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Sommet de la Francophonie : plus d’investissement réclamé pour l’éducation publique

22 octobre 2024

Présent au XIXe Sommet de la Francophonie, qui s’est tenu les 4 et 5 octobre derniers à Villers-Cotterêts et à Paris, en France, le Comité syndical francophone de l’éducation et de la formation (CSFEF), dont fait partie la CSQ, a réclamé des chefs d’État et de gouvernements des pays francophones davantage d’investissement pour l’éducation publique.

Le Sommet de la Francophonie réunit les chefs d’État et de gouvernements des 88 pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) afin de définir les orientations stratégiques de la Francophonie.

Malgré le fait qu’une place congrue était réservée à la société civile lors de cet événement, le CSFEF a réussi à faire entendre sa voix et à faire parvenir une déclaration dans laquelle il demande aux pays francophones d’investir davantage dans l’éducation publique et de mettre en œuvre les recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies. Ces dernières visent notamment à offrir des salaires compétitifs et équitables pour les enseignantes et enseignants, à assurer un financement équitable de l’éducation, à investir durablement dans la profession enseignante ainsi que dans le personnel professionnel et de soutien et à mettre fin aux mesures d’austérité qui affectent l’éducation.

Un appel entendu

Cet appel du CSFEF a été entendu. En effet, la Déclaration du XIXe Sommet de la Francophonie consacre un chapitre à « La langue française au service d’un continuum éducation-formation-employabilité » dans lequel les chefs d’État et de gouvernements déclarent : « [Nous] réaffirmons notre attachement à l’enseignement du [français] et en français et saluons le rôle déterminant des enseignants et des communautés scolaires. [Nous] assurons de notre engagement au côté de l’OIF pour développer les actions de formations linguistiques et pédagogiques, afin d’augmenter significativement le nombre d’enseignants formés pour une éducation de qualité pour tous. » 

Faire plus de place à la francophonie syndicale

En marge du Sommet de la Francophonie, plusieurs activités ont eu lieu à Paris. En tant que personne déléguée par le CSFEF et en qualité d’ex-secrétaire général de l’organisation, le conseiller de la CSQ, Luc Allaire, a participé et pris la parole lors d’un événement organisé par la Confédération syndicale internationale (CSI) et Force Ouvrière. Il a dénoncé le virage de l’OIF vers le libéralisme économique depuis le Sommet de 2018 et déploré que le CSFEF soit la seule organisation syndicale accréditée par l’OIF.

Cet événement a été l’occasion de rappeler qu’il est urgent que le mouvement syndical soit davantage représenté à l’OIF, comme c’est le cas dans d’autres organisations internationales comme l’Organisation internationale du Travail (OIT) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Il importe que la CSI continue d’appuyer les initiatives des syndicats de l’éducation des pays francophones et qu’elle travaille conjointement avec le CSFEF pour que le mouvement syndical ait une voix forte au sein de l’OIF. 

Consolider la paix dans l’espace francophone

Luc Allaire a également pris la parole lors d’une table ronde sur la paix dans l’espace francophone à la Conférence des organisations internationales non gouvernementales (OING) de l’OIF. Il a alors souligné le fait que les médias parlent beaucoup des guerres au Moyen-Orient et en Ukraine, mais n’abordent quasi jamais la guerre qui sévit à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Celle-ci a pourtant causé plus de 10 millions de morts et des millions de personnes déplacées et réfugiées ainsi que de nombreuses mutilations sexuelles aux femmes.

Les chefs d’État et de gouvernements ont adopté, lors du Sommet de la Francophonie, une résolution sur les situations de crise, de sortie de crise et de consolidation de la paix dans l’espace francophone, dans laquelle ils ont condamné « tous les massacres des populations et les bombardements des camps de déplacés, commis sur le territoire de la RDC ».

Le Rwanda n’a cependant pas validé les passages de la résolution qui condamnent « tous les groupes armés opérant en RDC et tout soutien extérieur apporté à ces groupes, notamment, tout appui militaire extérieur, [condamnent] également toute intervention militaire étrangère non autorisée et demandent le retrait immédiat des forces militaires non autorisées par le gouvernement de la RDC sur son territoire ». 

De son côté, le président de la RDC, jugeant que la résolution n’allait pas assez loin, a décidé de ne pas participer au huis clos des chefs d’État.

Dans son allocution, Luc Allaire a aussi rappelé que les médias parlent également très peu des conflits au Sahel, qui touchent le Burkina Faso, le Niger et le Mali. Pourtant, les attaques djihadistes ont semé la mort et la destruction et provoqué la fermeture de centaines d’écoles. Devant cette situation, Luc Allaire a déploré que l’OIF a décidé de suspendre l’adhésion de ces pays au lieu d’entreprendre des démarches diplomatiques pour favoriser un retour à la démocratie à la suite des coups d’État qui ont affecté ces trois pays. La résolution se borne à réitérer la disponibilité de l’OIF au dialogue en vue d’accompagner ces pays vers un retour plus rapide à l’ordre constitutionnel et démocratique.

Enfin, Luc Allaire a abordé la situation en Haïti où se perpétuent les violences des gangs armés contre la population, entraînant le déplacement forcé de plusieurs centaines de milliers de citoyens haïtiens.