Montréal, le 3 décembre 2018. – « Cette mise à jour est très décevante dans le contexte où le gouvernement dispose d’un important surplus budgétaire. Avec une pareille marge de manœuvre financière, nous étions en droit d’espérer des annonces importantes pour nos services publics, mais il n’en est rien. C’est une grosse occasion manquée pour le nouveau gouvernement. »
La présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Sonia Éthier, réagit ainsi à la mise à jour économique présentée aujourd’hui par le gouvernement Legault.
« Alors que pas plus tard que la semaine dernière, le premier ministre François Legault tenait un grand discours dans lequel il faisait de l’éducation sa priorité nationale, son ministre des Finances n’avait rien à dire à ce sujet aujourd’hui. C’est extrêmement décevant. Ce gouvernement a manqué une belle occasion de passer de la parole aux actes pour sa priorité nationale », commente Sonia Éthier.
Des indices inquiétants
Pourtant, la leader syndicale ajoute que les besoins sont criants et les attentes sont élevées.
« François Legault va devoir dépasser les simples envolées oratoires et agir concrètement pour notre réseau public d’éducation en partant de la petite enfance jusqu’à l’université. Il faut non seulement améliorer les services aux enfants, élèves et aux étudiants, mais également les conditions d’exercice du personnel enseignant, professionnel et de soutien », plaide la présidente de la CSQ.
Cette dernière n’est d’ailleurs pas rassurée par les investissements prévus en éducation dans la mise à jour économique.
« En 2018-2019, le gouvernement prévoit déjà des dépenses moins importantes de 120 millions de dollars que ce qui était prévu. Cette économie est maintenue pour les années suivantes. Ainsi les prévisions de budget en éducation de la mise à jour sont de 210 millions de dollars de moins que ceux promis par la CAQ dans son cadre financier électoral. Il faut se rappeler que les promesses de “budget stabilisé” en éducation faites par la CAQ, s’établissaient en dessous des besoins des réseaux. Une fois prise en compte les engagements de la CAQ en éducation, le budget n’augmenterait que de 2,5 % par année. En fin de mandat, cela provoquerait la nécessité d’imposer des compressions de près de 900 millions de dollars », explique Sonia Éthier.
Promesse brisée
Grosse déception également alors que le gouvernement reporte à plus tard son engagement de ramener le tarif unique dans les services de garde en mettant fin à la modulation des tarifs.
« Avec la marge de manœuvre financière actuelle du gouvernement, c’est très décevant pour les familles du Québec alors que François Legault aurait pu aller de l’avant avec la fin de la modulation des tarifs dès l’an prochain. Un gel de la contribution additionnelle est nettement insuffisant et les parents en sont les grands perdants », déplore la présidente de la CSQ.
Quant à la hausse de l’allocation pour les familles de trois enfants, Sonia Éthier reconnaît que c’est une bonne mesure pour les familles à faible revenu. Pour ce qui est de l’augmentation du crédit d’impôt pour les personnes âgées de 70 ans et plus gagnant moins de 22 500 dollars par année, « le ministre devrait être gêné de qualifier cela d’ “ajout significatif”. C’est ridicule. Avant tout, nos personnes âgées ont particulièrement besoin de services de santé de qualité et accessibles, qui passent notamment par de meilleures conditions de travail pour le personnel », précise Sonia Éthier.
Un nouveau souffle pour les services publics
Enfin, la présidente de la CSQ constate que l’objectif de remboursement de la dette sera atteint cinq ans plus tôt que l’exige la loi.
« Ce surplus dont dispose le gouvernement n’est pas tombé du ciel. Cela prouve que les compressions et les gels dans les services publics ont été exagérés et déraisonnables. Cela s’est fait sur le dos des travailleuses et des travailleurs du secteur public, mais aussi de la population qui est en droit de recevoir des services accessibles et de qualité. ll est temps de redonner de l’air aux services publics et à ses employés qui accusent un retard de rémunération de 6,6 %, comme le révélait l’Institut de la statistique du Québec la semaine dernière. Agir ainsi va être bénéfique tant pour la population que pour celles et ceux qui leur assurent des services publics de qualité », conclut Sonia Éthier, présidente de la CSQ.