Montréal, le 5 octobre 2020. – Devant le resserrement des règles sanitaires pour les écoles et les établissements d’enseignement supérieur dans le contexte de la pandémie de la COVID-19, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) salue les mesures annoncées par les ministres de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge et Danielle McCann, mais estime néanmoins qu’elles sont tardives, sept jours après l’annonce du passage de régions en zone rouge.
Un resserrement tardif qui prouve que la bulle-classe n’existe pas
L’annonce du ministre Roberge de resserrer les règles pour appliquer le concept de la bulle-classe confirme ce que la CSQ et ses fédérations rapportaient depuis quelques semaines déjà : sur le terrain, la bulle-classe était une vue de l’esprit à cause de règles contradictoires rendant son application impossible. Également, la présidente de la Centrale demande à connaître le plan de match de la Santé publique si le taux d’éclosion en milieu scolaire continue d’être trois fois plus élevé au Québec qu’en Ontario. « L’annonce d’aujourd’hui donne raison à nos interventions qui questionnaient l’absence de resserrement des mesures mises en place par la Santé publique depuis l’introduction des zones rouges. L’augmentation importante du nombre de cas au cours des dernières semaines était troublante, particulièrement en comparaison de la situation en Ontario. Dans l’objectif d’éviter une fermeture des écoles, ne pas agir était la dernière chose à faire. On aimerait toutefois savoir quel est le plan s’il n’y a pas de diminution des cas de COVID-19 dans les écoles. Il restera à voir si les mesures annoncées aujourd’hui, bien que salutaires, sont suffisantes », explique Sonia Ethier.
Des mesures structurantes toujours attendues par le personnel scolaire
En réaction à la campagne de recrutement lancée par le ministère de l’Éducation pour notamment ajouter du personnel de soutien dans la surveillance et la désinfection des milieux scolaires, la CSQ dresse un parallèle avec la situation vécue dans les CHSLD au printemps dernier, alors que le problème fondamental de pénurie de main-d’œuvre trouvait sa source dans les conditions de travail difficiles et, surtout, la précarité des postes en vigueur. En ce sens, la Centrale réitère que la création de postes à temps complet et l’amélioration des conditions de travail sont des solutions structurantes qui permettraient de solutionner de nombreux problèmes, tout en permettant à chaque corps d’emploi du milieu scolaire (enseignant, de soutien ou professionnel) de mieux répondre aux besoins des élèves. « Cela fait déjà quelques années qu’on appelle le gouvernement à créer davantage de postes de soutien à temps complet pour donner plus de temps au personnel enseignant et professionnel dans l’accompagnement des élèves. Alors que la pandémie frappe nos écoles de plein fouet, nous payons tous aujourd’hui le prix des mauvaises conditions de travail du personnel en éducation. Si la création d’un “Je contribue” est bienvenue, on n’éteindra pas le feu qui brûlait dans nos écoles avant la pandémie. La mesure temporaire n’est pas structurante et ne réglera pas le sous-investissement qu’on dénonce depuis longtemps dans nos écoles », explique la présidente de la CSQ.
Le personnel en enseignement supérieur surchargé
Du côté de l’enseignement supérieur, la présidente de la CSQ salue les mesures mises en place pour maximiser l’apprentissage et la recherche à distance (notamment pour les universités), mais interpelle la ministre Danielle McCann à propos de la pression psychologique vécue par bon nombre du personnel depuis le début de la pandémie. « L’enseignement à distance crée du stress dans la communauté étudiante, mais on oublie trop souvent le personnel, qui doit accomplir sa mission en s’adaptant à des réaménagements incessants qui créent un surcroît de travail et une pression professionnelle additionnelle au quotidien. On nous rapporte beaucoup d’appels à l’aide de la part des travailleuses et des travailleurs qui sont confinés depuis plusieurs semaines à la maison, à distance, et qui doivent eux aussi faire face à leurs obligations personnelles et familiales. En considération de leur rôle essentiel d’éducation et d’accompagnement, il faudrait développer des ressources pour mieux aider le personnel afin de soutenir convenablement la communauté étudiante. En ce sens, les directions d’établissement d’enseignement supérieur doivent être à l’écoute des besoins de leur personnel et agir avec souplesse et bienveillance », conclut Sonia Ethier.