain est marqué par la résurgence du « trumpisme » et par l’impopularité grandissante du président Joe Biden, qui rejaillit sur le camp démocrate. Cette polarisation en deux camps, qui ne plaît à personne chez nos voisins du Sud (60 % de la population américaine voudrait des personnes candidates différentes dans les deux camps!), entraîne une certaine fatigue électorale, ce qui pourrait affecter la participation aux votes.
Cela n’est pas sans réjouir les leaders autoritaires de régimes, comme la Russie ou la Chine, qui tentent de faire disparaître peu à peu les leviers démocratiques qui restent à leurs populations.
Lignes de fractures
Cet affaiblissement de la démocratie américaine, longtemps considérée comme un exemple, a des répercussions de par le monde et accentue les fractures géopolitiques ainsi que la montée des extrémismes et contribue à hausser le risque d’embrasement de plusieurs foyers de conflits latents ou actifs. Que ce soit directement, ou par conflits interposés, les régimes démocratiques et les régimes autoritaires s’affrontent déjà.
Selon Charles-Philippe David, nous n’avons qu’à tourner le regard vers l’Ukraine, où s’installe un conflit de plus en plus dangereux. Cette guerre s’annonce encore longue et ne sera pas limitée au seul territoire ukrainien.
Par ailleurs, le conflit israélo-palestinien commence déjà à déborder du front initial. Les observateurs scrutent plus intensément la frontière nord du pays, où le Hezbollah fourbit les armes en vue d’un possible élargissement du conflit qui opposerait le Liban, proche allié de l’Iran, et Israël…
Insécurité et conflits armés à l’école
Les invités internationaux au Congrès de la CSQ ont été fort généreux de leurs commentaires et ont partagé leurs inquiétudes face au fait que les écoles, leurs personnels et leurs élèves sont bien souvent les premières cibles des conflits armés.
En Haïti, par exemple, des gangs armés prennent possession des établissements scolaires pour s’en faire des bases. Ailleurs, dans d’autres pays, des écoles sont détruites par les bombes, ne permettant plus de recevoir les enfants pour leur offrir une éducation.
L’importance de la solidarité syndicale internationale
Comme le soulignait la secrétaire générale de la Confédération nationale des éducatrices et éducateurs d’Haïti (CNEH), Magalie Georges, présente au précongrès de la CSQ : « Heureusement qu’il y a la solidarité syndicale! » Elle a affirmé que ce soutien vient parfois compenser le désengagement de l’État dans les multiples crises qui secouent son pays.
Cette solidarité syndicale et internationale a d’ailleurs été à l’honneur lors du précongrès. Cet événement a servi de lieu d’écoute et d’échanges entre les invités nationaux et internationaux.
Ce qui se passe ailleurs dans le monde peut parfois sembler loin du quotidien. Cependant, les discussions soulevées lors du précongrès ont permis de constater à quel point cela peut être très concret pour les collègues d’ailleurs et les répercussions positives de la solidarité internationale sont importantes.