Éducation, Travail
Pénurie de main-d’œuvre : un défi urgent pour l’avenir du système scolaire
4 février 2025
Le dernier Réseau d’action professionnelle de la CSQ a permis de mettre en lumière l’ampleur de la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de l’éducation au Québec. Cette situation critique touche tous les niveaux d’enseignement et met en péril l’avenir des élèves et du personnel scolaire. Résumé de la présentation de Geneviève Sirois, professeure au Département Éducation de l’Université TÉLUQ et cotitulaire de la Chaire UNESCO en politiques éducatives et profession enseignante.
Par Félix Cauchy-Charest, conseiller CSQ
Une pénurie qui s’aggrave partout au Québec
Le constat est alarmant : toutes les régions du Québec sont touchées par le manque de personnel, bien que l’ampleur de la crise varie selon les localités. Les milieux disposant d’une université offrant une formation en enseignement semblent mieux équipés pour affronter la crise que ceux qui en sont dépourvus. La pénurie touche non seulement les enseignantes et enseignants, mais aussi l’ensemble du personnel, incluant les directions d’établissement.
Des causes multiples et profondes
Plusieurs facteurs expliquent cette crise, selon Geneviève Sirois, notamment une augmentation des besoins due à la croissance démographique et aux vagues d’immigration, combinée à une vague massive de retraites depuis 2010. De plus, la surcharge de travail et la complexité croissante des tâches, amplifiées par la pandémie, ont accéléré les départs.
L’attractivité des professions de l’éducation est également en jeu. La rémunération peu compétitive, la précarité des conditions d’emploi et l’absence de reconnaissance des compétences socio-émotionnelles contribuent à un désintérêt grandissant de la relève. Enfin, la déréglementation rapide des voies de formation et l’embauche massive de personnel non qualifié posent des questions sur la qualité de l’enseignement.
Des conséquences dramatiques pour le système éducatif
Les répercussions sont multiples, d’après Geneviève Sirois. Pour les élèves, cela signifie des classes surchargées, une baisse de la qualité des apprentissages et des interventions moins adaptées à leurs besoins. L’accès aux services professionnels (psychologues, orthopédagogues, etc.) est de plus en plus restreint. Certaines écoles doivent annuler des programmes et limiter l’ouverture de nouvelles classes en raison du manque de personnel.
Du côté des enseignantes et enseignants et du personnel scolaire, la surcharge de travail engendre un stress grandissant, une diminution de la satisfaction professionnelle et une hausse des départs. Dans certains cas, les absences ne sont pas remplacées, forçant les enseignantes et enseignants présents à assumer une charge accrue, ce qui alimente un cercle vicieux de désengagement et d’épuisement.
Comment inverser la tendance?
Face à cette crise, plusieurs stratégies peuvent être mises en place pour améliorer la situation :
- Valoriser les professions de l’éducation :
- Mettre en place des campagnes de sensibilisation pour rehausser le statut du personnel scolaire.
- Améliorer les conditions de travail et la reconnaissance des compétences.
- Améliorer les conditions de travail :
- Augmenter les salaires pour rendre le secteur plus compétitif.
- Réduire la charge de travail et augmenter le soutien aux nouveaux enseignants et enseignantes.
- Renforcer la formation et la rétention :
- Mettre en place des programmes d’insertion professionnelle pour les nouveaux enseignants enseignantes.
- Proposer des incitatifs financiers pour attirer et retenir les travailleuses et travailleurs dans les régions les plus touchées.
- Un gouvernement ayant une vision claire et concertée :
- Le ministère de l’Éducation doit avoir un leadership plus affirmé pour planifier à long terme.
- Il doit y avoir une meilleure communication et une meilleure coordination entre les instances gouvernementales, les centres de services scolaires et les syndicats.
Un combat collectif pour assurer l’avenir de l’éducation
La pénurie de main-d’œuvre en éducation est un problème systémique qui nécessite une approche globale et concertée, selon Geneviève Sirois. Si les conditions de travail ne s’améliorent pas rapidement, le secteur continuera à perdre des talents et la qualité de l’enseignement sera mise en péril. Il est urgent d’agir, car c’est l’avenir de toute une génération qui est en jeu.