Santé, Société

Soutien à domicile : un plan adapté aux réalités québécoises

18 novembre 2024

Une nouvelle étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), publiée le 14 novembre dernier, s’inspire des modèles les plus reconnus dans le monde pour poser les bases d’un programme national de soutien à domicile adapté au Québec qui mise sur la décentralisation et la déprivatisation des soins. Les propositions qui y sont réunies sont saluées par l’AREQ, le mouvement des personnes retraitées CSQ.

« Plusieurs pays réussissent aujourd’hui à offrir des soins à domicile accessibles et de qualité. Il serait temps de s’en inspirer », affirme Anne Plourde, chercheuse à l’IRIS et autrice de l’étude Réussir le virage vers le soutien à domicile au Québec.

Selon l’étude, « en 2023, seulement 10 % des besoins en soutien à domicile au Québec ont été répondus par le système public, obligeant les personnes en perte d’autonomie à se tourner vers l’achat de services privés parfois onéreux. Les dépenses privées des ménages québécois pour l’achat de soins de longue durée étaient en moyenne de 840 $ en 2021 ».

« Parce que le gouvernement refuse d’investir les sommes nécessaires au virage vers les soins à domicile, il a cherché à faire des économies en sous-traitant les services vers le privé, ce qui a eu des conséquences importantes sur la qualité des soins offerts dans les dernières années », ajoute Anne Plourde. Selon la chercheuse, « confier la gestion du soutien à domicile à Santé Québec ne résoudra pas les problèmes d’accès et pourrait même contribuer à dégrader davantage la qualité des services offerts aux personnes en perte d’autonomie. Des soins de proximité exigent une gestion décentralisée ».

Dans son étude, l’IRIS recommande d’ailleurs de confier la gestion des services de soins à domicile à des instances de proximité, locales et démocratiques, réparties sur l’ensemble du territoire québécois.

Un plan clé en main auquel l’AREQ adhère

« Le plan proposé dans cette étude est clair, rigoureux, inspiré des meilleures pratiques mondiales et adapté à nos réalités québécoises. En plus, les montages financiers tiennent la route. Difficile de demander mieux! », se réjouit la présidente de l’AREQ, Micheline Germain.

Selon l’AREQ, miser sur les services à domicile est le seul moyen pour combler les besoins actuels et futurs, puisque le quart des Québécoises et des Québécois seront âgés de 65 ans ou plus en 2031, et près du tiers en 2061. Selon un sondage réalisé en octobre dernier auprès des membres de l’AREQ, qui compte quelque 60 000 membres à travers le Québec, les soins de santé et le maintien à domicile, ex æquo avec l’éducation et l’environnement, constituent les deux principales priorités des personnes répondantes.

Un investissement massif est nécessaire

« Il n’y a pas de recette magique pour améliorer les soins à domicile au Québec : sans investissements publics massifs, espérer bonifier les services est tout simplement irréaliste », dit Anne Plourde.

Selon l’autrice de l’étude, le gouvernement devrait s’inspirer des pays scandinaves, qui ont réussi à effectuer ce virage en consacrant une part importante de leurs dépenses en santé pour les soins à domicile. « Fondé sur un financement progressif et distributif, le modèle nordique offre l’une des meilleures couvertures au monde et la quasi-totalité des services. Surtout, les pays scandinaves montrent qu’il est possible de consentir à de tels investissements sans provoquer le naufrage des finances publiques. »

S’il dépensait l’équivalent des pays nordiques en soins à domicile, le Québec devrait cependant quadrupler le financement public qu’il y consacre.