Québec, le 3 septembre 2015. – L’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ-CSQ) a participé aujourd’hui au deuxième Forum itinérant en matière d’agression sexuelle, à Rivière-du-Loup. L’Association y a dénoncé le tabou entourant les agressions chez les femmes aînées et formulé cinq recommandations pour attirer l’attention sur cette réalité et ses impacts malheureusement ignorés.
« Dans la croyance populaire, les femmes aînées ne sont pas concernées par les agressions sexuelles. Pourtant, rien n’est moins vrai. Plusieurs femmes aînées ont été et sont victimes d’agression sexuelle, à domicile ou en institution. Les conséquences de ces agressions sont tout aussi traumatisantes pour les aînées que pour les femmes et les filles des autres groupes d’âge », a souligné Ginette Plamondon, conseillère au dossier de l’action sociopolitique et de la condition des femmes à l’AREQ-CSQ.
Un problème ignoré
L’AREQ-CSQ déplore qu’il n’existe que très peu, voire aucune recherche portant spécifiquement sur la problématique des agressions sexuelles chez les femmes aînées. Tant au sein de la population que dans les orientations gouvernementales, tout donne à penser que les femmes aînées seraient miraculeusement protégées. Or, les ressources spécialisées en agression sexuelle, notamment les centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), confirment offrir des services à un nombre important de femmes aînées.
Aussi, bien que les agressions touchent à la fois les hommes et les femmes, les aînées sont particulièrement concernées en raison, notamment, de leur espérance de vie plus longue. S’ajoutent à cela des facteurs de vulnérabilité, par exemple le fait qu’elles sont plus nombreuses à vivre seules, avec des ressources financières plus limitées.
Des conséquences importantes
L’AREQ-CSQ rappelle que les personnes qui subissent une agression sexuelle doivent vivre avec d’importantes séquelles : problèmes de santé physique et psychologique, honte, culpabilité, isolement et divers problèmes associés à un stress post-traumatique. Aussi, les impacts d’une agression sexuelle sont susceptibles de se manifester à différents moments de la vie.
« La gravité des conséquences des agressions sexuelles que subissent les femmes aînées, ainsi que la force des mythes et des préjugés qui ont cours, indiquent la nécessité d’agir pour prévenir ce type d’agression et pour soutenir celles qui en ont été victimes », poursuit la représentante de l’AREQ-CSQ.
Cinq recommandations
Dans un mémoire transmis à la Commission sur les relations avec les citoyens dans le cadre de consultations sur le Plan d’action gouvernemental 2008-2013 en matière d’agression sexuelle (disponible au www.areq.qc.net), l’AREQ-CSQ a formulé cinq recommandations, soit de :
- documenter, par des recherches quantitatives et qualitatives, la situation des femmes aînées agressées sexuellement ;
- combattre le tabou sur les agressions sexuelles chez les femmes aînées à l’aide d’une vaste campagne de sensibilisation auprès de la population ;
- informer les femmes aînées sur les agressions sexuelles en développant des outils et des activités d’information à leur intention ;
- former le personnel intervenant auprès des personnes aînées, que ce soit à domicile ou en hébergement ;
- contraindre les établissements d’hébergement, privés et publics, à adopter un protocole d’intervention à l’égard des agressions faites par un membre du personnel ou par des résidents.
« Le prochain plan d’action gouvernemental en matière d’agression sexuelle devra prendre en considération la réalité des femmes aînées. Il s’agit d’une question de justice et d’humanité à l’égard de femmes qui ont largement contribué à construire le Québec moderne », a conclu Ginette Plamondon.
Profil de l’AREQ-CSQ
Fondée en 1961, l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ-CSQ) compte 57 000 membres, dont les deux tiers sont des femmes. L’AREQ est affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).