Québec, le 26 novembre 2018. – Troublée par les résultats d’une enquête complétée par 1 046 enseignantes et enseignants travaillant exclusivement en classes d’adaptation scolaire, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) estime qu’il faut revoir les conditions d’exercice de ces classes pour appuyer celles et ceux qui tiennent l’école à bout de bras, à l’instar des autres enseignantes et enseignants du Québec.
« Les enseignantes et enseignants nous ont exprimé un grand sentiment d’impuissance et d’épuisement face aux problématiques rencontrées. Tant les ressources que l’appui nécessaire ne sont pas au rendez-vous. Pire, ils ont majoritairement été victimes de violence dans le cadre de leur travail, ce qui est tout simplement inacceptable. Il est plus que temps qu’il y ait des interventions au regard de la situation vécue dans ces classes dont les besoins sont de plus en plus criants », a fait savoir Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ.
Les principaux résultats obtenus sont les suivants :
- 68 % des enseignantes et enseignants sondés disent avoir été victimes d’une agression au cours des 24 derniers mois
– 52 % ont déclaré avoir subi une agression physique, 84 % une agression verbale et 24 % de la violence psychologique;
– Il a été signifié que lors des agressions physiques, ce sont surtout des élèves en crise qui donnent des coups et que les agressions verbales étaient très fréquentes.
- 51 % des enseignantes et enseignants sondés ont déclaré que les directions, une fois informées, ont banalisé la situation, ne savaient pas quoi faire ou n’ont pas agi, laissant le personnel seul à gérer la situation
– Plusieurs ont signifié alors ne plus faire appel à la direction, la démarche ne donnant aucun résultat;
– De leur avis, les rapports d’incident font bouger les choses.
- 95 % des enseignantes et enseignants sondés estiment que la diversité des problématiques rencontrées chez les élèves dans la classe spéciale est plus grande qu’auparavant, et que sa gestion est plus difficile
– Il a été signifié qu’il y avait une importante recrudescence des problématiques de santé mentale et de troubles associés, mais aucun appui supplémentaire pour soutenir le personnel face à des situations de plus en plus complexes.
- Seulement 67 % des enseignantes et enseignants d’adaptation scolaire ont déclaré bénéficier de services complémentaires dans leur classe, mais ces services sont offerts sans égard aux besoins des élèves ou à ceux exprimés par l’enseignante ou l’enseignant. Il y a des besoins urgents à combler en psychologie, en orthophonie, en orthopédagogie, en ergothérapie et en psychoéducation
– Ils se font souvent répondre que dans leur classe, le service, c’est l’enseignante ou l’enseignant, de même que le ratio plus petit, et qu’il n’y a pas d’argent pour des services dans les classes d’adaptation scolaire;
– Pire, beaucoup doivent se battre pour tout simplement conserver les classes d’adaptation scolaire, menacées de fermeture.
Des actions musclées à poser
La FSE-CSQ demande au ministère de l’Éducation de faire un rappel des directives au regard de la violence envers le personnel enseignant, conformément aux différentes lois en vigueur et aux mesures qui en ont découlé. Parce que tous les gestes de violence sont inacceptables, elle rappelle d’ailleurs à tous ses membres de ne pas hésiter à les déclarer quand ils en sont victimes.
Elle réclame non seulement la présence en classes d’adaptation scolaire de services complémentaires prévus dans la loi, mais aussi la bonification du financement associé à ces services.
Elle souhaite également obtenir les garanties nécessaires pour l’ouverture de classes d’adaptation scolaire en fonction des besoins, ainsi que le maintien de celles existantes avec les services complémentaires nécessaires.
Enfin, la FSE-CSQ demande l’intervention du ministère de la Santé et des Services sociaux pour soutenir les enseignantes et enseignants aux prises avec des problématiques de plus en plus criantes de santé mentale chez les élèves de leur classe.
« Les résultats obtenus pour cette collecte de données sont alarmants. C’est un appel à l’aide que nous entendons. À l’évidence, ça ne fonctionne pas du côté de l’adaptation scolaire. Le ministre Roberge doit intervenir pour faire les rappels nécessaires et s’assurer de la présence des services requis. La situation actuelle n’est pas acceptable et doit changer, tant pour le personnel enseignant trop souvent en désarroi que pour les élèves ayant de très grands besoins », a conclu Josée Scalabrini.
Les données complètes seront disponibles sous peu sur le site de la FSE-CSQ à fse.lacsq.org.