Syndicalisme

Pourquoi faire le choix d’une centrale syndicale?

12 septembre 2024

Si s’impliquer dans un syndicat local permet de défendre les droits des travailleuses et des travailleurs, s’engager auprès d’une centrale syndicale apporte une tout autre dimension à ses actions. En marge du 44e Congrès de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui a eu lieu en juin dernier, deux militantes et un militant s’entretiennent de cet engagement avec le président de la CSQ, Éric Gingras. Une discussion qui a fait l’objet du balado Prendre les devants.

Par Anne-Marie Tremblay, collaboration spéciale | Photo : Pascal Ratthé

« La Centrale nous permet de développer un grand sentiment d’appartenance », a résumé d’entrée de jeu Édith Pouliot, présidente du Syndicat des professeures et professeurs du Cégep de Sainte-Foy (SPPCSF-CSQ), affilié à la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ). Un effet qu’elle a ressenti notamment au sein du Front commun, où les liens tissés avec d’autres syndicats de la CSQ ont eu un effet mobilisateur.

De plus, si le syndicat local s’occupe davantage du quotidien des travailleuses et des travailleurs, la Centrale porte aussi plusieurs enjeux de société, comme les luttes féministes et environnementales, a-t-elle décrit. Un autre facteur qui, selon Édith Pouliot, suscite l’adhésion des troupes.

Améliorer le rapport de forces

Le fait d’être regroupés améliore aussi le rapport de force, observe la présidente du Syndicat du personnel professionnel de l’Éducation du Cœur et du Centre-du-Québec (SPPECCQ-CSQ), Alexandra Vallières : « Nous représentons un nombre minime dans la marée du personnel scolaire, alors que nous sommes près de 12 000 professionnelles et professionnels à l’échelle nationale sur un total de 130 000 personnes. » Faire partie de la CSQ permet donc d’avoir plus de poids lors des négociations, mais aussi de recevoir plus de services, note la représentante de ce syndicat affilié à la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ).

Un point de vue que partage Yves Brouillette, président du Syndicat lavallois des employés de soutien scolaire (SLESS-CSQ), affilié à la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ). Il a aussi ajouté que la diversité des groupes syndicaux, des types d’emplois et des secteurs représentés constitue aussi un avantage : « Cela fait en sorte que nous pouvons partager nos différentes réalités et faire des choses qui vont rallier l’ensemble des membres. » De plus, à travers les différentes instances, les syndicats locaux ont voix au chapitre des enjeux collectifs portés par la Centrale.

S’accorder avec ses valeurs

C’est aussi par conviction féministe, mais également parce que cela correspondait à ses valeurs profondes, comme la justice sociale, qu’Alexandra Vallières a décidé de s’engager syndicalement. « Toutefois, je pense qu’encore aujourd’hui, les hommes vont avoir tendance à s’impliquer d’emblée, alors que les femmes ont tendance à croire qu’elles n’ont pas ce qu’il faut pour se lancer. Cela prend souvent une main tendue, une personne qui nous fait réaliser qu’on est capable, pour se lancer. » Édith Pouliot a aussi longtemps ressenti le sentiment d’imposture, a-t-elle confié.

Les défis de l’implication

Certains défis se posent en matière d’implication, ont rappelé les personnes invitées au balado. Ainsi, il peut être ardu pour les membres de s’y retrouver entre les différentes instances syndicales et, donc, de se sentir interpellés. « Les gens ne passent pas leurs temps libres à étudier ce qu’est un syndicat, une fédération, et on les comprend! Même quand on commence à s’impliquer, quand on voit ces grosses machines, ça fait un peu peur. Mais on comprend vite l’utilité de tout un chacun », a illustré Yves Brouillette.

C’est d’ailleurs normal que les nouveaux membres s’intéressent d’abord à leur syndicat local, mis en place pour protéger leur corps d’emploi, a noté Alexandra Vallières : « Je comprends que nos membres, au départ, ne soient pas proches de la Centrale, parce qu’ils ne connaissent pas bien cette instance. »

Les représentantes et représentants sur le terrain ont d’ailleurs pour mission de faire le pont entre leur fédération et la Centrale, estime pour sa part Édith Pouliot : « Notre rôle, c’est d’abord d’amener les gens vers les instances locales, puis de démocratiser le tout. Au-delà des structures, il y a du vrai monde derrière les fédérations et la Centrale! »

« Plus on est impliqué, plus on développe une cohésion avec les valeurs de notre centrale », a poursuivi Alexandra Vallières. La culture syndicale de la CSQ, qui repose beaucoup sur la démocratie, agit aussi comme un socle au militantisme. D’où l’importance d’événements comme le Congrès qui permettent d’échanger, de partager et de mieux se connaître. « Plus on connaît la réalité des autres, plus on est capable de les comprendre et de porter leurs revendications, leurs préoccupations et de trouver des voies de passage », a résumé la militante. Une force!

* Pour une meilleure compréhension, les propos ont été édités.