Québec, le 17 août 2016. – « La prospérité du Québec est importante, voire primordiale. Il est indéniable que les personnes immigrantes qui détiennent des qualifications peuvent contribuer à cette prospérité. Toutefois, elle ne peut reposer que sur l’immigration et il demeure essentiel que la qualité des emplois crées et offerts au Québec soit au rendez-vous. Or, le gouvernement continue d’adopter des politiques et des lois qui ont pour effet de dégrader les conditions de travail de l’ensemble des travailleuses et travailleurs du Québec. L’immigration peut contribuer à la prospérité de notre nation, encore faut-il que le Québec offre des conditions de travail et de vie à la hauteur de nos ambitions. »
Voilà l’une des réflexions exprimées par la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, qui a présenté aujourd’hui en commission parlementaire les recommandations de la Centrale concernant la planification de l’immigration au Québec pour la période 2017-2019.
Ne pas miser uniquement sur l’immigration économique
Louise Chabot a notamment soulevé le fait que le ministère semble faire reposer une bonne part de la prospérité du Québec sur l’arrivée de personnes immigrantes qualifiées pour occuper des emplois rapidement. La CSQ est d’avis que le Québec assurerait celle-ci notamment en mettant un frein à la précarisation des emplois et à la stagnation des salaires que l’on observe depuis maintenant trois décennies. « Pour nous, voilà où se trouve le frein à la prospérité », soutient la présidente.
En ce sens, la CSQ appuie les demandes formulées par le Front de défense des non-syndiqués (FDNS), entre autres en ce qui concerne la mise en place par le ministère d’un programme d’intégration des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires afin que ceux-ci soient bien informés de leurs droits tout en s’assurant que ce programme soit adéquatement financé.
Placer la pérennité du français au cœur du processus
Par ailleurs, la CSQ tient à saluer la volonté du ministère de fixer à 85 % le nombre de personnes issues de l’immigration économique qui déclarent connaître le français à l’admission pour la période 2017-2019. Il s’agit d’un bond significatif par rapport à la dernière planification ou l’objectif était tout juste de 50 %. Toutefois, il importe de rappeler que la vitalité du français au Québec soulève plusieurs inquiétudes qui ont déjà été soulignées dans les mémoires précédents sur l’immigration.
La CSQ réaffirme que le chemin à parcourir pour assurer la pérennité du français est encore énorme. « La cible de francisation du ministère pour l’année 2014-2015 est de 36,5 % selon ce qui est indiqué dans le Rapport annuel de gestion 2014-2015 du Ministère. Non seulement nous croyons que cette cible est peu ambitieuse, mais les données récentes du ministère indiquées dans le même rapport nous indiquent qu’on est loin du compte. Il faut absolument renverser la tendance. Nous sommes convaincus que nous pouvons collectivement faire mieux », ajoute Louise Chabot.
Pour ce faire, la CSQ émet sept recommandations qui permettraient d’assurer la vitalité et la pérennité du français. Mentionnons notamment, le renforcement des investissements en francisation, la mise en place de plus de cours de francisation qualifiante à des niveaux de compétence avancés et le maintien des critères relatifs à la connaissance du français dans la grille de sélection des immigrantes et immigrants économiques.
La régionalisation toujours incontournable
De plus, la Centrale réitère que la régionalisation de l’immigration demeure incontournable pour le Québec et que celle-ci peut devenir un des éléments importants de la politique gouvernementale d’occupation dynamique du territoire. « Nous croyons qu’il faut poursuivre les actions visant les organismes montréalais qui font la promotion de la régionalisation auprès des immigrants et immigrantes. Or, on ne peut passer sous silence que cette volonté de régionalisation contraste avec d’autres actions du gouvernement qui limitent les résultats d’une régionalisation de l’immigration, pensons notamment à l’abolition des CRÉ et des CLD », soutient la leader syndicale.
S’adapter aux nouvelles réalités
Enfin, la CSQ rappelle qu’il est primordial que le ministère joue un rôle clé dans la planification de l’immigration et que son approche doit s’adapter aux nouvelles réalités mondiales. « La planification pluriannuelle ne peut reposer sur des bases statiques. Il faut une ouverture du ministère sur les grands enjeux, notamment la question des réfugiés dans le monde. Conséquemment, la place de l’immigration économique ne peut recevoir toute l’attention », conclut Louise Chabot.
Pour consulter le mémoire de la CSQ :
- Planification pluriannuelle 2017-2019 : s’assurer un juste équilibre dans les différentes catégories de l’immigration et de la pérennité de la langue française
Profil de la CSQ
La CSQ représente plus de 200 000 membres, dont près de 130 000 dans le secteur public. Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation et en petite enfance au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.