L’intelligence artificielle au secours du système de santé public?

Non, l’intelligence artificielle (IA) ne sauvera pas notre système de santé. Malgré les promesses d’une meilleure efficacité, elle peine à le transformer concrètement. Son intégration pose même plusieurs problèmes éthiques et organisationnels, tout en favorisant les intérêts des grandes entreprises technologiques.

Par Audrey Parenteau, rédactrice en chef

L’IA offre des applications variées : détection précoce des maladies, automatisation des tâches administratives, optimisation des horaires ou encore meilleure gestion des stocks hospitaliers. Toutefois, « les avantages cliniques, organisationnels et même économiques de l’IA en santé demeurent encore très incertains », indique l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) dans une publication intitulée Les GAFAM contre la santé durable : vers une intelligence artificielle au service du réseau public de santé et de services sociaux.

Les grandes entreprises du numérique, comme Amazon et Google, investissent massivement dans l’IA en santé, mais leurs modèles d’affaires reposent davantage sur l’acquisition de startups que sur une amélioration durable des soins. Cette privatisation progressive engendre des problèmes, notamment en matière de précarisation du travail et de surveillance accrue du personnel.

Par ailleurs, le financement public de l’IA en santé favorise la création d’entreprises lucratives plutôt que le développement de technologies axées sur la prévention et la réduction des inégalités de santé. « La lutte aux inégalités de santé […] est donc exclue des stratégies d’investissement en IA du gouvernement », souligne l’IRIS.

L’alternative serait de réorienter ces investissements en impliquant davantage les travailleuses et travailleurs de la santé, les patientes et patients ainsi que les chercheuses et chercheurs. En coproduisant ces technologies avec les acteurs du terrain, l’IA pourrait mieux servir les intérêts du système public et respecter les principes de la santé durable.

En savoir plus

Écoutez la vidéo produite par l’IRIS sur le sujet.