Montréal, le 16 avril 2020. – La Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ) s’inquiète fortement de la confusion qui s’installe dans le réseau collégial dans le sillage de l’arrêté ministériel du 10 avril dernier qui permet au gouvernement du Québec de réaffecter dans le secteur de la santé les personnels œuvrant notamment dans le réseau collégial. « Comme le démontrent la reprise des cours à distance et l’inscription de plusieurs sur une base volontaire pour combler les besoins du réseau de la santé et des services sociaux, les enseignantes et les enseignants du réseau collégial reconnaissent l’urgence sanitaire et sont prêts à mettre l’épaule à la roue. Dans ce contexte, le manque de clarté, voire l’improvisation, des directives reçues dans les collèges n’est pas sans provoquer certaines tensions et frustrations », de déclarer la présidente de la FEC-CSQ, Lucie Piché.
Les directions de collèges appelées à dresser des listes de noms sans concertation
Rappelons que, dans la journée de mercredi, le gouvernement a exigé que les directions collégiales fournissent au ministère de la Santé et des Services sociaux la liste des noms et numéros de téléphone du personnel enseignant de six programmes techniques. Une liste similaire, regroupant cette fois les étudiantes et étudiantes de 2e et 3e année, aurait également été exigée. Cette opération a été réalisée sans concertation aucune avec les organisations syndicales représentant les professeures et professeurs du réseau collégial, comme le stipule pourtant l’arrêté ministériel du 10 avril.
« S’il est certain que les besoins sont immenses, il ne faut cependant pas que ces nouvelles exigences entrent en conflit avec les efforts consentis par le personnel enseignant pour terminer la session à distance et assurer la relève dans le réseau de la santé et des services sociaux. Le recrutement doit continuer de se faire essentiellement sur une base volontaire », ajoute la présidente de la FEC-CSQ.
La formation collégiale a en effet été déclarée « service essentiel » par le gouvernement et le personnel enseignant est à pied d’œuvre depuis des semaines pour transformer les cours afin d’offrir la formation manquante en ligne, et ce, avec des moyens technopédagogiques limités et en toute improvisation. Cette transformation est très exigeante, et ce, tant pour le personnel enseignant que pour les étudiantes et étudiants qui suivent leur formation en ligne.
« Nous sommes à quelques semaines de diplômer des étudiantes et étudiants qui viendront combler, à compter de juin, de nombreux postes vacants dans le réseau de la santé et des services sociaux. Nous sommes particulièrement inquiets que le gouvernement veuille par ailleurs réquisitionner non seulement des finissantes et des finissants, mais aussi des cohortes étudiantes qui n’en sont qu’à mi-parcours de leur formation. Il faut s’assurer d’offrir des soins de qualité et ne pas mettre, non plus, en péril la santé et la sécurité des jeunes recrues », insiste la représentante syndicale.
« Le réseau collégial est prêt à collaborer! Il faut cependant éviter d’ajouter de la pression sur les épaules du personnel enseignant qui travaille déjà à plein régime pour terminer l’actuelle session, malgré l’urgence sanitaire et les défis de conciliation famille-travail », de conclure Lucie Piché.