Québec, le 10 mars 2020. — Les sept organisations syndicales représentant le personnel du réseau de la santé et des services sociaux ont rencontré le ministre du Travail en demandant que sa réforme du régime de santé et sécurité au travail permette de mettre fin à la crise qui sévit dans le réseau. Pour les organisations syndicales, le gouvernement Legault ne peut rater cette occasion de donner tous les moyens aux composantes du réseau pour agir en prévention.
Une réforme pour mettre fin à la crise dans le réseau
Lors de la rencontre avec le ministre Jean Boulet, les représentantes et les représentants des organisations syndicales ont présenté les éléments qui doivent absolument se retrouver dans le projet de loi pour parvenir à épauler le personnel du réseau :
- Tous les mécanismes de prévention et de surveillance qui existent actuellement et qui sont déployés dans les secteurs prioritaires doivent être étendus au réseau de la santé et des services sociaux.
- La prévention en matière de santé psychologique et de violence doit être une priorité absolue.
- S’assurer que la CNESST joue pleinement son rôle et qu’elle soit dotée des ressources et des pouvoirs nécessaires pour contrôler l’efficacité des mesures de prévention prises par les établissements du réseau.
- S’assurer que le MSSS prenne ses responsabilités en prévention.
« Le gouvernement a une chance en or de donner un coup de main au personnel du réseau. Il faut arrêter l’hémorragie et faire ce qu’il faut pour que celles et ceux qui soignent la population retrouvent la santé. Pour ça, il faut une réforme de la SST ambitieuse et décentralisée », expliquent les représentantes et les représentants des organisations syndicales.
Données sur l’état de santé du personnel du réseau de santé
- Hausse importante des coûts pour les troubles musculosquelettiques (+ 36 %), les chutes (+ 45 %) et les actes violents (+ 82 %), au cours des deux dernières années.
- Hausse de 34 % des heures d’absence en santé et sécurité du travail pour l’ensemble des établissements publics, passant de 3,3 à 4,4 millions d’heures de 2014 à 2018, soit l’équivalent de 2 400 personnes à temps complet.
- 24,5 millions d’heures en assurance salaire pour l’ensemble des établissements publics en 2017-2018, un bond de 27,7 % en deux ans, soit l’équivalent de 13 250 postes à temps plein.
- Près de 39 % des dossiers en assurance salaire en 2017-2018 impliquaient un diagnostic de santé mentale.
Citations :
« On vit une crise majeure dans le réseau de la santé et des services sociaux. Il ne se passe pas un jour sans qu’une ou un salarié ne subisse un acte, de violence physique ou psychologique, dû à la nature de son travail. C’est près de 16 000 personnes à temps plein, dont on se prive collectivement. Il faut que le ministre du travail accorde les ressources nécessaires à la CNESST pour que cette dernière assure la sécurité et la santé tant physique que psychologique du personnel. Le ministre du travail doit prendre ses responsabilités. » – Véronic Lapalme, vice-présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
« Les chiffres sur les arrêts de travail sont alarmants. La situation est suffisamment grave pour que les deux parties (gouvernementale et syndicale) œuvrent de façon paritaire en prévention dans un objectif commun : trouver des solutions consensuelles pour s’assurer d’avoir un milieu sain et sécuritaire pour protéger les travailleuses et travailleurs de la santé. » – Claire Montour, présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ)
« On a besoin d’une CNESST beaucoup plus interventionniste pour donner l’impulsion pour agir en prévention sur le terrain. On en est rendu là parce que le ministère et les établissements ne jouent pas leur rôle. Dans la réforme en SST, ça va prendre plus de moyens et de soutien pour aider les milieux de travail à s’organiser en prévention. La surveillance externe de la CNESST est la clé pour contrôler l’organisation et l’efficacité de la prévention dans le réseau. On a du retard à rattraper et on doit mettre toutes les chances de notre bord! » – Judith Huot, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)
« La santé psychologique n’est toujours pas dans les priorités d’intervention de la CNESST. Lorsqu’un de nos syndicats est interpellé par ses membres pour investiguer et documenter les problématiques vécues dans leur milieu de travail, les résultats démontrent un niveau de détresse psychologique élevé dont les facteurs proviennent du milieu de travail. Il est excessivement difficile actuellement pour une personne salariée de se voir reconnaître la santé psychologique comme une lésion professionnelle. C’est pour ça que les gens se retrouvent en assurance salaire. » – Christian Naud, responsable du dossier politique de la santé et sécurité au travail de la Fédération des professionnèles (FP-CSN)
« Les employeurs du secteur de la santé ont eu 40 ans pour s’organiser en prévention, aujourd’hui, on dit au ministre que c’est un constat d’échec, le temps est venu d’imposer une prise en charge de la prévention. » – Linda Lapointe, vice-présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
« Le gouvernement a le devoir d’être proactif quant à la protection des travailleuses et des travailleurs de la santé et des services sociaux. Mais l’inertie du MSSS et de la CNESST en matière de prévention en santé et sécurité du travail fait en sorte que les travailleuses et les travailleurs du réseau en deviennent bénéficiaires. Il est plus que temps que la réglementation soit modernisée et que la Loi sur la santé et la sécurité du travail soit pleinement respectée. Puisque l’ASSTSAS est dotée de l’expertise nécessaire afin d’implanter des mesures efficaces de prévention en santé et sécurité, le gouvernement doit lui octroyer les ressources légales et financières nécessaires au déploiement de mesures préventives de plus grande envergure. Ainsi, plus d’employeurs et de travailleuses et travailleurs seraient outillés en prévention et la hausse alarmante de lésions et de maladies professionnelles pourrait être freinée. » – Michel Jolin, secrétaire général du CPAS SCFP-FTQ
« Ce qui est en jeu ici, c’est la capacité du réseau de la santé et des services sociaux à donner les soins et les services auxquels la population a droit. Il faut agir en amont des problèmes de santé et de sécurité. Dans le réseau, c’est du personnel malade qui prend soin d’autres malades. Il est grand temps que cette situation intenable change. » – Marie-Anne Gilbert, vice-présidente au service aux membres du Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ)