Montréal le 16 juin 2014. – La Coalition pour les droits des peuples autochtones au Québec demande que le gouvernement du Québec réagisse urgemment afin de mettre en place un plan d’action pour lutter contre les violences faites envers les femmes autochtones, et ce, en collaboration avec Femmes Autochtones du Québec et les organismes de la société civile.
Dans un rapport publié récemment, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ajoute de nouvelles preuves à la conclusion qu’elle avait rendu publique plus tôt, à savoir que 1017 femmes et fillettes autochtones ont été tuées entre 1980 et 2012, un taux d’homicide au moins 4 fois supérieur à celui de toutes les autres femmes. 46 meurtres de femmes autochtones ont été répertoriés au Québec. Le rapport identifie également 164 cas non résolus de femmes ou de filles autochtones disparues depuis au moins 30 jours.
Mais ces chiffres pourraient être incomplets ou sous-estimer l’ampleur réelle de la violence faite aux femmes autochtones en raison d’incohérences ou d’inexactitudes dans les archives policières sur l’identité autochtone.
La Coalition salue les efforts de la GRC concernant la recherche menée et la publication de ces statistiques. Néanmoins, nous sommes très inquiets du fait que le service de police nationale n’ait pas auparavant tenté de clarifier l’étendue de la violence vécue par les femmes et les fillettes autochtones.
La Coalition est satisfaite de l’aide gouvernementale québécoise récemment octroyée pour qu’une enquête soit menée sur l’ampleur de cette crise. C’est une première étape d’un plan d’action, car il est en effet essentiel d’avoir de l’information fiable et complète entourant la violence faite aux femmes et aux filles autochtones, afin de développer des stratégies de prévention efficaces. Cependant, nous tenons aussi à rappeler qu’au cours des dernières années, des organismes membres de la Coalition ont déjà remis au gouvernement un certain nombre de rapports dont les recommandations peuvent déjà être adoptées, car relevant des compétences provinciales :
– Examiner les protocoles de police quand il s’agit de la disparation d’une femme ou fille autochtone et voir s’ils sont adéquats.
– Rendre la justice accessible.
– Financer adéquatement les services aux enfants ; une femme subissant des violences hésitera à les dénoncer si elle craint de se voir retirer la garde de ses enfants, ce qui arrive trop souvent par manque de solutions alternatives.
– Financer les maisons d’hébergement et d’accueil pour femmes autochtones.
– Veiller à ce que les développements économiques se fassent avec le consentement des peuples autochtones quand ils sont concernés, leur permettant ainsi de pourvoir aux besoins économiques et sociaux de leur communauté, dont celui, criant, de logements décents.
– Inclure une analyse de genre dans tous les projets de développement, car ceux-ci peuvent avoir des répercussions négatives et nourrir les violences envers les femmes autochtones.
– Assurer l’accès à l’éducation et à la santé sans discrimination entre populations autochtones et non autochtones.
« Le fait que l’information de la GRC vienne tout juste d’être rendue disponible auprès des autres divisions de la police et du public est une raison de plus pour demander une commission d’enquête nationale sur les meurtres et les disparitions des femmes autochtones, dit Viviane Michel de Femmes autochtones du Québec. Le gouvernement du Québec doit user de son influence pour convaincre le gouvernement du Canada de la mettre en place urgemment. »
« Les gouvernements ont une responsabilité fondamentale, celle de faire tous les efforts pour faire cesser la violence faite aux femmes, en collaborant à tous les paliers et en concertation avec les premières concernées, pour mettre sur pied un plan d’action national complet et coordonné », affirme Béatrice Vaugrante, directrice générale de la branche francophone d’Amnistie internationale Canada.
« Les familles autochtones, ainsi que tous les citoyens, méritent une réponse, affirme Ghislain Picard, Chef de l’Assemblée des Peuples Nations du Québec et du Labrador. Mais par-dessus tout, les femmes des Premières Nations, inuites et métisses, méritent un plan d’action concret et efficace basé sur des données fiables et une réelle compréhension du problème, ainsi qu’un engagement sincère à changer les choses. »