Québec, le 21 mars 2023. – L’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec – AREQ (CSQ) réagit au dépôt du budget 2023-2024 du gouvernement en se questionnant sur ses réelles priorités.
« La baisse d’impôt annoncée par le gouvernement survient alors que les services publics sont plus nécessiteux que jamais. Qu’on parle d’éducation, de santé, de petite enfance ou autre, les besoins sont partout. Ainsi, choisir de remettre quelques centaines de dollars à chaque contribuable plutôt que d’investir ces sommes dans les services à la population est incompréhensible », explique Lise Lapointe, présidente de l’AREQ-CSQ.
En effet, la baisse des impôts est une mesure qui coûtera aux Québécoises et Québécois près de 9 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Étant bien conscients de l’état déplorable des services publics actuels, il est légitime de se questionner sur le choix fait par le gouvernement.
« Ne devrait-on pas, en tant que société, opter pour des solutions sociales, et non individualistes? Nous évoluons dans un contexte de vieillissement de la population, de pénurie de main‑d’œuvre, de violence sociale, de conciliation travail-famille difficile et de détresse psychologique jusqu’ici inégalée. Opter pour des solutions permettant l’amélioration de notre qualité de vie nous semblerait beaucoup plus à propos », renchérit la présidente.
Soutien à domicile
Au cours des cinq prochaines années, c’est 963,5 millions de dollars qui seront investis afin d’intensifier l’offre de services de soutien à domicile. « Cela peut sembler beaucoup, or c’est insuffisant. Rappelons-nous que la vérificatrice générale elle-même soulignait récemment qu’un investissement de 2 milliards par an représente le strict minimum si on veut pouvoir maintenir les services. Aujourd’hui, la CAQ n’a annoncé que 193 millions annuellement. On est loin du compte », se désole Lise Lapointe.
En effet, avec la manière dont les sommes sont réparties, les bénéficiaires de soins à domicile auront droit à 1 h 30 de soins par semaine en 2023, et à 2 h en 2028. « En quoi ces quelques minutes par semaine vont-elles aider un patient qui souhaite recevoir des soins à domicile? Ce n’est rien pour favoriser ces services, alors que le soutien à domicile fait partie de la solution pour désengorger le système de santé », dénonce madame Lapointe.
Rappelons d’ailleurs que 40 000 personnes sont déjà en attente de soins à domicile.
Hébergement des personnes aînées
Les besoins dans le secteur d’hébergement pour les personnes aînées sont exponentiels. La population vieillissante en plus de la situation dans le réseau de la santé et des services sociaux expliquent ce phénomène; c’est bien connu.
Sur cinq ans, le gouvernement investit 405 millions de dollars pour la pérennité des services dans les RPA, et 200 millions de dollars pour continuer le déploiement des maisons des aînés et des maisons alternatives.
« Doit-on rappeler qu’en 2040, les personnes âgées de 65 ans et plus représenteront plus du quart de la population? Il faut investir dès maintenant dans des solutions efficaces et durables. C’est pourquoi nous assurerons un suivi très serré quant à la distribution de ces sommes pour qu’elles bénéficient aux aînés et non pas aux propriétaires de RPA, par exemple », rappelle madame Lapointe.
Les soins palliatifs et la création d’une fonction de protecteur des aînés, les grands oubliés
Augmenter les budgets pour répondre à la croissance des besoins en soins palliatifs, peu importe l’endroit où la personne veut choisir de les recevoir, aurait dû être l’une des priorités du gouvernement actuellement. Surtout dans le cadre du dépôt de son projet de loi 11, portant sur l’aide médicale à mourir.
Il aurait été impératif de créer un plan de main-d’œuvre pour la valorisation, la formation et la rétention du personnel dédié aux soins et aux services aux personnes aînées, en perte d’autonomie, en situation de vulnérabilité ou en fin de vie. Mais ce chapitre a été complètement occulté du budget présenté aujourd’hui.
Tout comme la création d’une fonction de protecteur des aînés d’ailleurs. « Quelle belle occasion manquée par le gouvernement. Indépendant du réseau de la santé et du gouvernement, et à l’instar du Protecteur du citoyen ou du Protecteur de l’élève, le Protecteur des aînés pourrait non seulement recevoir des plaintes, mais également mener des enquêtes et même des poursuites pour assurer la sécurité et faire cesser la maltraitance envers les aînés. Car il s’agit là d’une catégorie de personnes vulnérables, qui doit être protégée et entendue », rappelle la présidente.
Santé mentale
Le gouvernement compte investir seulement 211 millions de dollars sur cinq ans dans les services en santé mentale, en itinérance et en dépendance. « C’est peu! Investir en santé mentale était l’une de nos demandes prébudgétaires. Nous croyions que les annonces du gouvernement seraient plus généreuses dans la mesure où les élus répètent sur toutes les tribunes l’importance d’investir dans ce secteur. Quoi qu’il en soit, nous veillerons à ce que les personnes aînées du Québec reçoivent leur juste part de ces sommes », affirme Lise Lapointe.
Régime de rentes du Québec
On doit se réjouir en ce qui concerne l’âge maximal pour demander sa rente de retraite (RRQ) qui est rehaussé de deux ans, et passe ainsi à 72 ans, en plus de rendre les cotisations à ce régime facultatives pour les personnes de 65 ans et plus qui demeurent ou retournent au travail. « Deux mesures qui reconnaissent et respectent la dignité et l’autonomie décisionnelle des personnes aînées, ce qu’on ne cesse de réclamer au gouvernement », applaudit madame Lapointe.