Montréal, le 22 septembre 2021. — Exaspérés par les tentatives répétées de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) visant à rendre le baccalauréat obligatoire pour exercer la profession infirmière alors que rien ne le justifie, les membres de la coalition pour le maintien du DEC qualifiant en Soins infirmiers réclament aujourd’hui que la ministre de l’Enseignement supérieur et le ministre de la Santé et des Services sociaux mettent un terme à cette remise en question qui perdure depuis 20 ans. Ils réclament également que le ministère de l’Enseignement supérieur entreprenne dans les plus brefs délais la révision du programme Soins infirmiers offert dans 46 des 48 cégeps au Québec. Cette demande maintes fois formulée par le réseau collégial public n’a toujours pas connu de suites.
Alors que les besoins en matière de personnel infirmier n’ont jamais été aussi criants dans le réseau de la santé et des services sociaux, et que des pénuries de main-d’œuvre font planer la menace de bris de services partout au Québec, dans un contexte de crise sanitaire mondiale, les membres de la coalition estiment qu’il est irresponsable de la part de l’OIIQ de laisser entendre auprès de la population que les personnes diplômées du DEC en Soins infirmiers n’ont pas les compétences nécessaires pour exercer la profession, d’autant plus que les milieux de travail se disent satisfaits de la formation de ces infirmières et infirmiers.
Les états généraux du printemps dernier organisés par l’OIIQ n’avaient pour but que de déboucher sur des conclusions écrites dès le départ et qui militaient toutes en faveur du baccalauréat obligatoire. S’ils se sont prêtés à l’exercice, les acteurs du collégial n’ont jamais été dupes du véritable objectif de l’ordre professionnel, qui, il faut le rappeler, n’est pas l’autorité responsable de déterminer l’ordre d’enseignement apte à offrir la formation en lien avec l’exercice de la profession de ses membres. En cette matière, seul le gouvernement peut agir. Par conséquent, étant donné l’urgence de la situation, les membres de la coalition s’attendent à voir ce dernier réaffirmer rapidement le caractère qualifiant du DEC en Soins infirmiers et donner tout aussi rapidement le coup de départ aux travaux d’actualisation de ce programme d’études.
Rappelons que les membres de la coalition pour le maintien du DEC qualifiant en Soins infirmiers sont les suivants :
- Association des enseignantes et enseignants en soins infirmiers des collèges du Québec (AEESICQ);
- Fédération des cégeps;
- Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ);
- Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ);
- Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN);
- Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ);
- Regroupement provincial des comités des usagers du réseau de la santé et des services sociaux (RPCU).
Citations :
« Les cégeps forment des infirmières compétentes depuis plus de cinquante ans. Nos enseignantes et enseignants actualisent continuellement selon les dernières données probantes la formation en soins infirmiers pour bien servir une population aux besoins changeants; elles ont d’ailleurs apporté les améliorations requises tout en étant en attente d’une révision du programme. Elles innovent pour enseigner les dix-sept activités nécessaires à la pratique infirmière. C’est trop facile de rejeter la faute du manque de main-d’œuvre sur la formation quand on sait pertinemment que nos diplômées réussissent particulièrement bien l’examen professionnel, et que ce sont l’organisation et les conditions de travail qui sont décriées par les infirmières en exercice, et ce, depuis des décennies. Depuis quand l’allongement d’une formation réglera-t-il la situation actuelle et notamment la pénurie de main-d’œuvre? » — Mme Marlène McNicoll, présidente de l’Association des enseignantes et enseignants en soins infirmiers des collèges du Québec (AEESICQ)
« Rendre le baccalauréat obligatoire, comme le réclame avec obstination l’OIIQ, sans jamais faire valoir d’étude sérieuse pour appuyer sa revendication, relève de l’inconscience, en particulier dans le contexte actuel. Alors que le Québec soupèse actuellement toutes les solutions pour pourvoir les postes dans le milieu de la santé, l’OIIQ estime que le temps est propice pour faire passer la durée de la formation de 3 à 5 ans! Dans un sondage que nous avons mené dans les cégeps au printemps dernier, auprès de la population étudiante inscrite en Soins infirmiers, 44 % des 3500 personnes ayant répondu n’auraient pas choisi la profession si le rehaussement réclamé par l’OIIQ avait été en vigueur, et 80 % d’entre elles étaient de toute manière défavorables à l’obligation de détenir un diplôme universitaire. Ce serait un bien mauvais choix que de décourager celles et ceux qui veulent actuellement exercer la profession alors que les conditions de travail sont aussi exigeantes. Nous espérons vraiment voir le gouvernement mettre un terme définitif à ce débat aussi inutile que tendancieux. » — M. Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps
« Le caractère qualifiant du DEC en Soins infirmiers, qui donne accès au permis de pratique de l’Ordre, doit être renforcé plutôt que constamment remis en question. Les taux de réussite à l’examen sont déjà très élevés, et une majorité d’infirmières proviennent directement du collégial. Cet état de fait n’empêche cependant pas d’actualiser le programme. C’est d’ailleurs ce que les partenaires de la coalition demandent depuis des années. La ministre McCann nous annonçait, au printemps dernier, qu’une révision de programme était en route. Or, il n’y a toujours rien sur la table à ce sujet. Il y a urgence d’agir en la matière, et la ministre doit impliquer l’ensemble des partenaires. » — Mme Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ)
« C’est certain qu’aux yeux de l’OIIQ, ça semble être la bonne solution de rendre le bac obligatoire, puisqu’il fait de l’aveuglement volontaire sur la possibilité de réviser le programme technique de Soins infirmiers. Pour mettre les choses en perspective, cette formation est plus vieille que la majorité des étudiantes qui la poursuivent. » — M. Samuel Vaillancourt, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)
« Le cégep est un trait distinctif de la nation québécoise, et la formation qu’il offre en Soins infirmiers en est un élément phare toujours pertinent. L’OIIQ peut-il en prendre acte une fois pour toutes? Décourager les candidates et les candidats à la profession en allongeant la formation serait une grave erreur qui ne rendrait pas service à la population. Au-delà de la pénurie de main-d’œuvre actuelle, le ministre Christian Dubé devrait fermer définitivement la porte au baccalauréat obligatoire pour la profession infirmière. » — M. Yves de Repentigny, vice-président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) et responsable politique du regroupement cégep
« L’environnement clinique et organisationnel change constamment et pose tous les jours de nouveaux défis. Le personnel infirmier doit répondre aux besoins actuels et, simultanément, s’adapter aux changements. Plutôt qu’une approche de formation unique trop rigide, il faut miser sur l’actualisation et la complémentarité des divers parcours de formation. Dès maintenant, il faut rendre accessibles, dans les milieux de travail, les diverses formations en cours d’emploi. » — Mme Claire Montour, présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ)