Menace de l’extrême droite : entrevue avec Raymond Basilio et Claire Guéville

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) profite de la présence de nombreux invités internationaux à son 44e congrès pour en connaître davantage sur les situations qui les préoccupent et les défis syndicaux qu’ils rencontrent. En cette deuxième journée d’instance, nous avons rencontré Raymond Basilio et Claire Guéville. 

Par Laurianne Veilleux, stagiaire aux communications

Ce matin, nous avons discuté avec Raymond Basilio, secrétaire général de l’Alliance of Concerned Teachers – Philippines. L’éducation juste et égalitaire étant au cœur de ses revendications, nous voulions qu’il nous en dise davantage sur les répercussions des décisions prises par les instances politiques sur les écoles aux Philippines. 

« En raison des attaques que nous avons subies dans mon pays, avec la présidence de Duterte, les professeurs avaient vraiment peur de s’impliquer et d’être actifs au sein de leur syndicat. Cela a eu comme effet de faire taire les revendications des travailleuses et des travailleurs, notamment en ce qui concerne les conditions de travail des mères. Les professeurs ne pouvaient tout simplement pas parler. » 

Raymond Basilio a milité toute sa vie à titre de syndicaliste, plus particulièrement dans le domaine de l’éducation. Le contexte politique aux Philippines étant très tendu, nous lui avons demandé s’il avait déjà eu à craindre pour sa vie durant ses années de lutte active. 

« Depuis 2019, je n’ai pas été en mesure de retourner à la maison. Je continuais de recevoir des appels qui me menaçaient de mort, qui disaient que j’allais être le prochain à mourir. Mes réseaux sociaux ont été attaqués, des affiches avec mon visage dans les grandes villes ont été installées. » 

Raymond Basilio rapporte que revendiquer peut parfois être synonyme d’être harcelé, voire tué. La montée de l’extrême droite, partout dans le monde, doit inquiéter la population, explique-t-il. En effet, selon lui, des gouvernements d’extrême droite parviendraient à anéantir le syndicalisme, même ici, au Québec. 

Si nous ne continuons pas à nous battre pour nos droits, les personnes les plus touchées seront nécessairement les enseignantes et les enseignants, ce qui aura des répercussions sur leurs conditions de travail, explique Raymond Basilio. Nous devons toujours être sur nos gardes. Aucun pays n’est à l’abri de perdre les droits dont il bénéficie présentement. 

La France ne fait pas exception 

Dans cette même lancée, nous avons eu la chance de nous entretenir avec Claire Guéville, la présidente du Comité syndical francophone de l’éducation et de la formation (CSFEF) et la secrétaire nationale du Syndicat national des enseignements de second degré – Fédération syndicale unitaire (SNES-FSU). 

Avec les derniers développements politiques en France, nous voulions savoir comment la montée de l’extrême droite influence le syndicalisme, pour une personne qui y est confrontée quotidiennement. 

Claire Guéville affirme que la plus grande difficulté actuellement est le dialogue social : « Nous avons fait des revendications, comme l’augmentation de salaire, qui nous sont totalement refusées par l’État. Nous sommes face à un mur, en fait. » 

Tout comme Raymond Basilio, la nouvelle popularité de l’extrême droite est sa principale préoccupation. Selon elle, le pire est à craindre. 

« L’éducation nationale est menacée par l’extrême droite en France. D’ailleurs, avec ce congrès, je ne peux pas m’empêcher de penser à ce qui est en train de se jouer en France. Avec le premier tour des élections législatives dimanche, cela devient un réel enjeu de société. » 

En tant que syndicaliste, elle s’inquiète particulièrement du contexte politique international tendu et des nouvelles dynamiques sociales qui s’installent, car, selon elle, « cela pourrait devenir un enjeu pour les libertés publiques françaises et européennes, mais aussi pour l’ensemble des personnes qui veulent voir une société progressiste, avec une éducation émancipatrice ». 

Les prochaines entrevues seront disponibles au cours des prochains jours.