Montréal, le 19 avril 2021. – La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) salue le premier budget de la ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, qui apporte plusieurs réponses aux multiples défis collectifs pour assurer une relance juste et reconnaissante du préjudice économique vécu par les femmes au cours des derniers mois. « Dans le budget qu’il annonce aujourd’hui, le gouvernement reconnaît que la relance économique passe par la prolongation des mesures de soutien aux travailleuses et aux travailleurs ainsi que par des investissements dans les services à la population, notamment pour assurer un retour au travail des femmes, qui ont été plus durement touchées par la pandémie. Dans son discours budgétaire, le gouvernement fédéral consacre l’expression “récession au féminin” pour parler des impacts économiques de la crise de la pandémie sur l’emploi alors que 16 000 femmes ont quitté la population active en comparaison des 91 000 hommes de plus qui l’ont rejointe. Le gouvernement du Québec aurait tout avantage à prendre exemple sur son homologue, tant dans le discours que dans les mesures mises en place pour favoriser l’emploi chez les femmes », constate Sonia Ethier, présidente de la CSQ. La Centrale est cependant déçue de l’inflexibilité du gouvernement Trudeau sur les transferts en santé ainsi que de l’absence d’annonce concrète sur la mise en place du nécessaire régime universel d’assurance médicaments.
Vers un programme national de garderies éducatives
La CSQ se réjouit des investissements majeurs de 30 milliards de dollars sur cinq ans du gouvernement Trudeau en petite enfance, qui s’ajoutent aux sommes déjà transférées au Québec en vertu des annonces antérieures. « Avec son droit de retrait, c’est plus d’un milliard de dollars annuellement au cours des cinq prochaines années et, par la suite, entre 1,5 et 2 milliards par année que recevra le gouvernement du Québec pour offrir des places subventionnées en services de garde éducatifs. Les ministres Girard et Lacombe doivent absolument utiliser ces sommes très importantes pour relancer le réseau québécois, qui a été mis à mal dans les dernières années. Celui-ci est actuellement malmené par une grave pénurie de main-d’œuvre intimement liée aux maigres conditions de travail, notamment salariales, qui y prévaut. Le gouvernement du Québec n’a plus aucune raison de rester les bras croisés, il doit bonifier substantiellement les conditions de travail des milliers de femmes qui s’occupent chaque jour de nos tout-petits. C’est la meilleure façon – et surtout la plus rapide – pour régler le problème du manque de places et permettre à tous les parents de retourner au travail et relancer l’économie du Québec », martèle la présidente, Sonia Ethier. La CSQ exige que le gouvernement du Québec rende des comptes publiquement sur l’utilisation des sommes reçues du fédéral pour cette mission.
Un salaire fédéral minimum à 15 $
La CSQ applaudit le gouvernement fédéral pour l’annonce d’un salaire minimum fédéral à 15 dollars l’heure, mais considère qu’il devra être instauré immédiatement si l’on veut maximiser les impacts auprès des travailleuses et travailleurs à temps plein. Également, l’augmentation et l’élargissement de l’Allocation canadienne pour les travailleurs apportent une aide supplémentaire aux personnes à bas salaire. « Les transferts aux travailleuses et aux travailleurs pour les aider à sortir de la pauvreté sont importants, mais il faut prioriser une approche qui, en bout de piste, responsabilise les employeurs. C’est pour ça que l’adoption d’un salaire minimum à 15 dollars au fédéral est un excellent premier pas, et nous souhaiterions qu’il évolue plus vite que l’inflation », explique Sonia Ethier.
Des gestes intéressants envers les aînés
Une autre mesure intéressante pour la réduction de la pauvreté, selon la CSQ, est l’augmentation de 10 % des prestations de la Sécurité de la vieillesse. La Centrale est par contre déçue de l’engagement trop timide du gouvernement fédéral pour améliorer les soins à domicile et les soins de longue durée. « En comparaison de l’ampleur des investissements dans d’autres secteurs, il est surprenant que, devant l’urgence d’améliorer les soins aux aînés, le gouvernement ne dégage pas plus d’argent pour aider les provinces à offrir des services de qualité, notamment par une bonification des transferts en santé », souligne Sonia Ethier.
Des signaux positifs vers une réforme de l’assurance-emploi
Alors que la CSQ réclame une réforme complète de l’assurance-emploi depuis plusieurs années, elle estime que les mesures annoncées aujourd’hui envoient un signal positif. « Si l’augmentation de 15 à 26 semaines des prestations de maladie de l’assurance-emploi reste tout de même insuffisante à nos yeux, on ne peut toutefois pas passer sous silence l’accès uniforme de l’assurance-emploi avec un seuil de 420 heures travaillées et un minimum de 14 semaines de prestations. C’est une annonce qui correspond, en partie, aux demandes de notre organisation et qui saura faire une différence majeure dans la vie des travailleuses et des travailleurs », exprime Sonia Ethier, présidente de la CSQ.
Formation : attention aux dédoublements!
Concernant les mesures de près de 3,5 milliards de soutien à la formation et à l’emploi, la CSQ salue cet investissement dans le contexte de la crise de la pandémie alors que des milliers de familles sont toujours directement touchées. « Compte tenu de la hauteur de la crise vécue depuis plus d’un an, on ne peut que saluer toutes les mesures déployées permettant aux travailleuses et aux travailleurs de développer leurs compétences et de se requalifier. En sachant que le Québec mène actuellement d’importants travaux sur le sujet, nous souhaitons que les montants investis évitent les dédoublements et s’intègrent afin de maximiser leurs impacts auprès de la population », dit Sonia Ethier.
Environnement : de la parole aux actes?
En matière d’environnement, finalement, la CSQ dit appuyer les nouveaux investissements consacrés à la réduction des gaz à effet de serre et à la protection des territoires naturels, mais demeure prudente en soulignant qu’il faudra voir à l’usage si les mesures annoncées permettront d’effectuer réellement ces réductions, ce qui a fait défaut à maintes reprises dans le passé. « Combien de fois avons-nous vu en environnement les cibles les plus louables ne pas être atteintes, faute d’actions? Nous attendons depuis des années que les gouvernements passent de la parole aux actes, et, pour y arriver, l’atteinte de cibles environnementales ambitieuses sera le gage de réussite ou d’échec », conclut la présidente de la CSQ.