Éducation
«Mettre en place des mesures est une chose, les appliquer en est une autre»
27 octobre 2023
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et ses fédérations du réseau scolaire saluent le plan présenté par le ministre Bernard Drainville en ce qui concerne la violence dans les écoles, mais elles insistent sur l’importance de s’assurer que le personnel du réseau scolaire reçoive l’appui, le soutien et les ressources nécessaires dans leurs différentes interventions.
Le ministre de l’Éducation a présenté, le 27 octobre, son plan de lutte contre la violence et l’intimidation dans les écoles. Les différents axes de ce plan témoignent d’une volonté d’action de la part du gouvernement, selon la CSQ et ses fédérations. Elles affirment que la mise en place des mesures est une chose, mais que celles-ci doivent aussi être mises en application correctement dans les milieux.
« Depuis de nombreux mois déjà, nous insistons, sur toutes les tribunes, sur l’urgence d’agir. Différents outils sont déjà en place, comme les plans de lutte et les codes de vie notamment, mais malheureusement leur application sur le terrain fait trop souvent défaut. Et ça, c’est un réel problème! », affirme le président de la CSQ, Éric Gingras.
Il ajoute que, « si chaque fois qu’une mesure ou une intervention s’impose, on continue de banaliser la situation pour ne pas avoir à la gérer, rien ne changera ».
« Ça prend plus que de la sensibilisation! »
Éric Gingras ajoute que la violence dans les écoles constitue « enjeu de société plus large que les murs de nos écoles. OK, donc, pour répertorier et avoir un portrait clair, une campagne publicitaire, une semaine de sensibilisation et une journée d’échanges, c’est bien, mais ça prend plus que de la sensibilisation ».
La question du rôle des parents doit aussi être soulevée, selon le président. « C’est évident que ça prend du soutien concret pour les jeunes et les familles. On fait face à un problème social important. Il faut agir sur plusieurs fronts. La violence implique et a des conséquences sur tout le monde, et c’est en ce sens aussi qu’on doit l’aborder. »
Une occasion manquée?
La CSQ et ses fédérations auraient souhaité qu’un dossier de cette importance soit travaillé avec les gens du milieu et que le ministère s’assure d’attacher tous les fils avant d’en faire l’annonce.
La présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), Josée Scalabrini est d’avis que « le ministère a encore manqué une occasion de travailler avec les gens du terrain sur une question qui les concerne pourtant au premier chef ».
Concernant les cours obligatoires sur les enjeux de violence et de santé mentale que souhaite imposer aux élèves le ministère, « nous constatons une fois de plus que les problèmes de toute la société sont pelletés dans la cour de l’école », déplore Josée Scalabrini.
« Encore une fois, malgré les ressources promises, on en rajoute sur les épaules des enseignants, qui devront se former et dispenser du contenu dans le temps d’enseignement qui leur est alloué pour l’ensemble des matières. »
Passer à l’action
Dans le cadre du plan Drainville, les établissements scolaires devront documenter les gestes de violence et d’intimidation et transmettre ces informations au ministère.
« Il n’est plus le temps de documenter la violence, le constat a été fait depuis plusieurs années », affirme pour sa part le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), Éric Pronovost.
Il ajoute qu’il existe déjà des plans de lutte contre la violence et l’intimidation dans les écoles, « mais ils deviennent souvent des outils administratifs ». Il faut, selon lui, mettre en place des comités de vigie permanents avec tous les intervenants scolaires.
De côté des professionnelles et professionnels de l’éducation, qui détiennent une expertise de pointe dans la prévention et la régulation de la violence en milieu scolaire, « il faut davantage les mettre à profit à toutes les étapes de la mise en place des mesures annoncées, que ce soit leur planification, leur implantation ou leur mise en application », mentionne le président de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), Jacques Landry.
Des chiffres qui inquiètent
Des données recueillies et récemment révélées par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) indiquaient une recrudescence de 64 % des lésions professionnelles et psychologiques attribuables à la violence dans les écoles.
Selon un récent sondage mené par la Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ) auprès de ses membres, 18 % d’entre eux ont subi ces violences et 55 % ont été témoins de violence entre les élèves.
« Des politiques, des codes de vie et des règlements sont présents en grand nombre, maintenant, il faut les faire appliquer à la lettre. La violence est inacceptable. Collaborons tous ensemble pour la faire cesser », conclut le président de la FPEP-CSQ, Stéphane Lapointe.