Société, Syndicalisme

Un dialogue direct entre jeunesse et pouvoir

10 avril 2025

Lors des Rencontres Action Jeunesse de février dernier, Steven Duchesne St-Pierre et Valérie Larivière, membres du comité des jeunes de la CSQ, ont porté les enjeux des jeunes travailleuses et travailleurs auprès de plusieurs élues et élus de l’Assemblée nationale. Leur participation à cet événement leur a permis non seulement de faire entendre leurs priorités, mais aussi de développer une véritable conscience politique.

Par Audrey Parenteau, rédactrice en chef

Une trentaine d’organisations de différents milieux ont participé aux Rencontres Action Jeunesse, un événement piloté par Force Jeunesse. L’objectif? Permettre à des jeunes engagés de 18 à 35 ans de rencontrer les décideurs publics afin de leur présenter des enjeux qui leur tiennent à cœur.

Tous deux membres de la CSQ, Steven Duchesne St-Pierre et Valérie Larivière faisaient partie de la délégation. Cette occasion a été pour eux bien plus qu’un simple rendez-vous politique : ce fut un moment d’apprentissage, de réseautage et de transmission de priorités.

« Ce n’est pas tout le monde qui a la chance de rencontrer des députés. Le fait d’être ici, avec un programme bien organisé, c’est rassurant et ça donne envie de recommencer », témoigne Valérie.

Pendant trois jours, les jeunes ont enchaîné les rencontres avec des députées et députés, des attachées et attachés politiques, des sous-ministres, dans un format intensif où chaque participante et participant disposait de quelques minutes pour présenter les revendications de son organisation.

Steven Duchesne St-Pierre et Valérie Larivière

Mettre de l’avant les vraies priorités

Le thème principal défendu par la CSQ lors de ces rencontres : la conciliation famille-travail-études. « Ce sujet-là nous interpelle beaucoup comme jeune travailleuse et jeune travailleur parce qu’on vit des enjeux de conciliation, mais aussi parce que nous avons des collègues du Réseau des jeunes, des proches, des amis, des membres de nos familles qui nous ont fait part de leur vécu et des embûches qu’ils vivent au quotidien », explique Valérie.

Steven abonde dans le même sens et rappelle une enquête menée par la CSQ auprès des jeunes membres de la Centrale, un peu avant la pandémie : « Les résultats indiquaient clairement que ce qui importe le plus, pour les jeunes, ce n’est ni le salaire ni l’épanouissement professionnel, mais la possibilité de concilier les différentes sphères de leur vie. Et ça demeure un enjeu actuel. » La pénurie de main-d’œuvre, la précarité d’emploi, le vieillissement de la population et le manque de places en services de garde mettent une pression grandissante sur les travailleuses et travailleurs de 35 ans et moins. La situation est encore plus difficile pour celles et ceux qui doivent à la fois s’occuper de leurs enfants et de leurs parents vieillissants — la fameuse « génération sandwich ».

Les deux jeunes militants ont abordé plusieurs pistes de solution concrètes avec les décideurs rencontrés à l’Assemblée nationale. Ils ont notamment discuté de l’augmentation du nombre de jours de congés pour obligations parentales, familiales ou de proche aidance, un meilleur soutien financier aux parents, l’augmentation du nombre de places en services éducatifs et l’adoption d’une loi- cadre de conciliation famille-travail-études.

Une préparation rigoureuse

Pour défendre leur point de vue avec assurance, Steven et Valérie n’ont rien laissé au hasard. Ils ont reçu du soutien de la part d’une équipe de conseillères de la CSQ, afin de bien maîtriser leur sujet et leur argumentaire.

Accompagnés par Force Jeunesse, ils ont aussi suivi des séances de formation, analysé les profils des députées et députés rencontrés, consulté des notes de breffage et même ajusté leurs interventions en fonction des circonscriptions des élues et élus qu’ils devaient rencontrer. « Par exemple, on est allé chercher des statistiques sur le nombre de places en CPE pour la région de la Gaspésie afin de les présenter à Joël Arsenault [député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole du Parti Québécois pour la famille et en matière de CPE]. Ça a permis de créer des liens et de démontrer notre sérieux », explique Steven.

Cette rigueur a d’ailleurs été remarquée par les personnes rencontrées. « Joël Arsenault a pris l’engagement, pour son parti, de faire de la petite enfance une priorité, car l’éducation, selon lui, ça commence dès la petite enfance. C’est le genre de moment qui nous a fait nous sentir écoutés », raconte-t-il avec fierté.

Une diversité de voix et d’enjeux

Les rencontres n’ont pas été uniquement l’affaire de la CSQ. Les autres groupes présents lors de ces journées ont abordé des enjeux aussi variés que l’accès à la justice, la santé mentale ou la rémunération des stages. Pour Steven, cette diversité a enrichi les débats : « Entendre d’autres jeunes nous parler de leurs réalités, ça nous donne d’autres perspectives et des idées qu’on peut ensuite ramener dans nos propres réseaux. »

Valérie a aussi été marquée par la richesse des échanges : « Il y avait une jeune médecin, des étudiantes, des représentants d’associations étudiantes. On sentait une véritable volonté de proposer des solutions, pas juste de critiquer. »

Une expérience transformatrice

Au-delà des revendications, l’expérience a eu des répercussions personnelles fortes pour les deux représentants de la CSQ. « Je dirais que ça m’aide à définir ce que je veux pour le Québec de demain. Maintenant, je vais vraiment aller lire les programmes politiques avant de voter », dit Steven, qui se sent mieux outillé pour comprendre le fonctionnement des institutions démocratiques.

Valérie, de son côté, parle d’un gain en confiance et d’un désir renouvelé d’implication. « On dirait que ça rallume la flamme. J’ai toujours eu envie de m’impliquer, mais là, je sens que c’est possible. J’ai même eu un petit moment où je me suis dit : un jour, je veux être à cette place. »

L’importance d’une relève syndicale active

« Pour la CSQ, la participation de Steven et de Valérie à ces rencontres est une démonstration concrète de la vivacité de notre relève syndicale. Ça démontre que nos jeunes sont impliqués, concernés, motivés à faire bouger les choses. C’est très inspirant! », souligne la vice-présidente de la CSQ, Anne Dionne.

L’accueil chaleureux réservé à la délégation de la CSQ par les autres organisations présentes n’est pas passé inaperçu. « On a vraiment senti que la Centrale est reconnue, qu’on a une place dans ces milieux-là », souligne Valérie.

Et demain? Steven et Valérie espèrent bien transmettre leur expérience, que ce soit lors du prochain Réseau des jeunes ou dans d’autres instances. « Ce serait dommage de garder tout ça pour nous. On a appris tellement de choses », conclut Steven.