Montréal, le 8 octobre 2020. – La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) constatent que le rapport de la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, met le doigt sur un grand nombre des maux qui affligent le ministère de la Famille depuis plusieurs années.
« La vérificatrice générale confirme que le ministère de la Famille fait face à des lacunes généralisées alors que 55 000 enfants attendent une place dans le réseau des services éducatifs subventionnés à l’enfance, le pire scénario qu’on pouvait imaginer. La réalité, c’est que les premières victimes de ce laxisme gouvernemental sont les femmes qui, dans les chiffres, sont majoritairement contraintes d’abandonner leur emploi à cause du manque de places. Cette situation, qui nous fait retourner 15 ans en arrière, est aussi inacceptable que gênante puisqu’elle brime directement le droit des femmes à un accès équitable au marché du travail et de l’emploi. S’il veut être crédible et juste, le plan de relance du gouvernement Legault doit, de toute urgence, prévoir dès maintenant des investissements prioritaires dans les services éducatifs à la petite enfance pour répondre aux besoins et faire en sorte que les femmes puissent améliorer leur situation économique », souligne la présidente de la CSQ, Sonia Ethier.
Parmi ses recommandations, la vérificatrice générale demande que l’offre de services qui découle de la stratégie de déploiement puisse répondre aux besoins des familles. Dans son plus récent rapport annuel de gestion, déposé le 1er octobre 2020 à l’Assemblée nationale, le ministère de la Famille révèle qu’il a complètement raté sa cible concernant le nombre de territoires avec un déficit de places, passant de 36 % à 53 %. La cible du ministère, pour cette année, était pourtant de 35 %. « Nous avons, à de maintes reprises, souligné les problématiques causées par la pénurie de main-d’œuvre qui mine les efforts pour la création de places. De plus, la vérificatrice générale partage un nombre important de nos constats en lien avec le guichet unique La Place 0-5. Nous espérons que le ministère aura davantage une oreille attentive à la suite de ce rapport accablant », note la présidente de la FIPEQ-CSQ, Valérie Grenon.
Enfants ayant des besoins particuliers
La vérificatrice générale déplore par ailleurs que 470 millions de dollars aient été investis pour soutenir les enfants ayant des besoins particuliers sans aucune reddition de comptes. La FIPEQ-CSQ a dénoncé à de multiples reprises cette situation qui relève directement de directives données par le ministère permettant aux établissements de dépenser ces sommes à d’autres fins. « Ça n’a aucun sens. Les subventions doivent être dédiées aux enfants qui ont des besoins particuliers. Le réseau des services éducatifs a comme mission de soutenir les plus vulnérables. Or, la vérificatrice générale dresse des constats troublants en démontrant que trop peu d’enfants ont accès à des services de qualité. Le ministre doit cesser de se cacher derrière la complexité du réseau et agir dès maintenant », termine Mme Grenon.
Pénurie de main-d’œuvre
Les organisations rappellent que, lors d’une conférence de presse tenue le 5 octobre, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a reconnu pour la première fois que le réseau faisait face à une pénurie de main-d’œuvre. Le 9 mai dernier, le gouvernement édictait un arrêté ministériel prévoyant la réduction temporaire du nombre d’éducatrices qualifiées, passant de deux sur trois par établissement à un sur trois. « Le rapport de la vérificatrice relève que les établissements peinaient à respecter le critère de deux éducatrices formées sur trois. Nous craignons que la réduction du personnel qualifié devienne permanente si le ministre ne fait rien pour s’attaquer aux problèmes structurels de la pénurie de main-d’œuvre », ont mentionné les présidentes.
Document à consulter
- Rapport de la vérification générale