Société
L’Institut de recherche sur le français en Amérique (IRFA) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) s’inquiètent du contrôle politique des statistiques au MELS
4 juillet 2012
Québec, le 4 juillet 2012. – Le 27 juin dernier, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) dévoilait un document sur les indicateurs linguistiques dans le domaine de l’éducation. De nombreux renseignements contenus dans ce document faisaient depuis longtemps l’objet d’une demande d’accès en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, comme les données sur la fréquentation des cégeps selon la langue maternelle.
« Depuis au moins deux ans, plusieurs intervenants, dont l’IRFA et la CSQ, ont tenté d’obtenir des données linguistiques du MELS. Ces données nous ont toujours été refusées sous prétexte qu’elles étaient en attente de validation. Or, le document du MELS publié le 27 juin contient des tableaux validés depuis près d’un an ! Que doit-on conclure ? » demande Patrick Sabourin, président de l’IRFA.
Rappelons qu’en mars 2011, le Conseil supérieur de la langue française (CSLF) publiait dans un avis non sollicité des données sur la fréquentation du cégep français par les allophones. Ces données, dont le MELS avait refusé l’accès à l’IRFA et à la CSQ parce qu’elles étaient en cours de validation, montraient que la fréquentation du cégep français par les allophones avait augmenté d’environ 13 points entre 2007 et 2009. Or, selon les données validées du MELS publiées le 27 juin dernier, l’augmentation réelle de la fréquentation du cégep français par les allophones entre 2007 et 2009 est plutôt de l’ordre de 3 points. L’écart entre les données validées du MELS et les données provisoires du CSLF est suffisamment élevé pour que l’avis diffusé par le CSLF soit réévalué.
Au sortir d’un congrès où les questions de langue et d’identité nationale ont été au cœur des débats, la CSQ tient à joindre sa voix à celle de l’IRFA. « Des explications s’imposent. Les résultats de l’étude du CSLF ont alimenté nos travaux lors de notre dernier congrès. Or, on se rend malheureusement compte que certaines données de cette étude ne correspondent pas aux faits. La transparence et la libre circulation des données constituent les prérequis d’un débat démocratique sain et équilibré, particulièrement dans le domaine de la langue » souligne Louise Chabot, présidente de la CSQ.
De fait, « on se retrouve devant une situation inacceptable. D’un côté le CSLF publie en exclusivité des données provisoires du MELS sans en indiquer le caractère incertain. De l’autre, le MELS refuse pendant plus d’un an de publier des données validées qui n’ont simplement pas reçu l’approbation de la ministre. Autrement dit, le CSLF publie des données non validées qui dressent un portrait exagérément encourageant, alors que le MELS retarde indûment la diffusion de ses données validées qui montrent un portrait moins flatteur. Pourquoi le ministère a-t-il fourni au CSLF des données non validées ? Pourquoi le CSLF n’a-t-il pas indiqué que les données du MELS publiées en avril 2011 étaient provisoires ? Pourquoi les analystes du MELS et du CLSF n’ont-ils pas vu, alors que la plupart des chercheurs sur la langue l’avaient constaté, que les données publiées dans l’avis de 2011 étaient probablement biaisées ? » demande Patrick Sabourin.
« Parce qu’il en va de la crédibilité du MELS et du CSLF, il est impératif de faire la lumière sur cet imbroglio » concluent Mme Chabot et M. Sabourin.