Société
Les Québécoises travaillent gratuitement jusqu’à la fin de l’année
28 novembre 2023
Malgré des gains obtenus au cours des dernières années en matière d’égalité et d’équité salariale, l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes persiste. Cet écart est tel que, de façon symbolique, depuis le 25 novembre dernier, c’est comme si les Québécoises travaillaient gratuitement jusqu’à la fin de l’année.
Selon des données tirées de l’Enquête sur la population active du Canada, le salaire horaire des travailleuses, au Québec, s’élevait à 29,29 $ en 2022, alors que celui des hommes était plutôt de 32,54 $.
« L’an dernier, les Québécoises ont donc gagné 90 % du salaire des Québécois, ce qui nous amène à cette fatidique date du 25 novembre, qui marque symboliquement, pour cette année, le jour à partir duquel les femmes travaillent gratuitement », indique Geneviève Vande Wiele Nobert, chercheuse associée à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), dans un billet publié en ligne.
Des données qui cachent d’autres iniquités
Dans son billet, la chercheuse ajoute que ces données ne révèlent qu’« une partie de l’iniquité salariale qui a cours au Québec puisque, pour plusieurs femmes et personnes immigrantes et racisées, la date à partir de laquelle elles se retrouvent en “déficit salarial” est en fait depuis longtemps passée ».
Le statut migratoire est un facteur qui influence l’écart salarial entre les femmes immigrantes et les hommes nés au Québec, selon une étude menée en 2021 par l’Observatoire des inégalités raciales au Québec. Le salaire horaire moyen des femmes immigrantes était de 23,43 $ en 2020, comparativement à 29,67 $ pour celui des hommes natifs du Canada. Elles gagnaient donc 79 % du salaire horaire des travailleurs québécois. « Cela signifie qu’en 2020, les femmes immigrantes ont commencé à travailler gratuitement… le 16 octobre », indique Geneviève Vande Wiele Nobert dans son billet.
La Loi sur l’équité salariale a 27 ans
Le 21 novembre dernier, la Loi sur l’équité salariale fêtait ses 27 ans, et, malgré tout le chemin parcouru depuis son adoption, du travail reste encore à faire pour atteindre une réelle équité salariale. Selon Geneviève Vande Wiele Nobert, celle-ci ne sera réellement atteinte que « lorsque les groupes de femmes les plus vulnérables seront elles aussi compensées à leur juste valeur ».
Le dossier de l’équité salariale en est un d’importance pour la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui demande depuis plusieurs années que la loi soit bonifiée afin qu’elle puisse remplir pleinement son rôle. La Centrale et ses syndicats affiliés demandent que davantage de ressources financières et humaines y soient allouées afin d’assurer le traitement diligent de l’imposant inventaire des plaintes formulées au regard des évaluations du maintien de l’équité salariale.