Montréal, le 25 mars 2018. – Pour la première fois de leur histoire, les membres du Syndicat des professionnels et professionnelles du Laboratoire de santé publique du Québec (SPPLSPQ-CSQ) déclencheront une grève à compter de demain, pour une durée de trois jours, afin de dénouer des négociations qui durent depuis trois ans et qui sont maintenant dans l’impasse.
Le SPPLSPQ-CSQ regroupe 21 membres dont la majorité est constituée de professionnels détenant un doctorat et plusieurs années d’études postdoctorales dans le domaine de la biologie médicale. Le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ), le seul laboratoire de référence en microbiologie au Québec, est en soutien à l’ensemble des laboratoires de microbiologie des hôpitaux de la province. Il a comme mission d’offrir l’expertise pour le diagnostic, la surveillance et l’investigation de maladies infectieuses, ainsi que de coordonner de nombreux programmes d’assurance qualité.
Retard salarial de plus de 30 %
« Les négociations achoppent fondamentalement sur la question de la reconnaissance de notre expertise, se traduisant par un écart salarial de plus de 30 % avec nos collègues pratiquant un emploi similaire dans le réseau de la santé. C’est encore pire si l’on compare notre situation à celle de nos collègues des autres provinces, puisque l’écart salarial à combler est encore plus grand », dénonce Sadjia Bekal, présidente du SPPLSPQ-CSQ.
Énormes responsabilités liées à la santé publique
Cette dernière précise que cette profession est ultraspécialisée et nécessite une connaissance approfondie des méthodes diagnostiques en biologie médicale et en épidémiologie moléculaire.
« Nous devons assumer d’énormes responsabilités liées à la santé publique sans avoir droit au traitement salarial correspondant à celles-ci. Concrètement, nous développons et offrons des méthodes de diagnostics à la fine pointe de la technologie, nous répondons aux menaces infectieuses, et ceci, dans l’optique de protéger la santé de la population », précise la présidente du Syndicat.
À titre d’exemple, elle ajoute que « nos experts ont été interpelés pour mener plusieurs dossiers tels que la surveillance des virus respiratoires, les éclosions de légionellose, la gestion des tests pour le virus Ebola et Zika, l’antibiorésistance, ainsi que les menaces bioterroristes. Le Laboratoire de santé publique du Québec joue un rôle indispensable en matière de santé publique. L’expertise de ses professionnels est essentielle dans l’accomplissement de ce mandat », soutient Sadjia Bekal.
Une situation inquiétante pour le Laboratoire de santé publique du Québec
Elle précise d’ailleurs que l’écart salarial important que l’employeur tarde à combler a déjà des conséquences sérieuses pour le LSPQ.
« Depuis le mois de juin dernier, 20 % de nos membres ont choisi d’aller poursuivre leur carrière ailleurs, notamment dans le réseau de la santé, pour avoir droit à une rémunération à la hauteur de leur expertise. C’est extrêmement dommageable pour l’organisation et cela démontre l’urgence de corriger l’injustice salariale que nous subissons. Il devient urgent de maintenir la capacité du LSPQ à retenir son expertise et à remplir sa mission, notamment à l’égard des établissements de santé du Québec », souligne Sadjia Bekal.
Des demandes raisonnables
La présidente du Syndicat croit que l’employeur, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), doit saisir l’importance des enjeux liés à cette négociation et comprendre qu’il ne peut plus entretenir un tel écart salarial sans mettre en péril l’avenir du LSPQ.
« Si le Conseil du trésor a consenti à accorder une bien meilleure rémunération à nos collègues œuvrant dans le réseau des laboratoires de microbiologie du Québec, il est inimaginable qu’il n’ait pas les moyens de rendre justice à nos membres et de leur donner un salaire équivalent. C’est d’autant plus justifié que nos demandes sont très raisonnables, puisque nous ne revendiquons pas de combler l’important écart salarial qui existe avec nos collègues des autres provinces », élabore Sadjia Bekal.
Un employeur qui doit entendre raison
En terminant, la présidente du SPPLSPQ-CSQ espère que ces trois jours de grève inciteront l’INSPQ à montrer une plus grande ouverture dans une négociation qui a suffisamment duré.
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