Montréal, le 8 janvier 2024. – « Après les négociations du secteur public, 2024 sera une année d’action et de transformations », de lancer d’emblée Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), en conférence de presse aujourd’hui, tout en soulignant que ce sera également une année de congrès pour la Centrale.
« C’est un moment important pour une grande centrale syndicale comme la nôtre. Un congrès, c’est l’opportunité de revoir nos orientations, de nous mettre au diapason de nos membres et de calibrer nos objectifs. Ce congrès sera notamment l’occasion d’affirmer le leadership de la CSQ en éducation – de la petite enfance à l’enseignement supérieur. En 2024, on veut plus de bienveillance, et plus d’audace aussi. La vie change, la société se transforme… Mais au Québec, on parle encore et toujours de structures et d’administration, pas de vision à long terme, pas de projets. »
En route vers le Congrès
La Centrale entame la dernière ligne droite vers son 44e Congrès, qui se déroulera en juin prochain. « Cet événement phare de notre organisation est l’occasion pour près de 1000 congressistes de débattre et d’adopter des résolutions qui guideront le plan d’action de la CSQ pour les trois prochaines années. Placé sur le thème de la confiance dans nos institutions, le prochain congrès sera également un moment privilégié pour discuter de l’avenir de l’éducation au Québec », souligne Éric Gingras.
Depuis plusieurs années, les secteurs de la petite enfance, de la formation générale, de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur font face à de nombreux défis et ne sont pas épargnés par la perte de confiance qui se fait sentir à l’égard des institutions. Cette perte de confiance est plurielle.
On l’observe à travers le discours ambiant, qui remet souvent en doute la capacité des institutions éducatives à remplir leur mission adéquatement. On l’observe aussi à travers l’effritement de la confiance de l’État envers ses propres institutions et envers le personnel qui y œuvre. De même, le recours croissant à des organismes ou à des services externes, souvent privés, pour pallier les soi-disant manques des réseaux ou encore la mise en place de dispositifs de reddition de comptes de plus en plus contraignants pour le personnel en sont aussi des illustrations.
« En d’autres mots, il faut remettre de l’avant une vision de l’éducation basée sur les valeurs d’égalité des chances et de justice sociale. À notre prochain congrès, nous souhaitons donc réfléchir aux changements à mettre en œuvre pour rendre l’accès aux réseaux de l’éducation plus juste et équitable, notamment autour des questions relatives aux inégalités d’accès, aux élèves avec des besoins particuliers et aux enjeux de littératie », ajoute le président de la CSQ.
« Plus que jamais, il faut rétablir la confiance dans nos réseaux de l’éducation et cultiver la confiance envers le personnel. C’est aussi un élément pour valoriser le travail de celles et de ceux qui y œuvrent au quotidien », affirme M. Gingras.
L’héritage des négociations : la solidarité sociale
Pour la CSQ, il apparaît important de souligner que les négociations du secteur public et l’appui important de la population et de l’opinion publique envers les travailleuses et les travailleurs auront assurément laissé des traces.
« L’expérience des derniers mois nous confirme que nous avons misé juste en mettant l’accent, dès le tout début, sur les gens, celles et ceux qui prennent soin, éduquent, enseignent, soutiennent, appuient. Nous avons voulu une négociation au visage humain, celui d’une sœur, d’une amie, d’un conjoint, d’une belle-sœur, etc. Prendre soin du Québec, c’est aussi s’assurer que les Québécoises et les Québécois ont les services auxquels ils ont droit. C’est s’occuper de notre avenir comme société et affirmer haut et fort que le Québec mérite mieux. Et notre message a été compris par la population. Les conditions de travail sont un morceau important, évidemment, mais il fallait aussi ramener nos réseaux à leur place dans notre société, c’est-à-dire au cœur du quotidien des Québécoises et des Québécois. Et ça, c’est aussi un travail qui se poursuivra pour les mois à venir, parce que la négo ne règle pas tout », insiste Éric Gingras.
« Il s’est passé quelque chose au Québec. Et l’année 2023 s’est donc conclue sur une note de solidarité sociale qui fait du bien, parce qu’il y a du travail qui nous attend pour les mois à venir. Cette vague d’appuis amène certainement une énergie nouvelle dont on a besoin. »
Perspectives CSQ 2024
Différents enjeux occuperont également la CSQ au cours de l’année qui vient. Périodiquement, la question de la violence dans les établissements scolaires refait surface dans l’espace public, mais dans les milieux, c’est une constante. La banalisation de la violence alourdit la tâche et le climat de travail, et il semble que cet enjeu n’est ni bien compris ni abordé adéquatement. Bref, on n’en parle jamais trop, et la Centrale réitère qu’il s’agit d’un enjeu de société qu’il faut prendre de front et par la prévention, à l’intérieur comme à l’extérieur des murs des écoles.
Parce que l’éducation commence chez nos tout-petits, les négociations qui débutent du côté des intervenantes en petite enfance seront aussi dans la mire de la Centrale.
Autre élément dans le paysage : l’intelligence artificielle (IA). Il est évident que le monde du travail tel que nous le connaissons s’apprête à être profondément transformé. Or, une fois de plus, il semble que la capacité à établir un dialogue social dans un intérêt supérieur commun pour faire avancer les enjeux de société s’impose comme un élément clé.
« Il faut réfléchir aux emplois réinventés, aux emplois disparus, aux nouveaux emplois et à ceux qu’on ne connaît pas encore! Il faut se pencher sur les enjeux de formation, revoir la formation continue, parler de littératie numérique, du droit à la déconnexion et de la surveillance électronique. Il y a des opportunités et des enjeux, mais il faut absolument préparer les travailleuses et les travailleurs à l’intégration de l’IA dans la société », fait valoir Éric Gingras. Rappelons brièvement qu’au printemps dernier, le gouvernement confiait au Conseil de l’innovation du Québec le mandat de définir les enjeux et les opportunités soulevés par l’IA et d’assurer son développement et son utilisation éthiques et responsables. Le président de la CSQ a coprésidé une table de réflexion sur le thème des effets de l’IA sur le travail et les emplois.
« En participant à cette démarche, nous assumons pleinement notre leadership comme acteur social. La CSQ est concernée sur différents fronts par le développement de l’IA, et il vaut mieux faire partie des réflexions et jouer un rôle actif plutôt que de devoir ramasser les pots cassés dans quelques années. C’est fondamental : il faut placer l’humain au cœur de cette transformation », conclut Éric Gingras.