Montréal, le 5 novembre 2019. – Dans un règlement édicté le 9 octobre dernier, le ministre de l’Immigration du Québec a apporté des modifications unilatérales au Programme de l’expérience québécoise (PEQ), lequel vise à attirer ici des milliers d’étudiantes et d’étudiants étrangers en leur donnant accès à un traitement accéléré vers l’immigration permanente. Pour la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), il s’agit d’un geste proprement scandaleux.
Ces modifications au PEQ imposent de nouvelles conditions de sélection et viennent réduire la liste des programmes d’études tant dans les centres de formation professionnelle que dans les cégeps et les universités. Dorénavant, seulement 7 programmes de doctorat, 24 de maîtrise, 54 de baccalauréat, 59 diplômes d’études collégiales et 37 diplômes d’études professionnelles feront partie de la liste.
De plus, seuls les programmes d’études menant à des métiers faisant l’objet d’une « pénurie de main-d’œuvre », selon le ministère de l’Immigration, sont inscrits sur cette liste. Pourtant, certains programmes dont les finissantes et finissants sont recherchés n’y figurent pas. Pensons, par exemple, aux domaines de la santé et du soutien informatique. Par ailleurs, aucune mesure n’a été prévue pour atténuer l’impact de ces modifications sur les étudiantes et étudiants et sur les institutions.
« Imaginez un peu le drame : du jour au lendemain, ces personnes ont appris que peu importe leur niveau d’avancement, si leur programme d’études ne fait pas partie de la liste prioritaire du ministre, c’est terminé. Leur projet de vie, leur rêve de venir s’installer ici, au Québec, tombe à l’eau. Pour ne pas utiliser une autre expression, ces personnes se sont littéralement fait flouer par le gouvernement du Québec », affirme Sonia Ethier, présidente de la CSQ.
« Là où le bât blesse, c’est que pendant des années, on a fait la promotion du Québec par le biais de ce programme. Une offre volontairement alléchante, qui permettait d’attirer et de former, ici et en français, la main-d’œuvre dont on a tant besoin. En prime, à la fin de leurs études, le programme permettait à ces étudiantes et à ces étudiants d’avoir accès au Certificat de sélection du Québec dans un délai d’un mois, donc d’avoir accès à la résidence permanente. Tout le monde en ressortait gagnant », a poursuivi Sonia Ethier.
« En plus des drames humains, un tel chambardement provoque une onde de choc dans le réseau de l’enseignement, tant du côté de la formation professionnelle que du côté collégial et universitaire. Le PEQ a directement contribué à attirer davantage d’étudiantes et d’étudiants étrangers, notamment dans les programmes de deuxième et de troisième cycles. Il faut savoir que l’on compte près de 5 000 étudiantes et étudiants étrangers dans nos collèges et près de 50 000 dans nos universités. Dans les centres de formation professionnelle, ils peuvent représenter jusqu’à 40 % de toutes les inscriptions. Ces étudiantes et étudiants sont un atout pour le Québec. Ils contribuent à maintenir la diversité de l’offre de formation et permettent d’assurer la pérennité de nos établissements situés en région, lesquels doivent faire face à d’importants défis démographiques. Au cégep de Matane, par exemple, les étudiantes et étudiants étrangers représentent environ 45 % des effectifs à la formation régulière. C’est considérable! Il faudrait être vraiment naïf pour croire que cette désertion artificielle, provoquée par Québec, n’aura pas d’impact dans nos milieux », illustre la leader syndicale.
« Le ministre manque cruellement de vision dans ce dossier. Le PEQ constitue une porte d’entrée qui a fait ses preuves. Plutôt que de favoriser son développement, le ministre a fait le choix de mépriser des milliers de personnes, d’entacher l’image du Québec à l’étranger et de compromettre le dynamisme de ses institutions académiques. Il doit reculer », a conclu Sonia Ethier.