Syndicalisme
Tirer plaisir de l’action collective
4 septembre 2024
Envie d’apporter sa contribution à la société, de faire une différence dans son milieu de travail, de défendre ses droits… Quelles sont les raisons qui poussent une travailleuse ou un travailleur à s’impliquer activement au sein d’un syndicat? Voilà la question abordée par le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Éric Gingras, avec une militante et deux militants dans un épisode du balado Prendre les devants diffusé en marge du dernier congrès de la CSQ.
Par Anne-Marie Tremblay, collaboration spéciale | Photos : Pascal Ratthé
« Quand on voit l’importance que nos actions peuvent avoir dans la vie des gens, on développe ce qu’on pourrait appeler une dépendance syndicale », a lancé avec humour Sandra Brassard, conseillère pédagogique. Engagée depuis près de dix ans, elle a progressivement assumé davantage de responsabilités jusqu’à devenir présidente du Syndicat du personnel professionnel du Cégep de Chicoutimi, affilié à la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ). « On prend goût à défendre des membres, des causes… Mon implication, qui était sociale au départ, est devenue humaine, puis plus politisée », a-t-elle expliqué.
C’est aussi par souci de justice sociale – et par envie de transformer la société – que le conseiller scientifique à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Félix Lebrun-Paré, a décidé de s’engager au sein du Syndicat des professionnelles et des professionnels de la santé publique du Québec (SPPSPQ-CSQ). « Accompagner des personnes qui vivent des situations difficiles en milieu de travail, les aider à trouver des solutions, à défendre leurs droits, c’est très gratifiant. » Il apprécie aussi le fait de travailler en équipe pour faire avancer les choses : « Il y a du plaisir à l’action collective. » Une motivation pour ce dernier qui s’est également impliqué au sein du mouvement étudiant et de comités citoyens.
S’engager syndicalement permet de mieux prendre ses repères, de comprendre ses droits et ses devoirs en tant que travailleur, selon Alec Bouchard, enseignant en histoire et univers social au secondaire. Récemment diplômé, il fait partie du comité de la relève du Syndicat de l’enseignement du Saguenay (SES-CSQ), affilié à la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ). « En tant que nouvel enseignant, on se sent un peu comme un numéro dans le système public d’éducation. On se retrouve parfois pris au dépourvu devant des questions comme le chômage, les assurances. » Cette recherche d’information lui a permis de s’outiller et lui a donné envie de s’engager.
Découvrir de nouveaux dossiers, nouer des contacts, soutenir les autres, contribuer à faire changer les choses : militer apporte plusieurs bénéfices, ont mentionné les personnes invitées au balado. Il faut cependant respecter ses limites pour éviter l’épuisement, a souligné Félix Lebrun-Paré. « Cela demande aussi un certain courage puisqu’on prend des risques en étant délégué », a souligné, quant à elle, Sandra Brassard. En effet, il faut parfois oser prendre la parole pour nommer certaines situations délicates, par exemple.
Apprendre à conserver une saine distance permet de garder le cap, note-t-elle. « De plus, on ne peut pas porter la charge du syndicat seul. Le syndicat, c’est un travail d’équipe. Dès que tu perds cet aspect, tu deviens isolé et vulnérable. Il faut bien s’entourer. C’est vraiment important », ajoute-t-elle.
C’est pourquoi un événement comme le Congrès de la CSQ, qui s’est déroulé en juin dernier et a réuni quelque 1200 personnes, est crucial. C’est, entre autres, l’occasion de se retrouver entre militantes et militants, de s’inspirer et de réfléchir collectivement à des enjeux touchant toute la société, ont fait valoir les personnes participant au balado. « C’est aussi un espace décisionnel comme il en existe peu dans la société », a conclu Félix Lebrun-Paré. Inspirant!
Écoutez l’épisode complet du balado :
N.B. : Pour une meilleure compréhension, les propos ont été édités.