Québec, le 20 décembre 2019. – Réunis hier en conseil fédéral, les représentantes et représentants des syndicats membres de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ) expriment de profondes inquiétudes face au dépôt du Comité patronal de négociation des collèges (CPNC) effectué plus tôt cette semaine. Rappelons que le 16 octobre dernier, la FEC-CSQ a déposé ses demandes en vue du renouvellement de la convention collective qui viendra à échéance le 31 mars 2020.
Alors que l’offre salariale du président du Conseil du trésor, Christian Dubé, se situe en dessous de l’inflation, un signe flagrant de la non-reconnaissance de la valeur du travail effectué par les travailleuses et les travailleurs du secteur public, la vision mise de l’avant par les directions des cégeps et le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur dans le dépôt sectoriel représente un déni de notre autonomie et de notre expertise professionnelle. C’est doublement insultant », de déclarer Lucie Piché, présidente de la FEC-CSQ.
Au nombre de nos revendications, plus de reconnaissance et d’autonomie
Bien que le ministre de l’Éducation ait affirmé à de multiples reprises vouloir valoriser la profession enseignante, il est pour le moins choquant de constater que la volonté exprimée dans les documents patronaux lui porte atteinte de plein fouet. Le retrait de plusieurs processus de consultation et d’information, notamment en matière de formation à distance, l’imposition de nouveaux mécanismes de surveillance, particulièrement pour le perfectionnement, ou, encore, l’atteinte à peine voilée à l’autonomie départementale sont, selon nous, inacceptables. « On ne peut pas affirmer d’un côté vouloir mieux reconnaître notre expertise et vouloir nous contrôler de l’autre. Ça ne fonctionne pas! », affirme Lucie Piché.
« De plus, alors que la partie patronale affirme dans son préambule qu’il y a une augmentation exponentielle des étudiantes et étudiants en situation de handicap, il n’y a rien dans ce dépôt pour soutenir les profs dans l’exercice de leur tâche face à cette réalité. On a l’impression que les problèmes que l’on vit dans nos classes ne sont tout simplement pas pris en compte! », ajoute-t-elle.
Rappelons que l’évolution des conditions d’exercice de la profession enseignante a entraîné une complexification et un alourdissement de la charge de travail, tant au secteur régulier qu’à la formation continue. Les membres ont donc priorisé un certain nombre de pistes d’action visant à corriger ces problèmes qui affectent la tâche enseignante. Nos consultations nous amènent également à revendiquer de meilleurs aménagements en matière de conciliation famille-travail, une juste reconnaissance de l’expertise disciplinaire et de l’autonomie professionnelle, ainsi qu’un soutien accru pour le virage numérique et des balises pour le développement de la formation à distance. Enfin, une réduction de la précarité, qui touche plus de 40 % du personnel enseignant au régulier et l’ensemble du personnel de la formation continue, est incontournable. « Non seulement il n’y a aucune réponse à nos demandes sur la précarité, mais le dépôt patronal contient des éléments qui détérioreraient encore davantage les conditions de travail », de s’indigner la présidente de la FEC-CSQ.
Notre forum, la table de négociation
La négociation de 2015 a été faite sous le signe de l’austérité, débouchant sur un résultat largement insatisfaisant. Nous constatons cette fois-ci que la négociation de 2020 s’amorce sous le signe des surplus budgétaires; nous nous attendons donc à un résultat différent, tant au sectoriel qu’à l’intersectoriel. Or, nous considérons que la formule proposée, soit celle de forums, détourne les discussions de l’espace légitime de négociation que sont les tables de négociation sectorielle. Rappelons que trois forums ont été mis en place par le gouvernement sur les sujets suivants : santé globale, réussite éducative au primaire et secondaire et accessibilité aux soins de santé. « Les problèmes du réseau collégial ont clairement été identifiés par nos membres lors de deux tournées de consultation, de même que les solutions permettant d’améliorer les conditions d’enseignement. C’est donc à la table de négociation que doivent se discuter les enjeux du réseau et non dans des forums aux objectifs incertains et aux visées partisanes », ajoute la présidente de la FEC-CSQ.
« Ce sont l’ensemble de ces constats qui ont incité les délégations syndicales à poser hier matin une action symbolique devant les bureaux du ministère afin d’appeler nos vis-à-vis patronaux à amorcer promptement la négociation, et ce, dans les instances prévues par la loi », de conclure Lucie Piché.