Enseignement supérieur
Pour une recherche scientifique indépendante au Québec!
5 juin 2024
Le 1er juin dernier est entrée en vigueur la Loi modifiant principalement la Loi sur le ministère de l’Économie et de l’Innovation en matière de recherche (PL44). Plusieurs éléments de cette réforme interpellent les syndicats de la Fédération de la recherche et de l’enseignement universitaire du Québec (FREUQ-CSQ)
Par Gabriel Danis, conseiller CSQ
Le transfert de responsabilité de la recherche au ministère de l’Économie de l’Innovation et de l’Énergie (MÉIÉ) soulève plusieurs questions. « Dans son ensemble, le projet risque de renforcer le contrôle gouvernemental sur la recherche et de fragiliser son indépendance. Ce projet ne propose donc aucune amélioration majeure et est très éloigné des préoccupations des acteurs du milieu de la recherche », souligne Wilfried Supper, vice-président aux communications du Syndicat des professionnelles et professionnels de recherche de l’Université Laval (SPPRUL-CSQ), responsable du dossier.
Pourquoi ce transfert?
Auparavant, cette responsabilité incombait au ministère de l’Enseignement supérieur (MES). « Alors que la mission du MES nous apparaît plus à même de mobiliser les activités de recherche scientifique pour le bien commun, nous nous interrogeons sur le signal que ce transfert envoie et sur les motifs sous-jacents », souligne Vincent Beaucher, président de la FREUQ-CSQ.
Pour la pérennité du financement de la recherche libre
La part de financement de la recherche libre doit également être protégée. La tendance à privilégier la recherche dirigée au détriment de la recherche libre pourrait compromettre l’innovation à long terme dans le domaine scientifique.
Par exemple, le PL 44 prévoit « une prépondérance du financement des programmes d’aide financière au soutien de la recherche libre ». Cette formulation inquiète. « Est-ce qu’en restant prépondérant, le financement de la recherche libre est susceptible de varier progressivement à la baisse? En ce cas, y a-t-il des garanties prévues pour qu’un seuil minimal de prépondérance soit garanti? », s’interroge le vice-président du SPPRUL-CSQ.
S’attaquer à la précarité
Dans le secteur universitaire et de la recherche, la précarité affecte particulièrement les chargés de cours et les professionnels de recherche (PPR).
Dans ce contexte, « il convient de rappeler l’un des éléments essentiels soulevés lors du chantier de l’université québécoise du futur : l’importance d’accroître le nombre de chercheurs au Québec, notamment en valorisant les chargés de cours possédant un doctorat. Ces professionnels, bien que dotés d’une expertise précieuse, demeurent sous-utilisés dans le système actuel », ajoute M. Beaucher.
Bien que trop souvent méconnu, alors qu’ils sont un rouage essentiel de la recherche scientifique au Québec, le quotidien des professionnels de recherche comporte aussi son lot de précarité. « La rémunération des PPR provenant presque exclusivement des subventions allouées aux différents chercheurs, nos emplois sont soumis aux aléas de l’obtention de financement par ces chercheurs, ce qui nous expose à une forte précarité », déplore M. Supper.
La FREUQ-CSQ en appelle à mettre fin à cette précarité et rappelle qu’elle sera toujours là pour surveiller l’évolution de la situation et défendre le personnel universitaire et de la recherche au Québec.