Montréal, le 12 novembre 2015. – Les centrales syndicales unissent leurs voix pour exprimer leur rejet du projet de loi no 70 visant à permettre une meilleure adéquation entre la formation et l’emploi ainsi qu’à favoriser l’intégration en emploi, déposé par le ministre Sam Hamad. En plus d’abolir Emploi-Québec, ce projet de loi fragilise la politique de l’emploi du Québec et, par la bande, propose d’instaurer, envers les nouveaux demandeurs d’aide sociale, une approche punitive qui s’inspire de la réforme de l’assurance-emploi imposée par le gouvernement Harper. Ce projet, un des pires de l’austérité libérale, permettrait d’épargner quelques millions de dollars sur le dos des plus pauvres parmi les démunis.
« Abolir Emploi-Québec, diluer les capacités du Fonds de développement et de reconnaissance des compétences de la main-d’œuvre, puis transférer les programmes de main-d’œuvre et d’emploi à Services Québec, ce sont des décisions qui vont toutes affaiblir la politique de l’emploi parce qu’elles ne répondent pas aux besoins du milieu, mais plutôt à des impératifs d’efficacité administrative commandés par la politique d’austérité du gouvernement Couillard. C’est un calque des politiques mises en place par le gouvernement Harper, tout comme le fait de stigmatiser ceux et celles qui sont dans le besoin avec une approche punitive qui laisse entendre que ce sont des gens qui abusent des largesses de notre société. Harper est parti, mais ses idées sont portées par Philippe Couillard ! », s’exclame le président de la FTQ, Daniel Boyer.
« Le gouvernement Couillard veut forcer les gens à accepter un emploi sans limites d’éloignement ou une formation spécifique, sans quoi leur chèque d’aide sociale, déjà insuffisant pour vivre décemment, pourra être amputé de moitié. C’est odieux ! Ces gens n’ont pas les moyens de déménager à 300 km de chez eux pour accepter un emploi au salaire minimum et probablement à temps partiel. Sam Hamad dit vouloir briser le cercle de la pauvreté, mais le seul résultat qu’on peut escompter de ces mesures, c’est de décourager ces personnes et de les enfoncer encore plus dans la misère. Nous demandons conjointement au ministre Hamad de revenir sur sa proposition », affirme le président de la CSN, Jacques Létourneau.
« On a réuni dans ce projet de loi deux façons de faire que nous rejetons. D’une part, on stigmatise les pauvres. D’autre part, le gouvernement libéral continue de détricoter les lieux de concertation avec les acteurs de la société civile. Dans ce projet de loi, on entrevoit que la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT) sera reléguée à un rôle consultatif au service du ministre. C’est pourtant un des derniers lieux de concertation qui contribue à l’identité distincte de l’État québécois. On comprend aussi que, malgré des besoins criants de formation en emploi, le Fonds de la formation verra ses sources de financement diminuer et ses objectifs s’élargir pour inclure non seulement les personnes sans emploi, mais également la « future main-d’œuvre », les jeunes à scolariser. Nous avons toujours été favorables à travailler à une meilleure adéquation formation/emploi, mais nous ne pouvons pas accepter de voir le système d’éducation se transformer en système de formation au bénéfice uniquement des entreprises », ajoute la présidente de la CSQ, Louise Chabot.
Les trois centrales souhaitent faire valoir leur rejet de ces propositions dans le cadre de la commission parlementaire qui étudiera ce projet de loi.